Bénin : Découverte d’un gisement de 87 millions de barils de pétrole ; Grossesse nerveuse ou fausse couche ?
Bénin: l’annonce de la découverte d’un gisement de 87 millions de barils de pétrole sur bloc sédimentaire sud du bassin côtier a été donnée le mercredi 23 octobre 2013 au chef de l’Etat Béninois Boni Yayi par la Société SAPETRO au cours d’une audience diffusée sur la télévision nationale. Mais, au-delà de l’intérêt économique réel que suscite cette annonce, plusieurs considérations poussent à la relativiser. .
L’annonce faite à Cotonou le mercredi 23 octobre 2013 au président de la république de la découverte de pétrole sur le bloc 1 du bassin sédimentaire côtier par la Vice-présidente de la Compagnie pétrolière South Africa Petroleum (SAPETRO), la Senator Daisy Danjuma. Continue de susciter de grosses incertitudes comme je l’avais déjà signalé dans un précédent article.
Outre que le timing de l’annonce qui survient en pleine fièvre de révision de la constitution à deux ans de la fin du deuxième et dernier mandat du président Yayi Boni, rappelle trop le cas Mamadou Tandja du Niger, le voisin du nord du Bénin, mais des informations de dernières heures viennent encore renforcer les nombreux doutes qui pèsent sur cette annonce.
En effet, dans son article pétrole béninois : mes soupçons de citoyen, paru dans la nouvelle Tribune du 29 octobre 2013, Marcel Zoumenou nous apprend que:
SAPETRO n’est nullement une firme sud-africaine. mais une firme nigériane, (South Atlantic Petroleum, SAPETRO), fondée par un Général de l’Armée, Theophilus Yakubu Danjuma, ex Chef d’Etat-Major de l’Armée Nigériane et ministre de la Défense sous Olusegun Obasanjo, avec lequel il a des relations privilégiées. Ce dernier aurait effectué quelques jours auparavant une réunion, tard dans la nuit, au Bénin, réunion à laquelle aurait assisté le Chef de l’Etat, accompagné d’une petite délégation composée des ministres François Abiola et Jean Michel Abimbola, tous deux Nago, l’ethnie du Président Obasanjo. Les échanges, apparemment très secrets, entre Yayi et son hôte nocturne, n’ont jamais été rendus publics. Quelques jours après, le pétrole béninois est annoncé.
Par ailleurs au Bénin, la Vice-présidente exécutive de SAPETRO, la sénatrice Daisy Ehanire Danjuma n’est autre que l’épouse, du fondateur de la firme Theophilus Yakubu Danjuma. De plus, une autre inquiétude vient des chiffres, sur le site de Sapetro, les chiffres annoncés ne concordent pas avec ceux du gouvernement béninois.
Enfin, d’autres analyses font également observer que le 23 octobre, date de l’annonce du pétrole béninois était aussi la date où la demande d’extradition de l’homme d’affaires, Patrice Talon, qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt international, à la demande du gouvernement béninois et laissé libre sous contrôle judiciaire, doit être examinée à Paris, une extradition contre laquelle le parquet général est défavorable.
L’annonce du pétrole béninois viserait-elle à faire écran à cette nouvelle appréhendée par le gouvernement béninois ? Difficile à penser.
Sinon, est-il possible de mettre toutes ces méprises sur le compte d’une erreur de la cellule de communication du gouvernement ? Difficile à croire.
Mais alors, est-il possible que le gouvernement ait pris le risque de berner le peuple avec un miroir aux alouettes, juste pour faire diversion? Difficile à dire.
En définitive, y-a-t-il du pétrole ou non sur le bloc 1 du site de Sèmè podji? Partagés entre espoir et prudence, les citoyens béninois attendent de savoir. Et dans l’affirmative, quels sont les vrais chiffres et quelle est la clé de partage de cette mânes ? Autant de questions sans réponses.
Toujours est-il que l’un dans l’autre, tous ces considérations semblent trop tendancieuses pour relever de la pure coïncidence et pousse à se demander si cette annonce ne relève pas d’un cas de grossesse nerveuse ou de fausse couche, tant le faisceau de doute est large.
Reste que dans un contexte de modernité politique avec un système démocratique plus ou moins opérationnel comme aiment à enorgueillir les béninois, Il y une institution, l’Assemblée Nationale, qui veille au contrôle de l’action gouvernemental et face à une question aussi sensible qui engage le destin, de toute la nation béninoise, son honneur sa dignité et sa crédibilité, les parlementaires devraient être unanimes pour interpeller le gouvernement et une enquête parlementaire aurait dû être diligentée pour clarifier cette nébuleuse question pour fixer le peuple et pour mériter les crédits à eux allouer.
Toutefois il n’est jamais trop tard pour bien faire…
Honorables Députés le peuple a les yeux tournés vers vous.
Agbadje Adébayo Babatoundé Charles
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