RDC-KIVU : A quand la paix des braves ?

7 novembre 2013

RDC-KIVU : A quand la paix des braves ?

L’annonce le 03 novembre dernier de « la cessation immédiate des hostilités » avec l’armée congolaise apparaît comme une avancée remarquable dans la région des Grands Lacs. Mais l’arrêt des hostilités entre les belligérants signifie-t-il,  pour autant, l’avènement de la paix au Kivu et en RDC ?

 

Accules-les-rebelles-du-M23-lancent-un-appel-a-l-arret-des-combats-dans-l-est-de-la-RD-Congo_article_main                                                                                                                       Joseph Kay / AP  Scène de liesse des population de Bunagana à l’entrée, mercredi 30 octobre, des soldats de l’armée régulière du RD Congo dans la ville.

Né sur les cendres du Congrès National pour la Défense  du Peuple (CNDP), le M23 est une organisation armée qui revendique le non respect par le gouvernement de Kinshasa des Accords du 23 mars 2009, qui consacre la fin des hostilités à l’est du pays entre l’armée congolaise (FARDC) et des militaires mutins du Congrès National pour la Défense  du Peuple (CNDP). Depuis sa création en mai 2012, il livre une guerre féroce contre les FARDC et leur offensives régulières provoquent la panique, la mort, les mutilations diverses et l’exode massif de réfugiés à l’Est de la RDC.

L’Accord du 23 mars en question, se décline en 16 articles dont les principaux points sont les suivants :  la transformation du CNDP en parti politique, la promulgation d’une loi d’amnistie couvrant la période allant de juin 2003 (début de l’insurrection du CNDP) jusqu’à la date de la promulgation elle-même en vue de faciliter la réconciliation nationale, la mise en place d’un mécanisme national de réconciliation  et des Comités locaux de conciliation, la création d’une police de proximité, l’érection du Nord-Kivu et du Sud-Kivu en «zones sinistrées», la réforme de l’armée et des services de sécurité, le retour des déplacés internes et des réfugiés chez eux et l’intégration des cadres de tous les groupes armés dans la vie politique nationale etc

Il faut dire qu’un grand nombre de ses points ont été satisfaites, mais sur la base d’un tel cahier de charge, on comprend, aisément, que la marge est large pour trouver une plateforme de revendication non satisfaite et justifier une nébuleuse dont les objectifs réels tourne autour des importantes richesses minières et des terres fertiles de cette partie orientale de la République démocratique du Congo (RDC)..

D’ailleurs, l’ONU et Kinshasa accusent régulièrement l’Ouganda et le Rwanda de soutenir le M23, ce que réfutent Kampala et Kigali.  Toujours est-il que les offensives du M23 au Nord Kivu lui ont permis d’occuper plusieurs localités sur lesquelles ils régnaient en maître aux grand dam des autorités de Kinshasa et de la communauté internationale.

Toutefois, entre la revendication musclée de quelques droits et les exactions brutales et cupides sur les paisibles populations dont ils devraient être logiquement une émanation, le M23 a finit  par se mettre à dos tout le monde. D’une part le gouvernement de Kinshasa et son bras armé que sont les FARDC, souvent malmenés et humiliés par le M23 ne cherchent que le moyens de les démantelés. De l’autre, les populations désabusées, n’en peuvent plus de supporter leurs bestialités et les vouent aux gémonies. Enfin, la Communauté internationale, fatiguée de ménager la chèvre et le chou tape désormais du poing sur la table pour que cesse le tourment des populations du Kivu.

Mais, depuis la mi octobre,  l’offensive lancée par les FARDC appuyées par La brigade d’intervention de La Mission de l’ONU pour la stabilisation de la République démocratique du Congo (Monusco) dans la province du Nord-Kivu, contre  le M23 a, plus ou moins, fait basculer le cours de guerre à l’est de la RDC. Acculés, le M23 a, depuis lors, perdu, les unes après les autres, les villes qu’ils tenaient au Nord-kivu.  Kibumba, Kiwanja, Rutshuru, Rumangabo sont reprises par les troupes gouvernementales.  L’entrée, vivement saluée par les habitants de la ville, mercredi 30 octobre, des soldats de l’armée régulière du RD Congo dans la ville de Bunagana, le dernier fief du M23, semble avoir sonné la fin du M23. Le communiqué publié le 03 novembre 2013 et signé du nom du président du Mouvement du 23 Mars (M23), Bertrand Bisimwa, ordonnant  « à toutes les forces » de son mouvement rebelle « la cessation immédiate des hostilités » avec l’armée congolaise vient confirmer ce qu’annonçaient les observateurs de la vie politique en RDC depuis quelques jours.

Tous les yeux sont, à présent, tournés du côté de Kampala en OUGANDA ou les représentants du M23 et du gouvernement de RDC négocient depuis décembre un accord de paix.

Les Etats-Unis les premiers, s’étaient réjouis de voir Kinshasa et le M23 conclure les pourparlers de Kampala par un accord de paix. Les envoyés spéciaux des Nations unies en RDC préconisent, eux aussi, un accord de principe. Des dirigeants de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) et de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) réunis à Pretoria,  le lundi 4 novembre, pour un sommet consacré à la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC ont également appelé les belligérants à signer un accord de paix.

Si d’un côté,, le gouvernement congolais a affirmé ne pas se sentir « grisé » par ses succès militaires et que la politique et la diplomatie lui semblaient être « seules à même de garantir une paix durable« , mais les propos du ministre de l’Information, Communications et Médias, Lambert Mende, lors d’une Conférence de Presse à Kinshasa, le 03/01/2012. et relayé par Radio Okapi laisse plus d’un perplexe. Aucun accord ne sera signé entre le gouvernement congolais et la rébellion du M23 à Kampala, a-t-il martelé, mais plutôt une déclaration devant conclure les pourparlers. Si cette option a vue courte se confirmait, le risque est grand de voir la guerre resurgir à l’est du Congo dans les années à venir.

Dans son préambule, l’Acte constitutif de l’UNESCO proclame que « les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix ».

L’actualité  sur  le continent le montre également fort bien, la paix n’est pas synonyme d’absence d’hostilité et surtout que la victoire d’un jour ne signifie pas victoire pour toujours, encore que, la MONUSCO ne sera pas toujours là.

La paix ne se gagne pas par une victoire sur le terrain, mais c’est un état d’esprit qui commande une disposition psychique durable du groupe. Il ne peut s’instaurer qu’après négociation et accord entre les élites des parties en conflit et  une sensibilisation de la base.

Pour qu’une paix durable, sincère et acceptée par tous les protagonistes de la crise de l’Est du Congo puisse être établie, il importe que la victoire militaire sur le terrain soit renforcée par un accord global qui élève dans l’esprit de tous les défenses de la paix, pour favoriser la cohabitation pacifique et surtout la coopération.

Vivement que les autorités de  la RDC se fassent siennes les avis et exhortations des uns et des autres pour arriver à un bon accord avec le M23 pour une paix durable.

  Adébayo Babatoundé charles AGBADJE

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