Bénin : Lionel Zinsou, le bien aimé mal venu

24 mars 2016

Bénin : Lionel Zinsou, le bien aimé mal venu

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Dans la vie comme en politique, pour réussir, Il ne suffit pas d’être bon,

Encore faut-il  être à la bonne place et au bon moment.

C’est la grande leçon de la présidentielle 2016 au Bénin avec Lionel Zinsou.

Ancien élève de la prestigieuse Ecole Normale Supérieure française,

Économiste de renom et banquier d’affaire émérite,

Brillantissime intellectuel et chantre de l’Afro-optimistes,

Un, parmi les 100 personnalités  qui ont marqué l’Afrique en 2015,

L’homme ferait, à coup sûr, un bon président pour son pays le Bénin.

Pourtant, sa candidature à la présidentielle de 2016,

S’est soldée par une bérézina.

35% des suffrages contre 65% pour son challenger Patrice Talon.

La méprise, à mon sens, vient plus de lui-même que de son peuple.

Et pour cause !

Le projet de sa candidature porte, en lui, les germes de sa défaite.

Un projet mort né qui avait tout pour échouer.

 Aussi bien le parrainage, le timing, le casting et le marketing,

Tout concourrait pour discréditer le candidat.

Tout était bon pour vouer le projet et l’homme aux gémonies.

D’abord  le parrain du projet,

Le président sortant, Boni Yayi, pour ne pas le nommer,

Un choix plutôt controversé et inopportun.

Boni Yayi, c’est l’homme des scandales à répétition et des discours clivant.

C’est le président  qui  à cherché en vain à modifier la constitution,

Juste pour briguer un troisième mandat.

C’est l’homme que le peuple a déjà désavoué aux législatives 2015.

C’est une page de l’histoire que la majorité des béninois voulait voir tourner.

Il n’y avait donc pas plus mauvaise lettre de recommandation qui soit,

Que  celle d’être présenté comme le candidat choisi et imposé de Boni Yayi.

C’était la première erreur à éviter, ce fut la première méprise du candidat.

Et le timing du projet ?

 Le moins qu’on puisse dire est qu’il est improbable.

Revenu au pays à la faveur d’une nomination au poste de premier ministre,

C’est un come back honorable et honorant.

Briguer la magistrature suprême six mois après,

Cela laisse plutôt perplexe.

Et que dire de l’investiture du candidat par la mouvance présidentielle ?

 Une investiture plutôt  sujette à caution.

Elle fut acquise après les primaires auxquelles il n’a pas participé,

Mais telle était la volonté de Boni Yayi, parrain du candidat.

En somme, une candidature, à l’interne, controversée et frustrante.

Ainsi, pour un enjeu aussi grand que l’avenir de toute une nation,

 Juste six mois de coaching et : Veni, Vedi, Vici.

Non, c’était trop beau pour être vrai.

C’est se tromper de lieu et d’époque.

C’est une légèreté dont il fallait se garder

Ce fut la deuxième méprise du candidat.

Quid du casting ?

Un regroupement des trois plus grands partis politiques du pays.

Avec une constellation de personnalités plus ou moins avenantes.

Kountché, Houngbédji, Soglo Junior, Kassa, Houndété…

Sur le papier, c’est une alliance, à coup sûr gagnante.

Surfant, chacun pour son compte, sur la valeur intrinsèque du candidat,

Par des calculs hypothétiques et fallacieux, ils ont miroité au candidat,

Une victoire directe au premier tour du scrutin.

Mais la politique n’est pas qu’une simple arithmétique.

En réalité, c’était une alliance dissonante et discordante.

Des personnalités qui s’étaient par le passé toujours combattus.

La dernière en date fut la lutte pour le contrôle du perchoir de l’Assemblée.

 Komi Kountché de la mouvance présidentielle

Et Adrien Houngbédji pour les partis d’opposition,

S’étaient affrontés dans un duel mémorable.

Le peuple qui voulait la rupture a applaudit la victoire de Houngbédji.

Et dix mois après, les voilà réunis autour d’une même candidature.

Tout ça, pour ça ?

Non ! Cette alliance soudaine dérange et contrarie.

Elle suscite plus la défiance que l’adhésion.

De toute évidence, Lionel Zinsou maîtrisait mal le terrain.

On lui a prédit une victoire K-O, il y a cru…

 C’était la troisième méprise du candidat

Enfin que dire du marketing?

Il était, pour dire vrai, lamentable.

Le discours était à la continuité,

Alors que la demande sociale était à la rupture.

Pendant dix ans Boni Yayi a exercé un leadership chaotique.

Adepte de la stratégie du diviser pour régner,

Il a  opposé régions, religions et enfants de la même patrie,

Discrédité les  institutions et ruiné les partis politiques.

Il a mis la nation sens dessus  dessous.

La nation recherchait donc  son sauveur.

Dans un tel contexte, le discours de la continuité heurte les cœurs.

Il va à contre sens de la volonté populaire.

En somme, c’est un discours vieux jeu. La preuve,

 Le candidat faisait de grands efforts pour se montrer homme nouveau.

Mais il est perçu par la majorité comme un avatar de Boni Yayi.

Même si dans un dernier sursaut, il a dû confesser dans à la presse

Que son style est différent de celui impulsif de Boni Yayi,

Le mal était déjà fait. La suite on la connait…

La démocratie est cruelle, mais aussi géniale.

Le jeu démocratique a fait de Lionel Zinsou,

Non pas le chef de l’Etat, comme voulu ardemment,

 Mais plutôt le chef de l’opposition, non souhaité certainement.

Désormais débarrassé de tous et de tout,

C’est une mise à l’épreuve et un timing crédible pour se valoriser.

La magistrature suprême mérite bien ce sacrifice.

 Sinon cela n’était donc pas écrit.

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Commentaires

Salamy Issa
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Très bonne analyse. Il faut continuer comme ça mon frère. Du courage.