Bénin : Découverte d’un gisement de 87 millions de barils de pétrole ; Yayi Boni sur les pas de Tandja ?
info KOACI
Ouf ! Ca y est ! Nous y sommes enfin ! Le sol béninois regorge bel et bien du pétrole exploitable et commercialisable. La confirmation en a été donnée au Président de la République le mercredi 23 octobre 2013 par la Vice-présidente de la Compagnie pétrolière South Africa Petroleum (Sapetro), la Senator Daisy Danjuma.
Démarrés en 2009, les travaux d’exploration avaient permis de prouver l’existence effective du pétrole dans les eaux béninoises, avec la présentation en février 2009 d’un échantillon au Chef de l’Etat. L’annonce de ce jour vient boucler la phase d’exploration sur le bloc 1 du bassin sédimentaire côtier de sèmè podji dont les réserves sont estimées à 87 millions de barils et feront l’objet d’une exploitation sur quatorze ans, à raison de 7.500 barils/jour à compter de la date d’exploitation.
Des recherches se poursuivent pour confirmer un autre puits pétrolier d’une capacité de 100 millions de barils. Ce qui accroîtrait la production du Bénin dans les années à venir.
Incontestablement cette nouvelle promet des retombées positives pour l’ensemble de l’économie béninoise et améliorera le quotidien de tous les béninois. Adieu « Payo », misère et Zem !
Seulement voila, toute cette information serait totalement réjouissante, si son timing qui survient à deux ans de la fin du deuxième et dernier mandat du président Yayi Boni ne rappelle trop le cas Mamadou Tandja du Niger, le voisin du nord du Bénin.
En effet, au Niger, le second et dernier mandat du président Mamadou TANDJA arrivait à son terme en 2009 au moment même ou la firme française Areva redémarrait l’exploitation de l’uranium du site d’Imouraren découvert quelques années plutôt et qui faisait du pays le deuxième producteur mondial d’uranium. Avec la réévaluation du prix d’uranium sur le marché mondial et une meilleure négociation des dividendes entre Areva et l’Etat nigérien, les caisses du pays vont se remplir à partir de 2010. Comme on ne change pas une équipe qui gagne, pour le président Tandja, ce n’était pas le moment de lâcher le pouvoir. Promettant la main sur le cœur de ne pas violer la constitution, le président Tandja décida pourtant l’organisation d’un référendum pour une nouvelle constitution qui proroge son mandat de trois ans à la « demande du peuple » pour achever ses grands ouvres. Malgré la vive campagne des partis politiques, des syndicats, de la société civile et des associations diverses pour dénoncer le complot et barrer la route à l’imposture, le référendum a été organisé et le OUI l’a emporté à 92,5%. La suite on la connait.
Quand on pense que l’annonce de la découverte du pétrole béninois arrive en pleine fièvre de révision de la constitution béninoise, la similitude avec le cas Tandja devient quelque peu inquiétant.
Quand enfin on considère que l’une des innovations majeures du projet de révision en cours est la démocratie participative avec l’initiative populaire des lois, l’éventualité qu’après cette révision, des milliers de pétitions « venant du peuple » appelant l’Assemblée à voter une loi pour permettre au président Yayi Boni d’achever ses grands travaux n’est pas à exclure.
Ces différentes considérations exigent de relativiser l’effet d’annonce considérable de cette information.
Vivement que le sol béninois regorge de pétrole, mais vigilance pour que cette annonce ne cache des desseins inavoués.
Adébayo Babatoundé Charles AGBADJE