11 mai 2015

Burundi : alerte au syndrome d’imposture démocratique africaine

Pierre-Nkurunziza

Enfin, ce que tout le monde redoutait sur le continent arriva

L’imposture démocratique est consommée

Le président Nkurunziza a officialisé devant la Commission nationale électorale

Sa candidature à la présidentielle de juin 1015

Une élection à laquelle, au regard du texte constitutionnel

Il ne peut plus être candidat, ayant déjà épuisé ses deux mandats constitutionnels

Contre ce projet de candidature, le pays tout entier s’est insurgé

Contre ce projet, la Communauté internationale s’est prononcée

Contre ce projet, l’Union africaine a pour une fois dans son histoire, pris parti

Contre ce projet, les poids lourds du parti présidentiel sont entrés en dissidence                                                                                                        

A cause de ce projet, le pays est mis à feu et à sang

A cause de ce projet, déjà plus de 14 vies humaines se sont sacrifiées

Mais seulement voilà, le président Nkurunziza est resté de marbre

Il estime que son premier mandat n’en était pas un

Ses courtisans et partisans qui ont intérêt à la chose sont du même avis

Un avis nullement partagé par les opposants, le peuple militant et la communauté internationale

Et la Cour constitutionnelle consultée a pris fait et cause pour le prince

Du coup, le mal qui couvait, depuis quelque temps, a explosé

Le pays est frappé par une épidémie aiguë un mal très classique sur le continent

Un mal dont les manifestations divergent selon les pays, mais dont les causes sont partout les mêmes

Le premier magistrat revendique un troisième mandat que lui interdit la loi

Le peuple militant et les opposants du prince crient au respect des lois

La Cour Constitutionnelle par une lecture fallacieuse fait mentir la loi

Dès lors, les moyens, le temps et le génie de tout le peuple sont orientés vers ce projet

Les uns pour le faire prospérer et les autres pour le dénoncer

Et le tout finit dans l’insurrection des uns et leur répression par les autres

Une guerre larvée avec son cortège de morts, de blessés, de déplacés et des dommages divers

Tel est le mal qui sévit présentement au Burundi

Le syndrome d’imposture démocratique africaine ou  sida

Une imposture démocratique qui hélas, couve encore dans plusieurs autres pays du continent

Quel régime peut engendrer un pouvoir gagné dans ces conditions ?

Pourtant, toutes les nations africaines aspirent fortement à la liberté et à la démocratie

Or, pendant que sur les autres continents les peuples respectent leurs lois et évoluent

En Afrique on triche avec les lois, on s’autodétruit et on végète dans le sous-développement

A la fin on se dédouane en faisant porter la responsabilité de nos malheurs par les autres

Pauvre Afrique constamment trahie par ses élites

 L’imposture des uns rime avec la forfaiture des autres

Aux professions de foi des cadets répondent les parjures successifs des aînés

Qui pour libérer le continent noir de ses propres démons ?

Qui pour conduire les nations africaines vers leur salut ?

Qui pour faire en sorte que ce qui est écrit devient la pensée de tous ?

Qui pour faire en sorte que ce qui est écrit correspond aux exigences de tous ?

Qui pour faire en sorte que la vérité des urnes correspond à celle de l’histoire ?

Quoi qu’il en soit les impostures et les forfaitures ne dureront qu’un temps

Car comme l’a su dire Abraham Lincoln :

« On peut tromper une partie du peuple tout le temps 

Et tout le peuple une partie du temps, 

mais on ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps ».

 

 

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Commentaires

Aboudramane koné
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la constitution burundaise considère t'elle son premier mandat? Là est la question

AGBADJE Adébayo Babatoundé Charles A. Q.
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Bien sur mon cher la constitution le reconnait comme je l'ai déjà signalé dans un article précédent. Prière de consulter cet article pour comprendre que c'est bien une imposture démocratique
https://afro-moderne.mondoblog.org/2014/03/27/afrique-les-democraties-en-perte-de-vitesse/
Cordialement.