Au Bénin, cinq raisons pour Patrice Talon de briguer un second mandat

Article : Au Bénin, cinq raisons pour Patrice Talon de briguer un second mandat
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20 juillet 2020

Au Bénin, cinq raisons pour Patrice Talon de briguer un second mandat

Au Bénin, l’élection présidentielle est prévue pour mars 2021 et à huit mois du scrutin, contrairement aux élections précédentes, les candidats ne se bousculent pas sur le starting block. Patrice Talon sera-t-il candidat à sa propre succession ?

Élu en 2016 dans une ferveur populaire, Patrice Talon s’est engagé, dans son discours d’investiture, à n’exercer qu’un seul quinquennat, décliné dans un vaste projet de reforme constitutionnelle. « Je ferai de mon mandat unique une exigence morale en exerçant le pouvoir d’Etat avec dignité et simplicité« , a-t-il déclaré.  Mais après l’échec du processus de révision de la constitution qui devrait l’acter, le président a relativisé sa promesse. « Le mandat unique est un idéal. Je l’ai espéré pour mon pays. Cela aurait pu être réglé maintenant, par la révision de la Constitution, ce n’est pas le cas. La règle générale du renouvellement du mandat reste donc valable pour moi et j’aviserai en 2021 en fonction de mon ressenti» a précisé Patrice Talon.

Naturellement, à huit mois de l’échéance, tout le monde veut savoir si  Patrice Talon a avisé. La question taraude les esprits et visiblement le dilemme pour l’homme est comparable à celui de Marie-Lou dans la chanson de Marie Bizet :

J’y vas-t-y, j’y vas-t’y pas ?

Y faut-y, y faut-y pas ?

Entre l’intérêt privé de Patrice Talon à honorer sa promesse du mandat unique et l’intérêt national incarné par les nombreuses voix qui l’appellent à  rempiler pour consolider les reformes ambitieuses saluées par tous, y compris ses opposants, le choix est cornélien et les avis sont tranchés.

A défaut d’une boule de cristal pour prédire la décision de Patrice Talon, plusieurs raisons objectives, à mon avis,  plaident en sa faveur pour un second mandat. Voici 05 (bonnes ) raisons qui militent en faveur de Patrice Talon pour briguer un second mandat.

1- Consolider et intensifier les reformes

« Je m’emploierai à faire de ce mandat un instrument de rupture et de transition devant aboutir à la mise en place des grandes réformes politiques et institutionnelles que nous avons tous appelées de nos voeux  » avait -t-il précisé dans son discours d’investiture.

Conformément à sa déclaration, le président Patrice Talon a engagé de multiples réformes notamment au triple plan politique, économique et social.  Les fruits ont-ils tenu la promesse des fleurs ? De toute évidence, la gouvernance de Patrice Talon, au cours de ces 4 dernières années, a laissé des traces dans tous les compartiments du pays.

Au plan économique, l’économie béninoise a subi de profondes mutations. Le boom de la production cotonnière, la construction et la mise en service d’une nouvelle centrale électique, l’accès à l’eau potable de plus en plus élargi, l’assainissement des finances publiques, la lutte contre la corruption et les rançonnements sur les voies par des forces de sécurité sont autant d’actions saluées par tous.

Au plan social, les actions sont pêle-mêle et s’articulent  autour de la couverture du pays en eau potable, des cantines scolaires mieux organisées, des logements sociaux, l’augmentation en capacité énergétique du pays, l’asphaltage des voies urbaines, l’affermage des hôpitaux, l’assainissement des berges lagunaires et des digues du pays et bien d’autres.  Mais, le panier de la ménagère peine à se remplir. La pauvreté et le sous emploi sont, en effet, des pieuvres à plusieurs tentacules ce qui explique, en partie, le décalage entre le temps de mise en oeuvre des politiques et celui de leur matérialisation.

Au plan politiques, la réforme du système partisan voulu au depart par tous les acteurs politiques a porté du fruit et permis de passer de 300 partis existant à une dizaine de partis légaux actuellement. A cette prouesse politique, il faut ajouter le financement public des partis politiques et surtout le nouveau Code électoral  qui impose à tous les prétendants à la magistrature suprême un  parrainage par un nombre de députés et/ou de maires correspondant à au moins 10% de l’ensemble de ces élus, soit 16, ce qui réduit à moins de 10, le nombre de candidats possibles à l’élection présidentielle de mars 2021. La preuve, à 8 mois de l’élection présidentielle, aucun candidat n’est encore annoncé dans le starting block. Pour rappel, en 2016, ils étaient 48 candidats retenus par la cour constitutionnelle et 33 à participer à l’élection présidentielle. Enfin, avec la révision poussive de la Constitution du 11 décembre 1990, un ticket électoral président / vice président est instauré avec des élections générales à partir de 2026.

Mal comprise au départ, la pertinence de toutes ces reformes inévitables s’est avérée chemin faisant et actuellement la grande majorité des béninois y adhère et appellent à leur intensification.

Par contre, ces reformes irritent profondément la classe politique à qui profitait les prébendes électorales. Désormais contrainte de se moderniser et de se moraliser, elle est vent debout contre toutes les reformes en cours. De nouveaux partis sont annoncés pour « restaurer la démocratie ». C’est justement la crainte de voir cette classe politique aigrie et revancharde remettre en cause toutes ces reformes après 2021 qui fait souhaiter un second mandat à Patrice Talon pour consolider les acquis des différentes reformes.

2 – On ne change pas une équipe qui gagne

La formule biblique est bien connue : « Rendre à Dieu ce qui est Dieu et à César ce qui est à César ». De mémoire de béninois, les progrès enregistrés par le régime actuel sont largement au dessus de la moyenne nationale en terme d’efficacité, d’équité et surtout de cohésion nationale. C’est fort de ce constat que plusieurs voix souhaitent qu’elles restent encore en place pour parachever et consolider l’œuvre en cours.

3 – En plein tourmente, le capitaine est la dernière personne à quitter le navire

Certes, une équipe est capitale pour la conduite des actions, mais une équipe a une âme, un leader sans qui, l’équipe sera bien en place, mais le cap va changer. C’est, une fois encore, la peur de voir ce cap changé après 2021 qui pousse les sans voix à souhaiter que le capitaine reste à bord jusqu’à la fin de la transition en 2026 avec les élections générales ou les risques de remise en cause et de manigance seront minimisés

 4 – De l’opportunité du deuxième mandat

« Le mandat unique est un idéal. Je l’ai espéré pour mon pays. Cela aurait pu être réglé maintenant, par la révision de la Constitution, ce n’est pas le cas », avait dit Patrice Talon dans son discours d’investiture. « Tant mieux ! », semble lui répondre, a postériori,  la situation actuelle.

Les reformes sont dures et n’épargnent personne, cependant de nombreuses voix appellent à leur intensification et mconsolidation.  Patrice Talon lui-même est mieux placé pour savoir que les nombreuses voix anonymes qui appellent à l’intensification des reformes voulue par lui ne le font pas par corruption ou pour des intérêt personnels. Ils le font plutôt par adhésion, pour donner une chance au pays pour la réduction des inégalités et la promotion du bien être de tous. Ainsi, Patrice Talon réalise à ses propres dépens que le mandat unique n’est pas une panacée comme il semble le croire et surtout que le deuxième mandat peut avoir aussi du bon, voire même, être une opportunité à un certain moment dans la vie d’une nation comme c’est le cas actuellement.

5 – Entre la parole et la patrie

En toute circonstance, ne pas tenir sa parole est pour tout être humain, une situation inconfortable et la position de Patrice Talon, nullement enviable. « Le meilleur moyen de tenir sa parole est de ne jamais la donner » a dit, à ce propos, Napoléon Bonaparte.

Toutefois, l’histoire nous enseigne : « aux grands maux, les grands remèdes ». Face à une situation grave et périlleuse, il faudrait savoir prendre les mesures nécessaires. Le president Talon est donc inviter à regarder la vérité en face et ne point se cacher la face. Entre la ruine de sa parole et la ruine de sa patrie, il aura à faire le choix. Mieux que tous, il connait les enjeux et les risques attachés à sa décision. Lui seul saura donc apprécier la balance bénéfice / risque, de la situation et seul prendre la meilleure décision pour lui et sa patrie le Bénin.

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