AGBADJE Adébayo Babatoundé Charles A. Q.

Mme Antoinette Eya Toung, une femme de sciences et de foi au service de la jeunesse gabonaise

 

Chef de département des sciences de la vie et de la terre du lycée Paul Indjendjet Gondjout de Libreville, Mme Antoinette Eya Toung dirige également LE  CHANT DE GLOIRE, un groupe d’étude biblique à vocation œcuménique. 

Femme de sciences et de foi, elle ne ménage pas ses efforts pour assumer ses différentes responsabilités. Aux heures ouvrables, elle est à la tâche dans les salles de classe et laboratoires pour enseigner le savoir scientifique aux élèves. A ses heures libres, elle s’affaire au CHANT DE GLOIRE pour approfondir la connaissance biblique et la foi chrétienne de ses membres. Pour sa première sortie publique, LE CHANT DE GLOIRE a organisé le samedi 27 mai 2017 à l’hôtel Héliconia de Libreville, un atelier débat sur le thème : « Oui ! Je viens bientôt ». L’occasion de demander à Mme Antoinette Eya Toung, les objectifs de cet atelier débat, mais aussi et surtout comment elle concilie au quotidien la méthodologie des sciences expérimentales qu’elle professe et le respect des canons bibliques qu’exige la foi chrétienne.

 

Bonjour Mme Antoinette Eya Toung. Vous avez organisé à Libreville  le 27 mai passé, un atelier débat sur le thème : « Oui ! Je viens bientôt », quels étaient les objectifs de cet atelier et quel bilan en avez-vous fait ?

Bonjour! Je voudrais commencer par vous remercier d’avoir répondu à notre invitation. Au CHANT DE GLOIRE. Nous avons des objectifs purement évangéliques ce qui justifie le thème de l’atelier qui est tiré du livre de l’Apocalypse au chapitre 22 : 20. Nous visons à maintenir le chrétien en éveil par rapport aux écritures bibliques qui sont toujours d’actualité quel que soit le contexte global dans lequel nous vivons. Il est question de réveil, d’instruction et de restauration de la foi chrétienne. Pour cet atelier nous avons accueilli surtout des étudiants  chrétiens qui se sont dits très édifiés à la fin, donc nous pensons que l’objectif a été atteint.

 

 L’actualité scientifique mondiale en ce moment est la découverte sur le site marocain de Djebel Irhoud, des restes de 5 individus de l’espèce humaine Homo sapiens datant de 315 000 ans par une équipe internationale dirigée par Jean Jacques Hublin, ce qui repousse de 100 000 ans, l’âge de l’espèce humaine estimé jusqu’alors à 200 000 ans. Quelle appréciation faites-vous de cette découverte scientifique?

200 milles ans ou 300 milles ans pour ma part ça ne change pas grand chose car la paléontologie utilise des méthodes de datation qui sont toutes approximatives, mais la certitude est l’existence d’une espèce HOMO Sapiens dont nous sommes les dignes descendants.

 

Cette découverte conforte la théorie de l’évolution du monde vivant et donc la descendance de l’homme des primates hominidés Australopithèques alors que la bible dans la genèse nous apprend que l’homme a été créé par Dieu. Mme Antoinette Eya Toung, comment conciliez-vous la théorie de l’évolution prônée par la science que vous professez et le respect des dogmes bibliques qu’exige la foi chrétienne?

Pour ma part le débat qui oppose le créationnisme biblique et la théorie de l’évolution de Darwin est confus car on s’en sert pour désavouer les écritures bibliques ce qui n’était certainement pas l’objectif de Darwin. La théorie de nos jours a été transposée dans différents domaines et on s’en sert actuellement pour amener des connaissances « subtiles » qui apportent de grands bouleversements des mentalités et des habitudes sociales.
En tant qu’enseignante des sciences de la vie et de la terre, je sais que les innovations génétiques existent, il suffit pour cela d’observer la diversité humaine pour la comprendre. Mais je tiens quand même à souligner que le message de la bible n’est pas statique. Il parle aussi d’une certaine façon d’une évolution de l’espèce humaine et donc par conséquent des espèces au fil du temps. La preuve, selon le thème de notre atelier, le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui sera remplacé par un autre ; il y aura de nouveaux cieux et une nouvelle terre! La science est très utile et je ne pense pas qu’elle contredise les écritures saintes.

 

LE CHANT DE GLOIRE est un groupe d’étude biblique à vocation œcuménique, à votre avis, Mme Antoinette Eya Toung, le vodoun africain, fait-il partie du patrimoine religieux de l’Humanité ?  

Bonne question. Je sais que le culte vodoun est en pleine expansion dans le monde, à ce titre il constitue un patrimoine pour l’humanité. Mais je ne suis pas très instruite sur le sujet et je suis plutôt dans l’expectative. Je ne sais même pas ce que signifie « vodoun ».et je voudrais en savoir un peu plus car dans mon imaginaire, je le trouve un peu mystérieux, ce qui a plutôt un effet plus ou moins négatif. S’il était un peu plus dévoilé, il serait moins controversé et plus utile à mon sens.

 

Au plan sociétal, le déferlement des associations LGBT (Lesbiennes, Gays, Bisexuels et Transgenres) sonne petit à petit le glas de l’hétérocentrisme des sociétés humaines. Selon vous, est-ce le signe de l’approche de la fin des temps annoncée par les écritures ou une évolution postmoderne inéluctable des sociétés humaines à laquelle il faut s’adapter?

les déviations sexuelles sont un des grands signes de la fin de notre temps. Si nous les admettons, il n y aura plus, à un moment donné, de reproduction de l’espèce donc une fin programmée. L’hétérosexualité maintien la vie, il est impossible que la société devienne homocentrique. Les temps géologiques durent de millénaires et se succèdent, notre temps aussi passera et les signes sont à la fois moraux et environnementaux ; d’ailleurs les deux aspects sont liés, c’est l’environnement qui est à l’origine des innovations génétiques.

 

pour le mot de la fin, quel message auriez-vous envie de transmettre à la jeunesse gabonaise et africaine ?

A la jeunesse africaine je dis que la religion est utile ; les connaissances bibliques ne sont nullement désuètes, au contraire. Pour échapper à la dispersion des valeurs ce sont les enseignements religieux qui nous permettront de trouver des solutions aux maux de la société. Les mutations sont inhérentes à la vie sociale, mais nous devons nous préserver des méfaits qu’elles peuvent engendrer. Il faut donc combattre toutes les dérives et le fondamentalisme biblique serait d’un grand apport.

 

Merci Mme Antoinette Eya Toung pour cet entretien exclusif et surtout pour votre engagement que j’espère inspirera les jeunes africains à être chaque jour une personne meilleure


BÉNIN : Crise à la Renaissance du Bénin : Pour l’amour de Léhady!

Le congrès des réformistes du parti la Renaissance du Bénin a vécu. L’aile des réformistes du parti La Renaissance du Bénin a gagné le pari d’organiser son congrès le weekend passé à Abomey. Étaient présents à ce congrès presque toutes les sections et tous les ténors du parti hormis les Soglo.  Le congrès a prononcé l’exclusion définitive de Léhady Soglo du parti après son éviction de la tête du parti intervenue un mois plus tôt et s’est donné un nouveau président en la personne d’Abraham Zinzindohoué, ancien garde des sceaux du Bénin.

Règlement de compte pour les uns, crise de leadership pour les autres, la question est pendante devant les tribunaux et la décision du juge est attendue ce jour mardi 27 juin 2017.

Au delà de l’aspect judiciaire, cette crise soulève la pertinence du système partisan béninois. Que des désaccords voire des différends apparaissent dans la gestion d’un parti, il n’y a rien de plus normal. Mais lorsque la gestion de la crise à l’interne passe par le mépris et le dénigrement des uns par la fondatrice et le président d’honneur du parti, on en vient au spectacle que donne actuellement, le parti la Renaissance du Bénin.

La crise a éclaté au grand jour  avec la destitution par le bureau politique du parti de son président Léhady Soglo, par ailleurs fils de la fondatrice du parti, Mme Rosine Viéyra Soglo et du président d’honneur du parti Nicéphore Dieudonné Soglo

Seulement voila, dans cette crise, la fondatrice et le président d’honneur ont pris fait et cause pour leur fils. Ils ont crié haro sur le baudet,  balayé du revers  de la main toutes les critiques formulées contre leur rejeton et voué aux gémonies les « soi-disant réformistes ».  Cette réaction paternelle du couple Soglo était plus ou moins attendue par tous les observateurs de la vie politique béninoise. Ce n’est, en effet, un secret pour personne que chez les Soglo, le père et la mère aiment Léhady Soglo passionnément. Pour l’amour de Léhady, ils sont capables du meilleur et du pire.

Où s’arrête l’amour filial, où commence le sens du bien commun et de l’intérêt général ? C’était la grosse interrogation que pose cette crise.  Autant dire que sa gestion est une grosse frustration. Peut-on aimer son fils au point de ne plus voir dans quel sens coule le fleuve ? Pour l’ancien députe Épiphane Quenum, « on ne peut pas être entrain de protéger son enfant jusqu’à perdre son honneur. La Renaissance du bénin est un patrimoine national… »

Quoi qu’il en soit, le juge donnera son verdict d’un instant à la’autre. Dans le meilleur des cas Léhady Soglo et sa famille  garderont le nom et le logo du parti, mais qu’importe une telle victoire, si toutes les forces vives du parti sont du  côté des réformistes.  Comme quoi, un bon arrangement vaut toujours mieux qu’un bon procès.

 


Le Fâ et le Lègba, les deux piliers du vodoun


Le panthéon vodoun offre une galaxie de près de trois cents esprits divinisés hiérarchisées dont les esprits majeurs sont en langue fon du Bénin et yorouba du Nigéria, respectivement: Xêvioso (chango), Sakpata  (chakpana),  Gou  (Ogoun),  Dan (Oshumare),  Fâ (Ifa) et Lègba (Elegbara ou Eshu), auxquels s’ajoutent des centaines de divinités secondaires. Toutefois, un lien très particulier semble lier le Fâ et le Lègba. Cette relation a suscité beaucoup d’interrogations de la part des chercheurs des siècles passés, notamment pendant la période coloniale. Quelle est la nature de la relation entre le Fâ et le Lègba et quelle peut être son importance dans l’espace religieux vodoun ?

 

 Le vodoun en question

Personne n’a jamais vu Dieu, Personne ne verra jamais Dieu.

Mais tout le monde, à un moment ou un autre de sa vie, est frappé par le sentiment du sacré et du plus haut que soi.

Tout le monde est amené, à un certain moment, à voir au cœur des vicissitudes de la vie, des signes de la transcendance divine qui va au delà de tout.

Dieu est donc une réalité présente dans le cœur de chaque être, de chaque peuple.

Dans la cosmogonie des peuples de l’aire culturelle Adja-Tado qui constituent la base des populations au sud des États du Golfe du Bénin (Bénin, Togo, Ghana, et le sud du Nigéria…), la transcendance divine a pour nom Mahou, en langue fon du Bénin, qu’on peut traduire par : « l‘inaccessible » ou en langue yorouba, Olorun « Maître des cieux »

Il est source unique de vie et maître absolu du visible et de l’invisible. Il est incréé et créateur de l’univers et de tout ce qui le peuple. Etant inaccessible, il n’intervient pas dans la vie des hommes.  Toutefois, son souffle, ressenti à travers ces œuvres, est incarné  par des esprits qui sont baptisés «Vodoun» en langue «Fon» du Bénin ce qui est  un diminutif de «Yehwe-vodoun» ou encore Orisha en langue yorouba. Les vodoun sont donc des esprits divinisés considérés comme les intermédiaires entre les hommes et Mahou. Leur mission est d’intercéder en permanence pour les hommes auprès de l’unique Dieu Suprême quça

‘est Mahou.

Les vodoun seraient donc, des médiateurs entre Dieu et les hommes. Pour ces derniers, ils obtiennent des faveurs, mais sont également les exécuteurs des vengeances divines. Mahou étant d’essence spirituelle, n’a pas de forme. Il n’est donc jamais représenté, ni en peinture ni associé à des objets, comme le sont les autres vodoun. Ceci explique qu’il n’y a nulle part dans l’aire du vodoun un culte pour Mahou ; on ne fait que le remercier, le glorifier. En revanche, ce sont les vodoun ou  orishas qui sont objets de cultes.

Plus généralement, le vodoun est une pratique religieuse qui consiste au culte d’un Dieu créateur, Mahou, en dessous duquel se trouvent des esprits divinisés appelées vodoun et qui servent d’intercesseurs à l’homme pour atteindre Dieu tout puissant. Ils peuvent entrer en communication et même collaborer avec les humains. Cependant, dans le concert des vodoun, certains ont tissé des relations très étroites l’un avec l’autre. Le plus manifeste, est la relation de Fâ, le vodoun de la destinée et de Lègba, le messager et vodoun de la croisée des chemins. La nature de cette relation a suscité beaucoup d’interrogations par le passé. 

Le père Paul Falcon dans « religion du vodun » Etude dahoméenne (Nouvelle Série) n 18-19, juillet-octobre 1970 écrivait : « le nom de Lègba est des plus souvent associés à celui de Fa. La relation étroite qui unit ces deux divinités est rappelée par un mythe qui insiste en même temps sur le caractère rusé et le fameux appétit de Lègba….  Voici bien longtemps, les dieux avaient faim. Comme Fâ se plaignait, Lègba lui conseilla, on pourrait dire en termes triviaux, de trouver un métier rentable. Il fit un marché avec lui, en échange d’un renseignement qui permettrait à Fâ de se faire nourrir éternellement par les hommes, il obtint les prémices de chaque sacrifice ou offrande que ceux-ci lui offriraient. Ayant compris que les hommes sont consubstantiellement des êtres pétris d’angoisses, et que ce fait pouvait être mis à profit, Lègba préconisa à Fâ de leur révéler leur destinée contre de la nourriture. Fâ suivit ces conseils, et s’en porta bien. Depuis, à chaque demande humaine concernant sa destinée, son avenir, par la divination, Lègba obtient les prémices du sacrifice destiné à Fâ». Voila selon lui pourquoi Lègba est toujours invoqué par les hommes, en premier lieu, lors de chaque sacrifice, avant tous les autres vodoun.

Je pense, pour ma part, que la liaison entre le Fâ et le Lègba dépasse largement le niveau du mythe et plongerait ses racines dans le dogme du vodoun. Notons tout d’abord que le Fâ ou Ifa en yorouba et le Lègba ou Elègbara en yorouba sont deux vodoun originaires d’Ilé Ifê au Nigéria. Ils constituent le point commun de la religion vodoun du Bénin et des orisha du Nigéria. Mais au delà de cette identité d’origine, il y a surtout la convergence que l’on peut noter au niveau de leur fonction respective et  la mystique intuitive qui se dégage de leur union.

 

La Fâ ou le vodoun de la destinée et de la sagesse

Dans la religion vodoun, le Fâ occupe une place exceptionnelle. Tout commence en effet par le Fâ et tout finit par le Fâ. Dans un article passé, j’avais déjà mentionné les deux dimensions du Fâ, il est à la fois divinité, mais aussi connaissance et science. Le message du Fâ ou oracle est d’essence divine, voire prophétique. C’est un art divinatoire  qui se réalise à l’aide d’un chapelet divinatoire à deux branches identiques et 16 combinaisons possibles par branche. Ces 16 combinaisons sont les figures de base ou figures-mères de l’oracle Fâ. L’assemblage des deux branches donne une  combinaison 16 x 16, soit 256 combinaisons ou signes (ou encore arcanes) du Fâ appelés en langue fon du bénin « Dou » du Fâ ou « odu » en yorouba et se décomposant comme suit : 16 signes- mères ou figures double qu’on appelle “Dou-mêdji” ou “Dougan”. Ils sont également les représentants des maisons géomanciques et 240 signes secondaires appelés “Vikando” ou “Douvi “. Ces 256 signes du Fâ  représentent les 256 possibilités de vies humaines selon le Fâ.

Ainsi le Fâ parle toujours en paraboles en tant que système de divination et son langage est symbolique et se traduit par des traits simples ou doubles (selon que les quatre demi-noix de chaque branche du chapelet retombent ouvertes ou fermées). L’ensemble des traits des deux branches du chapelet forment la représentation figurative de chaque « Dou » qui porte un nom construit à partir des deux figures-mères qui la composent.

Les 16 signes-mères du Fâ

 

Par ailleurs chaque Dou du Fâ contient 16 vers qui expriment de façon lyrique et poétique une histoire sacrée des peuples yoruba ou adja, ce qui fait au total un corpus conséquent de plus de 4096 vers qui racontent une histoire mythologique, un conte, une chanson, un proverbe, une devinette sur lesquels le devin va se baser pour interpréter l’oracle du Fâ et transmettre la réponse du Fâ à la question qui a motivé la séance. Un bon devin est supposé en avoir mémorisé le plus possible.

Le Fâ est utilisé de façon ponctuelle dans les moments critiques de la vie  mais aussi de façon générale pour connaitre le signe sous lequel est placé une vie: c’est la prise de Fâ. 

En comparaison avec les grandes religions révélées, le gros déficit du vodoun par rapport à ces religions, est l’absence de livre saint à l’instar de la bible ou du coran. Mais ce déficit est en partie comblé par le Fâ qui est non seulement un art, mais il est surtout un livre ouvert sur la vie. Les 256 dou ou arcanes qui le composent et le corpus de plus de 4096 vers qu’il recèle englobent et incarnent la totalité des archétypes universels et offrent largement matière pour un livre sacré. Certes, ce livre reste, actuellement, informel, mais il n’en demeure pas moins un livre potentiel, un « livre-oral » qui gagnerait à être transcrit, édité et vulgarisé.

Les prêtes du Fâ, les Bokonon ou Babalawo chez les yoroubas  qui ont fait une longue formation et maîtrisent cette masse de données, sont  les « bibliothèques vivantes » par excellence dont parle Hamadou Hampaté Ba dans son œuvre. Ce sont de grands érudits qui  savent écouter et aider les humains à régler leurs problèmes de spiritualité, de santé, d’emploi, de couple, de promotion, de travail,  de paix, de bonheur et d’amour.

 

 Le Lègba ou le messager et vodoun de l’imprévisible

De toutes les  divinités du panthéon vodou, manifestement, Lègba est la figure du Vodoun la plus familière, mais aussi la plus singulière. Dans un article précédent consacré à Lègba, j’avais relevé qu’il est la synthèse de multiples caractéristiques et fonctions plus ou moins contradictoires qui font de lui un vodoun singulier du panthéon vodoun. Traditionnellement Lègba est représenté par une bute de terre aux formes plus ou moins humaines avec souvent un phallus démesuré. Les représentations de lègba trainent partout. On l’aperçoit aux seuils des habitations, des lieux publiques et à tous les coins de rues dans les vieilles citées et les villages.

Ainsi que ses caractéristiques, les fonctions de Lègba sont multiples. Lègba est le gardien des  propriétés,   Il est un rempart contre les ennemis réels et mystiques de la famille, de la cité ou de la communauté. Par extension Agbo-Lègba désigne  le Dieu des frontières, du chemin ou  de la croisée des chemins. Il protège des aléas de la route ; il est le vodoun de l’imprévisible.

Cependant, Lègba est en tout premier lieu, un messager entre les hommes et les vodoun.  Messager privilégié, car le seul à les comprendre tous. On ne peut commencer libation et sacrifice à un grand nombre de vodoun sans en offrir les prémices à Lègba afin d’obtenir son concours comme médiateur ou intercesseur.

 

Le Fâ et le Lègba: la destinée et l’imprévisible au service de l’homme

De tout ce qui précède, il apparaît que par le Fâ, l’homme peut  connaitre son destin par rapport à sa vie ou à une préoccupation particulière. La consultation se déroule chez les prêtres du Fâ qui sont les seuls habiletés à interpréter le signe ou Dou apparu à partir des vers que contient ce signe et des questions subsidiaires qu’il pose au consultant. Généralement, l’interprétation est globalement favorable ou globalement défavorable par rapport à la préoccupation du consultant que le prêtre du Fâ n’est pas censé savoir. Mais dans un cas comme dans l’autre, une prescription est donnée et intègre un volet comportemental et un volet offrande ou sacrifice de poulet ou cabri à faire prioritairement à Lègba, pour une réponse favorable à la préoccupation. A ce propos, une sagesse populaire en pays yorouba proclame :

Adoura mi o gbémi

(Ma prière me sauvera)

Bi kadara o gbémi

(Même si le destin me condamne)                          

Cette sagesse sous entend que même si l’oracle du Fâ est défavorable, cela est préoccupant certes, mais pas fatal. La prière, les offrandes, les libations et sacrifices aux vodoun peuvent permettre de l’atténuer, voire l’inverser.

Ainsi, dans le cadre de la religion vodoun, quelque soit la préoccupation qui est la votre, tout commence par la consultation du Fâ et les recommandations de l’oracle du Fâ, passent le plus souvent par l’invocation et les offrandes à Lègba, puis au vodoun qui s’exprime à travers le signe apparu. Lègba représente donc l’autel par défaut où sont déposées les offrandes et où l’on implore Dieu. Le  Fâ et le Lègba ont donc pour vocation d’aider les hommes dans leur conduite terrestre afin de les amener au terme de leur existence à devenir de purs esprits dans le royaume d’Orun (le ciel).

Vu sous cet angle, le caractère « capricieux supposé » de Lègba peut s’analyser comme un appel ou un encouragement de l’homme à redoubler d’efforts dans l’invocation et l’imploration afin de rendre possible l’oracle s’il est favorable ou l’atténuer s’il est défavorable. Ceci évoque l’effort personnel qu’il doit accomplir pour transformer sa vie. Les implorations de Lègba confèrent donc au sujet une posture de dévotion qui nous plonge au cœur de la spiritualité, de la religion. L’oracle et la prière forment ainsi un couple de performance aux mains de chaque être pour faire prospérer le plan de Dieu pour lui.

Il y a donc une convergence et une synergie étroite entre les fonctions assumées par le Fâ et le Lègba. Le vodoun de la destinée et le vodoun de l’imprévisible, unis pour optimiser la vie de l’être humain et le conduire dans la demeure céleste, ainsi peut se résumer la mystique intuitive qui se dégage de l’union entre le Fâ et le Lègba. A mon sens, le Fâ et le Lègba forment le couple cardinal, porteur du dogme et de la spiritualité de la religion vodoun. Ils constituent donc les deux piliers qui sous-tendent la religion vodoun.

Comparé à un système informatique, le fâ apparaît comme le système d’exploitation du vodoun. Tel un système d’exploitation, il  est  le premier programme exécuté lors de la mise en marche du système  et dirige le fonctionnement de tout les autres vodoun qui apparaissent comme des logiciels applicatifs. Le Lègba quant à lui est, dans l’ordre de préséance, le premier logiciel applicatif exécuté. Ils forment ensemble les deux vodoun auxiliaires du panthéon qui aident à l’expression de tous les autres vodoun.

 

De la nécessaire modernisation du vodoun

Bien sûr, cette théorie sur la portée dogmatique et mystique du couple Fâ et Lègba peut paraître très idéaliste au regard de tous ceux qui ont des appréhensions ou même des préventions contre le vodoun, moi-même y compris. Mais dès lors qu’on fait l’effort de séparer les dérives, les abus et autres exactions observés dans la pratique du vodoun et qui sont du fait de l’humain de la dynamique du rituel en soi, on peut voir la chose autrement.

Toutefois, ce qui reste prégnant est que le vodoun continue de faire peur, Il est souvent assimilé au mal à cause de ses rituels occultes, ses dérives non assumées et à son manque de modernisme. Ceci pose nécessairement la question de sa modernisation.

Cette modernisation s’impose d’autant plus que la forme plus ou moins policée que présentent actuellement les religions révélées n’a pas existé de tout temps. Elle s’est établie peu à peu avec la modernité. De plus, les sacrifices par le sang pratiqués jadis chez les chrétiens ont été symboliquement commués en sacrifices par le vin et le pain. Chaque jour, de nouvelles reformes sont initiées pour moderniser et améliorer les pratiques.

De même, le vodoun en tant que religion endogène, peut et doit se moderniser. Il appartient aux dignitaires vodoun de booster cette modernisation. Les principaux défis passeront par:

  1. l’édition d’un livre sacré harmonisé et accessible à tous,
  2. des rituels codifiés plus ou moins transparents, 
  3. le passage du sacrifice par le sang et la viande des animaux aux oblations avec des objets symboliques.

De telles reformes  inscriront le vodoun dans une perspective moderne, enlèveront un grand nombre de préjugés négatifs qui reposent sur lui et donneront un regain de vitalité à cet espace religieux endogène.

 

In fine, une convergence forte se dégage entre les fonctions assumées par le Fâ et le Lègba dans l’espace vodoun. Le Fâ y est incontournable et le Lègba, indispensable.  A mon sens, le Fâ et le Lègba forment le couple cardinal, porteur du dogme et de la spiritualité de la religion vodoun dont ils constituent les deux piliers.


  Il était une fois, manager Sissoko, « Docteur Aloe Vera »

 

Avec l’urbanisation galopante du continent africain et un mode de vie de plus en plus sédentaire, les maladies liées au style de vie urbain et au vieillissement prennent, petit à petit, le pas sur les maladies infectieuses. Pour toutes ces maladies, l’un des plus gros facteurs de risque est l’alimentation devenue trop industrielle et le défi pour tous est d’avoir une alimentation le plus naturelle possible. Au nombre des plantes qui, naturellement, allient propriétés nutritives et thérapeutiques, on trouve en bonne place l’Aloe vera, une plante millénaire aux mille vertus.

 Quel est le potentiel nutritif et thérapeutique de l’Aloe vera et quel est son avenir sur le continent ?

 Pour en débattre, “L’Afrique au présent passé“ reçoit Mahamady Sissoko, naturaliste, passionné de l’Aloe vera,  manager à Forever Living Products et « Dr Aloe vera » pour les intimes.

 

Parcelse, le grand médecin et philosophe Suisse a écrit au 15ème siècle : la plante appelée Aloe vera est une véritable pharmacie, capable à elle seule de guérir de nombreuses maladies et le navigateur Christophe Colomb qui le cultivait toujours sur son bateau l’appelait  « le docteur en pot ». Manager Sissoko, quelles sont les propriétés et les vertus pour la santé de l’Aloès ?

L’Aloès est une plante exceptionnelle connue  depuis l’antiquité pour  ses  vertus curatives. Le gel tiré de la pulpe de l’aloès  contient à lui seul plus de 200 principes actifs dont 85 nutriments tels que des vitamines, des acides aminés, des mono et polysaccharides, des minéraux et oligoéléments et beaucoup d’autres substances naturelles nécessaires au bon fonctionnement de l’organisme et rares dans l’alimentation quotidienne. Certains spécialistes comparent sa composition à celle du liquide amniotique, une composition qui lui confère les principales vertus résumés sur cette image que je vous ai apporté.

 

Manager SISSOKO, certes la composition de l’Aloès est impressionnante, mais à quoi cette plante tient-elle, spécifiquement, ses vertus pharmacologiques et thérapeutiques exceptionnelles? 

Il faut préciser qu’il existe plus 300 espèces d’aloès et seules, six variétés des plus connus, sont médicinales, en particulier, l’Aloe barbadensis Muller ou Aloe vera. On peut dire que l’Aloe vera doit ses vertus « magiques » à la synergie entre cet ensemble de composants nutritionnels. L’aloès est un transporteur, un vecteur, sans doute, à cause du silicium et autres oligoéléments qu’il contient. Tenez, par exemple, l’encre  de  chine  frottée  sur  la  peau  associée  à  l’aloès  pénètre 4 à  5  fois  plus  vite  et  7  fois  plus  profondément  que sans  aloès. Il  atteint  le  derme  la couche  la  plus  profonde  de  la  peau. Cette  force  de  pénétration  fait  que l’utilisation  externe  et  interne  du  gel  de  l’aloe vera  permet  de  mettre directement à  la  disposition  des  cellules   les  nutriments qu’il regorgent, ce qui favorise la régénération des tissus altérés ou lésés 5 à 8 fois plus vite que les capacités humaines ou animales. De  même, le  gel  augmente l’efficacité des  médicaments  en facilitant  leur pénétration  dans  les  organes malades.

 

Bien que provenant originellement d’Afrique, la culture de l’Aloe vera est actuellement marginale sur le continent et son usage traditionnel très réduit. Comment expliquer vous ce faible intérêt pour une Plante aussi miraculeuse sur le continent?

L’Aloès est  connu  depuis  très  longtemps  en  Afrique. Il  a  été  utilisé  depuis  des  millénaires  dans  les  temples  vaudous. Mais  la  difficulté  de  sa  conservation  à  fait  que  son  usage  est  resté  seulement  externe sur  la  peau, les  cheveux , dans  les  yeux ( la  reine  CLEOPATRE). Il faut dire que l’oxydation a des effets destructeurs sur la qualité et l’efficacité du gel extrait des feuilles, elle entraine une diminution très importante des propriétés médicinales et thérapeutiques de l’Aloe vera. Le déficit de technologie de stabilisation du gel et de s conservation, en vue d’être utilisé sous une forme pure et saine a beaucoup freiné son essor sur le continent.

 

Les produits Aloe vera sont essentiellement commercialisés en Afrique par la firme américaine Forever Living Products (FLP). Ils sont exclusivement vendus par des entrepreneurs indépendants (FBO) par un système de vente pyramidale et un marketing de réseau.  A la tête de chaque réseau de FBO on trouve un manager. Concrètement, qu’est ce qu’un FBO et comment devient-on manager FLP ?

Deux  précisions  très  importantes  avant de  répondre  à  votre  question.

La première est que le système de marqueting de Forever  n’est  pas pyramidal.  On  peut  dépasser  en qualification et  en  gain  la personne qui vous a sponsorisé. Pour  preuve,  le Top  distributeur mondial actuel de Forever, Rolf KIPP, a débuté ce business 17 ans  après  la  création  de  la  société.

La deuxième est qu’un Manager peut avoir dans son groupe plusieurs autres  Managers.  Aussi  tout  Distributeur  doit  construire  un  réseau  pour  être  dans  le  business.

Maintenant pour  être  FBO  (Forever Business Owner), propriétaire du business forever, il  faut :

  •  Avoir  18  ans,
  •  Avoir  un  sponsor, la  personne  qui  vous  a  présenté  l’affaire,
  •  Signer  un  agrément  de  partenariat  avec  la  Société,
  •  Valider  cet  agrément  par  un  achat  de  produits  de  260. 000 F cfa .On  devient  alors FBO pour  toujours  avec  la  qualification  d’Animateur Adjoint  (A A). Cet  achat  équivaut à  deux  points  caisses  (P C). Le  PC  est  la  valeur  attribuée  à  chaque  produit  et  qui  est  le  même dans tous les pays ou  Forever  est  installé. Le Gel  d’aloès  par  exemple vaut 0.100 PC. Donc  10  bidons  de  Gel valent  1 PC.

Un  Animateur  Adjoint,  pour  passer  Manager  doit  réaliser  en  deux  mois  consécutifs  120  points  caisses, avec le groupe qu’il aura constitué. Toute qualification est  décorée  d’une  médaille et  est  définitive.

 

 Quel est l’intérêt pour un africain de devenir FBO ?

L’intérêt  pour  un  africain d’être  FBO  et  pas  seulement  les  africains c’est :

• d’avoir  sa  propre  entreprise  clé  en main  avec  un  investissement  insignifiant,

• avoir  une  santé  de  fer  en  consommant  régulièrement  les  produits  à  bas  prix ,

• atteindre  la  liberté  financière  en  un  temps relativement  court  par  un  travail  assidu,

• voyager, se  créer de  nouveaux contacts,  laisser  un  héritage  significatif à sa progéniture.

 

Si on ne va pas jouer à l’équilibriste, vous personnellement, votre engagement tient-il à l’opportunité de sante ou à l’opportunité d’affaire que procurent les produits FLP ?

C’est  un  problème  de  santé  qui  m’a  fait  découvrir  Forever. L’opportunité  santé  reste  donc  pour  moi  la  plus  importante. Quand  on  est  en  bonne  santé  tous  les  rêves  sont  permis. Cependant  il  suffit  de  ne  pas  être  égoïste, de  partager  l’information  sur  les  bienfaits  de  ces  produits  pour  tomber  dans  le  business  et  avoir  en  plus,  la  santé  des  poches. En  réalité  Forever  offre  les  deux  plus  grandes  opportunités de  ce  monde : la  SANTE  et  l’ ARGENT.

 

FLP revendique le label produits 100% naturels, le processus de stabilisation du gel et de sa conservation, n’implique t-il aucun produits chimiques ?

La  stabilisation  à  froid  du  gel  d’aloès  dont  le  brevet  est  détenu  par  Forever, permet  de  prélever  et  surtout  de  conserver  ce  produit  avec  toutes  ses  propriétés  sans  ajout  de  substances  chimiques.  Le  gel  d’ aloès,  le  produit  phare  de  notre  société, est  stabilisé  avec  de  la  vitamine  C  naturelle.  Il  en  est  de  même  de  tous  les  produits  forever.

 

S’il vous était donné de faire un témoignage de l’efficacité des  produits  FLP  sur vous-même, que serait-il ?

La  découverte  de  ces  produits  est  l’ un  des  plus  beaux  cadeaux  que  le  créateur  m’a  offert . Je consomme tous  les mois en  moyenne trois bidons de gel. A  60 ans, je me porte comme un charme. Je  n’ai  pas  une  seule  ride, je n’ai aucun  problème  articulaire,  cardio-vasculaire, de  mémoire ni même de  vision, moi  qui  m’apprêtais  à  chercher  des  lunettes  de  lecture.  Je  ne  prends  presque  plus  de  produits  pharmaceutiques. Merci  Seigneur, béni  Forever Living Products.

 

Depuis le début du 21ème  siècle. L’Afrique est dans une transition immunologique avec les maladies dégénératives (diabète, maladies cardio-vasculaires, cancer) qui prennent le pas sur les maladies infectieuses dans la mortalité et la morbidité. Manager Sissoko, quelle est l’efficacité  d’Aloe vera  contre  ces  pathologies des   temps  modernes ?

La  principale  cause  des  maladies  dégénératives  est  l’hygiène  de  vie. Comment  de  nos  jours  échapper à la pollution de tout genre ? Comment avoir une  alimentation  saine  avec  les  pesticides, insecticides, engrais, conservateurs, hormones, etc. utilisés  dans  l’agriculture et l’élevage ? Comment éviter  le  stress  oxydatif permanent?  La  réponse  est très  difficile,  voire  impossible. Toutefois, l’aloe vera  forever  facilite  l’élimination de  ces  poisons  par  l’organisme  et  en même  temps  lui  apporte  les  éléments  nutritifs  indispensables  à  son  bon  fonctionnement  qu’on  ne  trouve  plus  dans  nos  assiettes. Un  organisme  bien  nourri  est  capable  de  se  prendre  en  charge  et  de  régler  tous  ses  problèmes. « Que  ta  nourriture  soit  ton  médicament  et  ton  médicament  ta  nourriture »   disait  HYPPOCRATE,  le  père  de  la  médecine  moderne. Voilà  le  secret  de l’Aloé  Vera  Forever.

 

Beaucoup de personnes sur le continent trouvent que les produits Forever ne sont pas accessibles à leur bourse. Forever  n’est-elle  pas  une  solution  pour  une  certaine classe ?

 Contrairement à ce que l’on peut croire, les  produits  Forever  sont  faits  pour les moins nantis.Il est plus facile de prévenir que de guérir. Une  dame bien connue à Forever et qui habite en Côte-d’Ivoire, dont je tais le nom par discrétion, a développé une insuffisance rénale. Il fallait  faire  une intervention chirurgicale de cinq millions de CFA. En  consommant  13 bidons Berry Nectar qui  valent 150.000 F CFA, elle  retrouva sa  santé. Aujourd’hui  avec  seulement  55.000 F CFA on  peut  s’ abonner  à  Forever  et prendre  les  produits  15 % moins cher pour  soi  même, sa  famille et oublier un temps soit peut les  hôpitaux  et pharmacies.  Comme  on le dit, la santé n’a pas de prix, mais elle a un coût.

 

Dans son discours d’investiture, Donald TRUMP, le 45ème  président  américain â déclaré : « Nous allons suivre 2 règles simples : Acheter américain et emboucher américain », pour générer  croissance et emplois, deux préoccupations  également au cœur des nations africaines. A FLP, les champs et usines sont en Amérique du sud et aux USA. Ne souhaiteriez vous pas que la firme américaine FLP délocalise quelques unes de ses plantations et usines en Afrique,  pour apporter un vrai travail et un revenu réel aux Africains ?

Au cours d’un rallye en Afrique du  Sud, Rex MAUGHAN, le fondateur de FLP  a  déclaré  que  l’ avenir  de Forever  est en  Afrique. Avec  sa  population très jeune, de grands espaces désertiques pour la  culture  de l’ aloès, pourquoi  pas  un jour   des  plantations  et  des  usines  Forever sur le  sol  africain.

Pour  ce  qui  est d’apporter un  vrai  travail  et  un  revenu  réel,  il  n’y a pas  mieux  que  le  business  Forever. L’Afrique est confrontée à un dilemme en terme d’emploi des jeunes qui constituent les 85 %  de  sa  population. Les  gouvernants optent  pour l’auto-emploi et cherchent à installer les  jeunes  à  leur  propre  compte. Forever offre la plus belle opportunité dans ce cas. Avec  un  faible  investissement, on  crée  son  entreprise et  bout  de  dix  ans  de travail rigoureux  réaliser  les  rêves  les fous. Avec le marketing de Forever, 14  millions  de  personnes  travaillent  à  leur  propre  développement dans 170 pays à travers le monde. Parmi eux des jeunes, des vieux, des femmes,  des  hommes de  toutes  races et de  toutes  religions

 

Y’a-t-il d’autres plantes qui possèdent des propriétés similaires sur le continent et qui pourraient bénéficier d’une promotion comme celle de l’Aloe vera ?

Le  continent regorge de plusieurs autres plantes médicinales. Par exemple, le Moringa  Oléifera  est un arbuste  dont  les  feuilles  sont  utilisées par certaines  populations  comme  légume  est  très  riche  en  oligoéléments, protéines, acides  aminés, minéraux, vitamines A, C, E etc. Les  racines, écorces, feuilles, fleurs, en poudre, en décoction ou  en  infusion  sont  très  efficaces  dans  la  prévention  et  le  traitement du diabète, de l’ hypertension, de l’anémie, de l’hépatite, des douleurs articulaires,  des  gastrites. La  promotion de  ces  plantes dépendra  de  la  vulgarisation  et  de  la  modernisation  de  notre  pharmacopée traditionnelle. Certains  pays  ont  commencé et  on  trouve  de  plus  en  plus  ces  produits  dans  les  rayons  des  pharmacies.

 

Quel avenir pour l’Aloe vera en Afrique ?

L’Aloe vera forever  a  un  bel  avenir  en  Afrique  et  dans  le  monde. La multiplication des maladies dégénératives et l’incapacité, de plus  en  plus  avérée, de  la  médecine  moderne d’y apporter une solution durable, poussera les gens à  retourner  vers les compléments  alimentaires  naturels  dont  l’Aloe vera forever.

 

Avez-vous un message â l’endroit de Rex  MORGHAN le fondateur de FLP?

A l’adresse de Mr Rex MAUGHAN, je dirai simplement : « BRAVO PAPA. Vous avez donné à des  millions de gens à travers le monde, l’opportunité de jouir du bien être physique, de se développer  personnellement et de réaliser des  choses  qu’ils n’auraient  jamais  pu  imaginer. Puisse le Seigneur  du  monde  vous  bénir au  nom  de  ces  gens. »

 

A quelle question auriez-vous souhaité répondre et que je n’ai pas posé?

Quelle est la particularité  des  produits à base de l’Aloe vera  faits par  Forever  Living  Products quand on sait  que plusieurs entreprises exploitent cette plante ?

L’Aloe vera  est  une plante miraculeuse  mais très capricieuse et très  délicate. En effet quelques  heures après la cueillette de ses feuilles charnues le gel  perd  toutes ses  vertus. Donc  le  conditionnement  doit  se  faire  tout  de  suite  après  le  prélèvement  des  feuilles. C’est  pourquoi   Forever  a  installé  ses  usines  dans  les  plantations.

Des centaines de sociétés exploitent l’aloès. La plupart utilise le jus et la poudre qu’elles ajoutent  à  leurs  produits.  Forever  fait  ses  produits  à  base  de  l’Aloé  vera  Barbadensis  muller (le  meilleur  des  300  variétés). L’Activator renferme  99,6 % d’aloès; le Gel  97 %.  Là  est  toute  la  différence. Cherchez  à  savoir  quelle  est  la  teneur  d’aloès  dans  les autres  produits. Forever  est  la  première  à  avoir le label de qualité du Conseil International des Scientifiques de l’Aloès, qui  certifie  que la qualité et  la  teneur  est  au  plus  haut  degré  dans  ses  produits. Forever  détient  l’unique  brevet  de  stabilisation  à  froid du  gel  d’aloès. En  plus Forever n’utilise pas  la  peau  de  la  plante  qui  sert à fertiliser  les champs. Elle renferme de l’aloéine toxique, produite  par  la  plante  pour  se  protéger.

 

Merci infiniment manager Sisssoko pour avoir partagé avec nous votre passion et vos connaissances sur l’Aloe vera. Votre mot de la fin.

C’est a moi de vous remercier pour m’avoir donné l’opportunité de partager les bienfaits de l’Aloès sur la santé et le bien être de l’humanité.


Bénin : Un projet de révision constitutionnelle à polémique

 

Enfin depuis ce 15 mars, le projet de loi portant modification de la constitution du 11 décembre 1990 est sur la table des députés de l’Assemblée Nationale pour examen et adoption. Il est aussi, par la même occasion, rendu public. 43 articles de l’ancienne constitution ont été modifiés et 15 nouveaux ont été créés, ce qui fait un total de 58 articles sur les 160 articles que compte le projet de loi, soit un taux de renouvellement de 36 %.  Plusieurs articles de ce projet sont controverses et la population craignant une révision à la hussarde tire la sonnette d’alarme. L’Union Nationale des Magistrats du Bénin (UNAMAB) réclame, pour sa part, un retrait pur et simple du projet controversé.

Quid des grandes reformes institutionnelles annoncées par le chef de l’Etat, Patrice Talon ? La montagne a-t-elle accouché d’une souris ?     Focus sur les articles 42, 137 et 145

 

 Un projet de révision constitutionnelle mort né

On s’attendait à un toilettage ciblé qui redonne vigueur et élan au système démocratique béninois et à la gouvernance économique du pays, à l’arrivée on a une reforme massive. Conformément à la promesse du chef de l’Etat, ce projet de révision constitutionnelle consacre le mandat unique de 6 ans, ce qui est déjà en soi une violation du consensus de 1990, mais contre toute attente, il consacre le renforcement des pouvoirs du chef de l’Etat, l’affaiblissement des pouvoirs du législatif et du judiciaire.

A l’analyse, le sentiment général qui se dégage est celui d’une révision constitutionnelle taillée sur mesure qui fait la part belle à l’establishment. Sur l’ensemble des articles impactés par cette reforme, deux catégories se dégagent, le politiquement acceptable et le politiquement inacceptable. Dans cette dernière catégorie, les articles 42 nouveau,  62-3, 137-2, 145 nouveau, interpelle tout particulièrement. Chacun d’eux constitue une raison suffisante pour vouer le projet aux gémonies et ensemble, ils rendent le projet mort -né.

 

Article 42-nouveau,  le sens interdit

La constitution du 11 décembre 1990 en vigueur actuellement au Bénin fixe les conditions de sa révision et consacre les articles 42, 44 et 54, issus du consensus national de 1990, intangibles.

Il y a plus. Une jurisprudence de la cour constitutionnelle  en 2011 a, dans une décision, établi l’intangibilité de certaines dispositions de la Constitution du 11 décembre 1990 contenues dans les articles 42, 44 et 54. Pour faire simple, cette jurisprudence fait du nombre de mandat, un article de la constitution non révisable. De ce point de vue, l’article 42 nouveau n’est pas recevable au titre de révision constitutionnelle. Pour ce faire, il aurait fallu convoquer une constituante et non une révision. On ne peut que s’étonner du fait que cette méprise vienne du garant même de cette constitution.

 

Article 137, le clan des intouchables

De mémoire de béninois, l’une des insuffisances relevées à propos de la constitution du 11 décembre 1990 est  la nécessité de réunir les 2/3 du vote du parlement avant le déclenchement de toute poursuite ou d’une mise en accusation contre les ministres et le président de la république. A cause de cette disposition aucun ministre mis en cause dans les nombreuses affaires de la gouvernance Boni Yayi n’a pu être présenté devant les juges de la Haute Cour de Justice. Cette révision constitutionnelle était censée alléger la procédure de saisine devant la Haute Cour de justice. Paradoxalement, l’article 137-2 maintient la même disposition.

Qu’il nous souvienne, le dernier scandale en date de l’ère Boni Yayi est l’affaire dite PPEA-II, un détournement en 2014, d’une aide d’environ 2,6 milliards de francs CFA (3,9 millions d’euros), octroyés par les Pays-Bas pour le financement de nombreux forages de puits devant être réalisés   sur toute l’étendue du territoire mais dont hélas les fonds ont disparu. Les Pays-Bas, ulcérés par ce détournement ont suspendu leur coopération avec le Bénin dans le domaine de l’accès des populations à l’eau potable. Barthélemy Kassa, ministre de l’Energie et de l’Eau au moment des faits est mise en cause dans cette affaire de détournement, mais sa culpabilité reste à déterminer par la haute cour de justice. Contraint à la démission par Boni Yayi il s’est fait élire, dans la foulée, député à l’Assemblée nationale, 7è législature et bénéficie de l’immunité parlementaire. A ce jour, la levée de son immunité parlementaire, par le vote à majorité simple de ses pairs pour son éventuel traduction devant la Haute de justice n’a pu être obtenu, et à fortiori sa mise en accusation toujours au parlement par le vote des 2/3 des députés.

Partout ailleurs, il y a un code d’honneur qui veut que dès lors qu’un élu ou un ministre  est mis au banc des accusés, il démissionne pour laver son honneur devant la justice.  Au Bénin, l’article 137 du projet de loi apparaît comme un bouclier constitutionnel derrière lequel s’abrite “le clan des intouchables de la république“. La nature humaine n’est parfaite en aucun genre, de même en aucune espèce. Président, ministre, députés sont comme tous, sujets à corruption, fraudes, prises d’intérêt, abus de biens sociaux, abus de pouvoir, tricheries aux élections, affaires de mœurs, scandales politico-financiers.  La constitution ne saurait être une loi à deux vitesses. Quiconque est sur la sellette, sans autre forme de procès, doit répondre de ses actes.

 

Article 145 nouveau, le complot permanent

Nous ne le dirons jamais assez, la démocratie est une modalité de l’État dans laquelle l’instrument du pouvoir est représenté par les institutions constituées par les représentants du peuple. Au nombre de ces institution on trouve au sommet l’exécutif et à la base le législatif. Comme le nom l’indique, l’exécutif exécute les textes de loi votés par le « législatif.  La démocratie est donc un jeu des institutions. Or le projet de loi stipule à son article 145 nouveau : Les traités de paix, les traités ou accords internationaux, ceux qui modifient les lois internes de l’Etat, ceux qui comportent cession, échange ou adjonction de territoire, ne peuvent être ratifiés qu’en vertu d’une loi. Toutefois, les conventions de financement soumises à ratification, sont ratifiées par le Président de la République qui en rend compte à l’Assemblée nationale dans un délai de quatre-vingt-dix jours. Cette volonté de l’exécutif d’avoir ses coudées franches par rapport au financement est, à la limite, suspect. Ainsi la seule institution présidentielle recherche le financement d’un projet de développement, le négocie, le signe et le ratifie avant d’en informer le parlement. C’est le model parfait de l’autocratie. Une fois encore on ne peut que s’étonner qu’un tel schéma soit proposé par un grand homme d’affaires qui connait, mieux que tous, l’importance du conseil d’administration. Cet article n’a pas de raison d’être

 

Les dispositions souhaitées mais non au rendez-vous

Enfin que dire de toutes les dispositions que d’aucun souhaiterait voir graver dans le marbre de notre république et qui ne sont pas pris en compte par ce projet de loi. L’assemblé nationale vote les lois de la république et règle les comptes de la nation. Vu l’impact des lois dans le vivre ensemble et le développement, la pertinence et l’équité des lois sont d’une importance capitale dans une démocratie moderne. Or ces deux critères sont en lien avec la clairvoyance et l’humanisme des députés et sont tributaires de leur niveau d’instruction. Je proposerais qu’un article de la constitution fixe un niveau d’instruction minimum équivalent au bac comme critère d’éligibilité pour les députés et les maires de commune et d’arrondissement.

 

Quoi qu’il en soit, le président, dans son allocution du jeudi, 23 mars a réaffirmé sa bonne foi sur le projet par lui présenté et nous osons le croire. Toutefois on doit aussi lui rappeler que l’enfer est pavé de bonnes intentions. Les voix, de plus en plus, nombreuses qui s’élèvent dans le pays contre ce projet sont aussi de bonne foi. Seul un consensus, le plus large que possible, apaisera les uns et les autres.


Bénin: du président Talon et du mandat unique

Patrice Talon.  Crédit image Yanick Folly

 

Dans son discours d’investiture, l’actuel chef de l’Etat du Bénin, Patrice Talon, s’est engagé à opérer des réformes politiques et institutionnelles pour restaurer l’image du pays afin de susciter la confiance des investisseurs. Au nombre des reformes institutionnelles annoncées, le président Talon propose de faire passer le mandat présidentiel d’un quinquennat renouvelable une fois à un mandat unique. Une innovation politique que la constitution du 11 décembre 1990 en vigueur, en son article 42, ne permet pourtant pas, mais à laquelle tient mordicus le président Talon. Une posture difficilement conciliable avec le mot d’ordre de  rupture et de bonne gouvernance prôné par son régime. Comment réviser ce qui ne doit pas  être révisé ? C’est le défi que s’est lancé le président Talon. Un exercice qui passionne, mais surtout qui interpelle.

Sur la proposition du président Talon

C’est bien connu, depuis la campagne présidentielle, le candidat Patrice Talon a proposé, s’il était élu,  d’instaurer, entre autres reformes, un mandat présidentiel unique et un financement public pour les partis politiques. Pour le président Talon : « C’est la quête du second mandat qui empêche la réussite du premier ». Aussi propose t-il un mandat unique qui enlèverait au président l’incitation à étouffer l’opposition ou à distordre les politiques publiques dans le but de renouveler son mandat. Conclusion a priori logique. Toutefois à y voir de près, la proposition n’est pas originale dans sa forme, et pas opportune dans sa planification. De plus, même si elle semble pertinente dans sa finalité, elle ne parait pas orthodoxe dans son modus operandi.

Sur le principe du mandat unique

De toute évidence, il y a beaucoup d’enjeux attachés à la réélection du président sortant, qui inhibent l’action publique et paralyse l’économie dès la troisième année de son quinquennat . Obnubilé par la pression de la nouvelle campagne qui s’annonce, le président se livre à des effets d’annonce qui entraînent l’action publique dans des distorsions à  fortes doses de clientélisme frustrant, comme on a pu l’observer en 2009-2010 sous le régime Boni Yayi. Vu sous cet angle le mandat unique est une innovation progressive. Désormais, plus soucieux de sa propre réélection, le président va s’employer à fond pour attacher un bilan positif à son passage à la magistrature suprême. Mais il peut aussi se complaire dans les ors de la république ou ne travailler que pour favoriser son parti ou son dauphin désigné, comme on a pu le voir, toujours avec Boni Yayi, en 2016 au profit du candidat Lionel Zinsou.

Le mandat unique est un principe qui est dans l’air du temps, en France en particulier ou la question a fait l’objet de plusieurs rapports en 2015 et 2016 à l’assemblée nationale. Il est même en vigueur en Colombie (mandat de 4 ans), au Paraguay (mandat de 5 ans) et au Mexique (mandat de 6 ans). Au Mexique il est instauré depuis 1934 avec un régime présidentiel comme au Bénin. Toutefois, depuis 80 ans, le président a toujours été issu du parti libéral, à l’exception de la décennie 2000-2012 où le président était issu du parti conservateur. Ceci indique que le mandat unique n’est pas original, mais il reste encore et marginal et ne garantit pas l’alternance.

 

Sur les limites de la reformes proposée au Bénin

Aussi pertinent qu’il puisse paraître, le mandat unique, pour devenir une réforme réussie doit passer par une révision de l’article 42 de la constitution du 11 décembre 1990. Seulement voila,. une jurisprudence de la cour constitutionnelle  en 2011 a dans une décision établi l’intangibilité de certaines dispositions de la Constitution du 11 décembre 1990 contenues dans les articles 42, 44 et 54. Il s’agit “…du nombre de mandats présidentiels, de la limitation d’âge pour les candidats à l’élection présidentielle et de la nature présidentielle du régime politique dans notre pays…”. Pour faire simple, cette jurisprudence fait du nombre de mandat un article de la constitution non révisable. Du coup, la mise œuvre de la reforme sur le mandat unique ne peut se faire soit que par revirement jurisprudentielle de la cour constitutionnelle ou par référendum pour faire évoluer la jurisprudence.

Or, la question du mandat unique, soit qu’elle est mal comprise, soit que sa pertinence n’est pas bien perçue, divise.  Aussi bien dans les médias, dans les partis politiques, dans la société civile, les avis sont très partagés sur la question. Même au sein de la Commission Djogbénou, du nom de l’actuel garde des sceaux, instituée par le président Talon pour lui faire des propositions de reformes politiques et institutionnelles dans l’esprit de la conférence nationale de février 1990, les débats ont été houleux et le consensus introuvable au sujet la question du mandat unique de l’avis même du rapporteur de la commission.

Sur l’alternative raisonnable

Du moment que l’unanimité est faite sur l’essentiel des autres propositions de reformes attendues par les béninois, pourquoi ne pas aller à l’essentiel et reporter à plus tard la question du mandat unique.  Une posture jusqu’au-boutiste sur le mandat unique qui en définitive n’est qu’une question marginale étonne plutôt.

Pour qui connait  bien le Bénin, la problématique de la révision de la constitution est capitale pour les béninois et la question  du mandat unique prôné par le président Talon est plutôt accessoire. Le risque de distorsion de l’action publique est, en réalité, plus lié aux prérogatives du chef de l’Etat qu’aux modalités du mandat présidentiel. De ce point de vue, le mandat unique peut n’être qu’une mauvaise réponse à une bonne question. Tant que le chef de l’Etat concentre entre ses mains d’énormes prérogatives, que le mandat soit unique ou double, les distorsions et exactions dans l’action publique sont inévitables. La bonne réponse serait donc de réduire les prérogatives du chef de l’Etat, afin que le pouvoir arrête le pouvoir. Rééquilibrer les pouvoirs entre institutions afin que le pouvoir arrête le pouvoir. Ainsi, les distorsions sont corrigées aux cas par cas entre exécutif, législatif et judiciaire.

Aux Etats Unis, Donald Trump n’aime pas les immigrés et ne s’en cache pas. De par ses prérogatives, il a pris un décret qui interdit l’entrée aux USA aux ressortissants de certains pays. Mais un juge fédéral, de par ses prérogatives aussi, a retoqué le décret présidentiel. Les pressions de la presse libre et des sénateurs ont aussi contribué à faire reculer le président sur bien d’autres sujets sans qu’on ait besoin de proposer un mandat unique.

Par ailleurs,  pourquoi se priver de la possibilité d’offrir un second mandat à un leader charismatique que le peuple jugerait l’homme de la situation le cas échéant?

Sur l’inacceptable

Pour un gouvernement qui revendique la bonne gouvernance et surtout la rupture, porter une reforme constitutionnelle qui viole manifestement la loi n’est pas preuve de bonne gouvernance. Aussi pour être cohérent avec lui-même, la démarche idoine serait  d’introduire un autre texte constitutionnel. Il s’agira donc de solliciter un nouveau consensus pour rendre caduc celui de février 1990. Dans tous les cas, quelque soit l’option choisie par le chef de l’Etat, révision constitutionnelle ou nouvelle constitution, le consensus national (institutionnel, politique et populaire) qui passe par un référendum est de rigueur. Un règlement à l’amiable, comme seuls les politiciens en ont le secret, pour adopter la reforme par voie parlementaire serait inacceptable. Pour le moment, tous les regards sont tournés vers le gouvernement pour connaitre l’option retenue par le chef de l’Etat. .Vivement que son choix soit celui de la dépense énergétique minimale. Il y va de sa crédibilité et surtout de la fiabilité de l’action publique pour la suite de son mandat.


Imaginez le général De Gaule mis en examen 

François Fillon. Crédit RFI

« …Qui imagine le général De Gaule mis en examen ?… »

La question porte, en soi, une forte charge symbolique

Et comme il fallait s’y attendre, son effet fut dévastateur.

L’accusé c’est l’ex président Nicolas Sarkozy,

Mis en examen dans l’affaire Bygmalion entre autre*

Et candidat à la primaire de la droite et du Centre.

L’accusateur n’est nul autre que l’ex premier ministre François Fillon

Egalement candidat à la primaire de la droite et du Centre.

Par cette formule assassine,

Le très catholique, conservateur et intègre François Fillon

Fait la leçon de moral à son challenger et ça a fait mouche.

Les uns après les autres il a évincé tous les candidats à la primaire

Avec 66,6% des voix, il remporte la primaire à droite.

Il sera le porte flambeau de la droite à la présidentielle de 2017

Dans un contexte où la gauche au pouvoir est aux abois,

Et l’extrême droite qui attend toujours ses lettres de noblesse,

Autant dire que l’Elysée est offert sur un plateau d’or à François Fillon

Avec lui, le gaullisme est de retour,

Et le redressement de la France en marche.

Mais une certaine presse n’entend pas la chose de cette oreille.

Eh oui, la presse ! Encore la presse ! Toujours la presse !

Premier de cordée, le canard enchaîné jette un pavé dans la mare.

François Fillon est soupçonné d’avoir fourni un emploi fictif

à sa femme Penelope  et à deux de ses enfants sur plusieurs années.

Mensonge, campagne de calomnie, s’indigne François Fillon.

Il souhaite que la justice s’en saisisse et tire au clair cette affaire.

Dame justice invoquée, s’auto-saisie.

Après des enquête préliminaires, une information judiciaire est ouverte.

Adoptant une posture de victimisation, il n’en démord pas :

«  Je ne me reproche de rien, tout ce que j’ai fait est légal »

Il parle d’assassinat politique accuse pêle-mêle, s’excuse au passage.

Du reste, il ne compte pas se retirer et s’en remet au jugement du suffrage universel.

Même convoqué par le juge en vue de sa mise en examen formelle ;

« …ça n’est pas seulement moi qu’on assassine, mais l’élection présidentielle »,

Il persiste et signe : « je suis le seul capable de barrer la voie au Front National ».

Mais n’étant plus irréprochable, les appels à son renoncement se multiplient

Mais rien à faire, son projet est le seul capable de redresser la France.

« Je ne céderai pas, je ne reculerai pas ! »

« …J’irai jusqu’au-bout, je m’en remets au peuple français ».

Bon! Qui avait dit d’imaginer le général De Gaule mis en examen ?

C’est François Fillon, Pardi!  mais c’était à propos de l’autre.

Et il dit quoi, le Général, là?

Le général, c’est le général et lui  c’est lui.


Pénélope Fillon : la femme qui ne dit rien

 

Pénélope et François Fillon. Crédit France 24.

Depuis le 25 janvier, François Fillon, ancien Premier ministre français aujourd’hui candidat à la présidentielle, est soupçonné premièrement, d’avoir fourni un emploi fictif d’attachée parlementaire à sa femme Pénélope pendant plusieurs années, deuxièmement, d’avoir privilégié deux de ses enfants en les faisant rémunérer grassement en tant que stagiaires au Parlement. Depuis cette date, on entend tout le monde parler du « Pénélope Gate » sauf la principale concernée, qui se mure dans un silence qui interroge. Silence coupable ou silence stratégique ? Les avis restent partagés.

« Oui, j’ai employé mon épouse comme collaboratrice. Elle a ensuite été la collaboratrice de mon suppléant. Elle a donc occupé ce poste pendant 15 ans pour un montant de 3677 euros net. Un salaire parfaitement justifié pour une personne diplômé de Droit et de Lettres. » a expliqué François Fillon lors de sa grande conférence de presse en forme d’opération « vérité et réconciliation ».

Preuves à l’appui, Le Canard Enchaîné a mis en doute la réalité du travail effectué par Pénélope Fillon et le parquet national financier a ouvert une enquête préliminaire pour « détournement de fonds publics ». Parole des uns contre parole des autres, il reviendra au juge de statuer.

Dans cette tempête politico-médiatique, force est de constater que la principale protagoniste de l’affaire, Pénélope Fillon, n’a pas dit un mot. Aucune intervention de quelque nature que ce soit, aucune prise de parole, rien. Rien pour situer l’opinion publique.

De ce point de vue, elle fait penser à « La môme néant » du poète Jean Tardieu :

« Quoi qu’a dit ?

– A dit rin.

Quoi qu’a fait ?

– A fait rin.

A quoi qu’a pense ?

– A pense à rin.

Pourquoi qu’a dit rin ?

Pourquoi qu’a fait rin ?

Pourquoi qu’a pense à rin ?

– A’xiste pas. »

Sauf que Pénélope Fillon n’est point une môme, elle existe bel et bien et pourtant elle ne dit rien ! Chez les Fillon,  depuis le début de cette affaire, seul le mari, François Fillon, la main sur le cœur, et le cœur meurtri, s’indigne, proteste, affirme, confirme et atteste… Il s’embrouille, embrouille son camp “Les Républicains“ sur lequel il fait peser la menace de la justice contre tout « plan B » et chamboule totalement le jeu politique de la France à deux mois et demi de l’élection présidentielle.

Dans cette affaire, où la dignité de la personne est plus ou moins en jeu, ce silence de la part d’une femme française, européenne, éduquée, diplômée et nullement subordonnée à son mari, de l’avis même de ce dernier, a de quoi étonner. Il serait vraiment souhaitable qu’elle se prononce et donne sa part de vérité. Cela édifierait tout le monde (et en plus cela honorerait la famille Fillon !).

Mais il y a plus. La complaisance générale des militants et des cadres de la droite envers François Fillon, qui continue de battre campagne comme si de rien n’était, malgré la ruine de sa cote dans les sondages, surprend encore plus. Tout se passe comme si la droite française n’avait pas pris la mesure des enjeux du moment. A mon avis, si “Les Républicains“ ne condamnent pas unanimement François Fillon pour le mettre face à ses responsabilités, c’est François Fillon qui les condamnera à cinq nouvelles années d’opposition.

Vu d’Afrique, le souhait d’entendre Pénélope Fillon est largement partagé. Tous les événements qui touchent à un pilier de la modernité politique en France font presque jurisprudence en Afrique, ceci explique donc cela.

 


Afrique: A quand le Cfaxit ou exit franc CFA

 

En Afrique francophone, le franc CFA fait polémique. Entre ceux qui prônent la fin de l’arrimage du CFA à l’euro et ceux qui alertent sur les difficultés post CFA, les instances techniques et les décideurs politiques, affichent un silence déconcertant. Avantage ou handicap pour les économies africaines, quel avenir pour le franc CFA ?

 

Créé le 25 décembre 1945, le franc CFA a cours dans au moins 14 pays francophones et lusophones d’Afrique de l’ouest et centrale. La signification du franc CFA a évolué avec le temps, en fonction des contextes politiques. A sa création en 1945, la signification du franc CFA était alors Franc des Colonies Françaises d’Afrique, puis de  1958 aux indépendances, sa dénomination est : franc de la Communauté Française d’Afrique. Aujourd’hui franc CFA signifie franc de la Communauté Financière d’Afrique dans les pays de l’Afrique de l’ouest et  franc de la Coopération Financière d’Afrique centrale en Afrique centrale. Initialement arrimé au franc français, le franc CFA a une parité fixe avec l’euro depuis 1999, ce qui lui confère une forte stabilité (1 € = 655,957 F CFA). Mais depuis quelques temps, plusieurs voix, et non des moindres, s’élèvent sur le continent pour dénoncer cette parité fixe avec l’euro qui serait plus un carcan qu’un avantage. A l’instar du Brexit, ces derniers réclament un Cfaxit pour une gouvernance monétaire souveraine et à leur avis plus avantageuse pour l’économie des pays de la zone franc CFA.

Ce samedi 7 janvier 2017, les panafricains anti-CFA organisent pour la première fois, de manière concomitante dans 12 capitales en Europe, en Afrique et à Haïti, une conférence sur le thème du franc CFA et de la nécessité de l’éradiquer de l’Afrique définitivement. Pour les organisateurs de cette mobilisation, il s’agit d’apporter leur contribution au débat sur cette devise et sur les moyens de sortir de la servitude monétaire. L’occasion pour moi de revisiter les nombreuses paradoxes et  ambiguïtés liées au franc CFA.

Y a-t-il véritablement un problème CFA ?

Incontestablement oui, le franc CFA pose problème à plus d’un titre. Il est censé être une monnaie africaine,  mais il n’est pas contrôlé par les instances monétaires africaines. Loin de là. Ceci engendre une série de distorsions conséquentes.

Le franc CFA est la devise officielle de huit États d’Afrique de l’Ouest : le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo  formant l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), dont l’institut d’émission est la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), et  de six États d’Afrique centrale  le Cameroun, la République centrafricaine, la République du Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale et le Tchad, formant la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), dont l’institut d’émission est la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC). Il a une parité fixe à l’euro ce qui lui confère une grande stabilité.

Toutefois, les deux banques centrales des zones CFA n’assument pas elles-mêmes la parité de leur monnaie avec l’euro, c’est le Trésor français, c’est-à-dire le budget de l’État (et non pas la Banque de France), qui en a la charge.  En contrepartie de cette convertibilité, les pays de la zone franc ont l’obligation de centraliser et de déposer 50 % de leurs réserves de change auprès du Trésor public français sur un compte d’opérations ouvert au nom de chacune des banques centrales. Du coup, aucune décision de la CEMAC, de l’UEMOA et de leurs banques centrales ne peuvent être prises sans l’accord de la Banque de France.

Ainsi, les pays de la zone franc ont une monnaie physiquement fabriquée en France et les réserves de change de leur banques centrales sont déposées auprès du Trésor public français ce qui pose la question de la souveraineté de ces pays  africains sur leur monnaie et que dénonce plusieurs économistes africains. Par ailleurs la garantie de convertibilité assurée par le trésor français implique que la valeur externe du CFA est ainsi déléguée à une entité extérieure, le Trésor français, qui bénéficie de ces devises pour son propre financement. De la découle la grosse critique de Frein au développement des pays africains formulée par les pourfendeurs de l’arrimage du CFA  à l’euro.

Ce modèle de fonctionnement est d’autant plus ambiguë qu’il est une exception dans toute l’Afrique. Autrement dit tous les autre pays ont leur propre devise, leur propre banque centrale, gèrent eux même leur réserve de change et ils s’en sortent avec plus de bonheur que de malheur.

Arrimage CFA- Euro, attelage d’une carrosse locomotive

La monnaie est un instrument d’échange économique, c’est l’ensemble des moyens de paiement que les individus et les Etats utilisent pour acheter des bien et services à d’autres individus ou à d’autres Etats. Moyen d’échange, mais aussi et surtout unité comptable utilisé pour établir les prix des bien et de comptabiliser les crédits et les dettes, la monnaie est le nerf de la guerre de la croissance économique et du développement. Pour jouer pleinement son rôle, la monnaie doit assurer à l’économie, les crédits nécessaires à son développement, un objectif que l’arrimage du franc CFA à l’euro ne facilite pas.

Dans un ouvrage paru en octobre 2016 aux éditions La Dispute, “ Sortir l’Afrique de la servitude monétaire. À qui profite le franc CFA ?“, un collectif d’économistes mené par le Togolais Kako Nubukpo, le Sénégalais Demba Moussa Dembélé et le Camerounais Martial Ze Belinga au nom de revendications souverainistes, qualifient le franc CFA de relique coloniale et remettent en question son régime de change fixe.

Pour Kako Nubukpo, économiste de renom, ancien chef de service au siège de la BCEAO à Dakar entre 2000 et 2003, ancien ministre togolais de la prospective et opposant actif au franc CFA, le ratio crédit à l’économie sur PIB dans les pays de la zone franc est de 23 % quand il est de plus de 100 % dans la zone euro. Ceci fait qu’il est quasiment impossible aux pays de la zone CFA de rattraper les économies émergentes si le franc CFA reste arrimé à l’euro.

«Le franc CFA, accroché à l’Euro par une parité fixe, est une monnaie qui donne l’impression d’être riche» explique l’ancien ministre du Plan du Togo Kako Nubukpo. «Cela fait baisser le coût des importations mais plutôt que produire par vous-même, vous avez alors tendance à importer ce que les autres produisent», précise l’économiste togolais. Toujours selon lui, « les économies de l’UEMOA souffrent d’un problème de compétitivité-prix à l’export, du fait de l’arrimage du franc CFA à l’euro, monnaie forte s’il en est. Or, une monnaie forte agit comme une taxe sur les exportations et une subvention sur les importations, rendant difficile l’obtention de l’équilibre de la balance commerciale ».

En effet, le franc CFA est une monnaie qui faciliter l’extraction de surplus économique de l’Afrique vers l’étranger sans risque de change, or sans le CFA, l’importation en Afrique des marchandises seraient hors de prix, ce qui n’est pas le cas actuellement.  Ainsi le franc CFA facilite l’exportation des capitaux et freine l’exportation des marchandise
Vu sous cet angle, l’arrimage du franc CFA à l’euro est comparable à un carrosse attelé à une locomotive. C’est une liaison dangereuse qui engendre des ajustements très difficiles à soutenir pour les économies africaines.  Pour Kako Nubukpo,  » Aujourd’hui, le franc CFA via son rattachement à l’euro est beaucoup plus déterminé par les événements au sein de la zone euro que par la conjoncture au sein de la zone franc, c’est une hérésie !“

Quel avenir pour le CFA

La grande erreur à ne pas commettre est de jeter le bébé avec l’eau du bain. De toute évidence, tout n’est pas mauvais dans le système franc CFA tel qu’il existe à l’heure actuelle. Il présente quelques atouts non négligeables.

Le franc CFA fonctionnant comme un pot commun de devises, la zone permet un équilibre global des réserves monétaires. Toutefois, bien que portant  le même nom de franc CFA et ayant (actuellement) la même parité avec l’euro le franc CFA de la BCEAO (XOF) et le franc CFA de la BEAC (XAF) ne sont ni interchangeables ni convertibles entre elles. L’UEMOA et la CEMAC ne forment donc pas une zone monétaire commune mais deux zones juxtaposées. Mais du fait de la mise en commun des réserves de change au niveau de ces deux zones, il est possible d’envisager un protocole d’unification des deux francs CFA pour créer une zone monétaire unique forte et solidaire. Chaque zone peut tout aussi s’individualiser et s’émanciper du giron du trésor français

Enfin l‘hypothèse la plus  plausible  est celle de voir le CFA de la zone UEMOA s’arrimer au projet de monnaie unique de la CEDEAO sous le leadership du Nigeria. Lors de la 49eme session ordinaire tenue à Dakar le 4 juin 2016, le projet est renouvelé et le président Maky Sall a suggéré la mise en place d’un institut monétaire et d’un banque centrale communautaire. Un mécanisme similaire devra être trouvé pour la zone CEMAC.

Vivement que la campagne de mobilisation contre le CFA en cours contraigne les dirigeants africains  à ouvrir le débat sur la gestion monétaire et la pertinence du CFA pour le développement en Afrique.


Et si Yaya Jammeh jouait au poker menteur ?

Le président gambien sortant, Yaya Jammeh, a annoncé vendredi 9 décembre qu’il rejette les résultats de l’élection présidentielle du 1er décembre. Une élection  pour laquelle il avait, une semaine auparavant, dans une déclaration télévisée, reconnu sa défaite face à l’opposant Adama Barrow. La question se pose désormais de savoir quel avenir pour l’alternance démocratique en Gambie. Plus globalement, à quelle crédibilité s’attendre pour les systèmes démocratiques africains ?

Avec Yaya Jammeh, une surprise peut en cacher une autre

L’information est tombée vendredi 9 décembre au soir. Ce que tout le monde redoutait depuis le début arriva. Le président sortant de la Gambie, Yahya Jammeh, rejette les résultats de la dernière présidentielle, qui le créditaient de 36 % des voix contre 45,5 % pour l’opposant  Adama Barrow et 17,8% pour le 3e candidat, Mama Kandeh. On se souvient, à l’annonce des résultats, au lendemain du scrutin, il avait contre toute attente reconnu sa défaite. Dans une opération de charme, il a appelé son challenger et l’a félicité de sa victoire.

Ce vendredi 9 décembre au soir, ce fut plutôt une opération de rectification. Dans une allocution diffusée à la télévision et la radio nationale, il déclare que l’élection a été truquée, notamment par la commission électorale : « Autant j’ai accepté les résultats car j’ai cru que la commission était indépendante et honnête, désormais je rejette les résultats dans leur totalité. Laissez-moi répéter : je n’accepterai pas les résultats ».

Concrètement, Yahya Jammeh accuse le président de la commission Alieu Momar Njie d’avoir truqué la compilation des résultats, mais ne demande  pas un nouveau comptage des voix. Il a plutôt appelé à de nouvelles élections présidées « par des gens craignant dieu ».

Après un tel revirement, que va t-il se passer à présent ? Quel avenir pour l’alternance démocratique en Gambie ?

Certes, dans une allocution claire et ferme, Adama Barrow a dans une allocution claire et ferme, par média interposé :  « Yahya Jammeh n’a pas l’autorité constitutionnelle pour invalider les résultats ni pour convoquer un nouveau scrutin (…) La Commission électorale est la seule autorité compétente pour annoncer le résultat des élections et pour en déclarer le vainqueur (…) Nous appelons Yahya Jammeh à respecter le processus de transition et à léguer le pouvoir à la fin de son mandat en janvier. J’exhorte Yahya Jammeh à respecter la volonté du peuple ».

Certes, Adama Barrow a le soutien inconditionnel de la communauté internationale, notamment de l’Union Africaine, des USA, de l’Union Européenne et surtout du Sénégal, le grand voisin de la petite Gambie.

Mais, malgré toutes ces considérations, force est de reconnaître que la question est pourtant loin d’être réglée. Si victoire il y a, il reste la gestion du pouvoir : elle doit passer par une passation de charge entre le sortant Yaya Jammeh et l’entrant Barrow, et là réside le nœud de la crise actuelle en Gambie. Après l’épreuve des urnes, faut-il se résoudre à l’épreuve des armes ou à la résignation ?

A mon avis, une lecture minutieuse de l’évolution de la situation post-électorale en Gambie fournit quelques pistes pour cerner les raisons du revirement pathétique de Yaya Jammeh et peut être aussi quelques clés pour une sortie de crise en Gambie.

Le poker menteur de Yaya Jammeh

Après 22 ans de pouvoir sans partage, Yaya Jammeh est conscient de son discrédit, aussi bien aux yeux de ses concitoyens que de ceux de la communauté internationale.  Il est conscient des abus et exactions commis sous sa responsabilité, et des représailles possibles à son encontre, s’il n’a plus la protection du pouvoir. Son geste inattendu de reconnaissance de sa défaite à l’élection présidentiel apparait donc comme un acte de repentance et de rachat de ses fautes et abus. Il espérait en retour une reconnaissance et une admiration unanime, gage pour lui d’une retraite honorable.  Mais en une semaine, qu’a-t-il observé ?

Certes, quelques éloges, mais pour la première fois, de nombreux Gambiens ne se cachent plus pour critiquer Jammeh et déclarent ouvertement leur soif de changement et de justice.  Mais il y a plus.

Le souhait de le voir traduit devant la justice nationale ou internationale est largement partagé et le comble pour un dictateur sortant, le président entrant a, lui-même, réitéré qu’il n’a jamais dit que Yaya jammeh ne serait pas poursuivi par la justice. Il voulait une porte de sortie honorable, mais tout lui indique la CPI. Dans une telle perspective, que gagne t-il à quitter le pouvoir ? Il considère qu’il vaut mieux rester au pouvoir vaille que vaille que de quitter le pouvoir et se voir traquer. Ainsi, le geste de reconnaissance de sa défaite fait penser à un jeu comparable au poker menteur qui lui a permis de vendre le pouvoir sans le céder. Si la contre partie obtenue est jugée satisfaisante, il le cède, sinon il le garde et fait monter les enchères.

 A mon avis  la peur et la crainte de se voir traquer et traîner devant les juridictions ont pesé dans le brusque revirement de Yaya Jammeh  plus qu’une réelle volonté de retourner aux urnes. Dans un tel contexte, il importe que les instances de décision et d’influence trouvent des stratégies pour apporter quelques garanties à Yaya Jammeh pour une passation pacifique de charges en Gambie.

Dans tous les cas, un compromis qui permet de sauvegarder la démocratie et permet au pays de faire un bond en avant sera préférable à une intransigeance qui peut faire sombrer le pays dans la violence.

Quoi qu’il en soit, Yaya Jammeh, un jour ou l’autre, directement ou indirectement, devra répondre de ses actes, mais il faut savoir raison garder et donner le temps au temps.