AGBADJE Adébayo Babatoundé Charles A. Q.

L’art divinatoire Ifa ou Fâ : quand la lumière des dieux éclaire les hommes

Orunmila le orisha de la sagesse et de la connaissance

A  l’occasion de la fête des religions endogènes, célébrée chaque année au Bénin le 10 janvier, je suis, une fois encore, heureux d’apporter par ce billet, ma  contribution  à l’événement en fournissant quelques points de repère sur la dimension fondamentale, la clé de voûte des orishas et des vodouns: l’Ifa, pour les Yoroubas, et le Fâ, pour les Fons. Toutefois, n’appartenant à aucune confrérie d’Ifa/Fâ, mon objectif est de clarifier, autant que faire se peut, pour le profane que je suis, la genèse, le principe et les caractéristiques de l’art divinatoire Ifa ou Fâ. Il a été diabolisé par le colon et reste encore un mystère pour la majorité des Béninois modernes.

L’homme et son destin

Comme Jacob, qui s’écria dans la Bible « Mon sort est caché devant l’éternel ! », l’homme est toujours poursuivi par l’énigme de son destin. Depuis la  nuit des temps, l’homme a toujours été inquiet pour son destin, car il ne le connait pas et ne peut pas y échapper. Ce dilemme lui fait peur, à cause des vicissitudes de la vie qu’il redoute. Aussi, chez tous les peuples de la terre, l’homme va s’évertuer, par tous les procédés possibles, de percer le mystère de son existence : la cause, 1′ origine de ses divers malheurs et les moyens d’y échapper. L’ensemble des procédés inventés par l’homme, en vue de sonder, de percer ce mystère, s’appelle «l’arts conjectural» et sa pratique est la divination. Dans toutes les civilisations qui utilisent l’écriture, la géomancie et la taromancie ont été, depuis l’antiquité, suffisamment expérimentées, documentées et comptent de nos jours parmi « les mancies expérimentales » ou « mancies mères ».

Chez les peuples noirs d’Afrique sans écriture, de tous les procédés expérimentés, l’IFa est l’un des moyens par excellence permettant de révéler les desseins de Dieu. C’est une technique, un art, un oracle qui permet aux devins de communiquer avec Dieu, à travers les Orishas, les ancêtres, les défunts, etc. Il est utilisé dans les moments critiques de la vie tels que les maladie graves, les décès, les naissances, les mariages, à tout moment. Ifa est le nom donné à Orunmila, la divinité de la sagesse et du, destin dans la culture yoruba du Nigéria et du Bénin. L’oracle Ifa est également connue sous le nom de Fá chez les Fons du Bénin ou d’Afá dans les cultures ewe du Bénin et du Togo. Ce nom trouve son origine dans la ville d’Ilé Ifé, au Nigéria, où selon la tradition, cet art divinatoire serait apparu en premier sur le content africain.  Du Nigéria,  l’Ifa s’est répandu en premier au bénin, au Togo puis au Ghana, en s’intégrant harmonieusement, dans ces trois pays, au vodoun.  D’ailleurs, il représente le trait d’union parfait entre les orishas des Yoroubas et les vodouns des Fons du Benin. Ceci illustre la grande parenté des panthéons des Yoroubas du Nigéria et des Fons du Bénin, même si ces deux communautés ne partagent pas la même mythologie.

Chez les Yoroubas, c’est par l’Ifa, le rituel de divination, que l’adepte prend contact avec les Orishas, et c’est Orunmila, l’orisha de la divination et du destin, qui transmet aux dieux les questions des hommes et leur apporte en retour les réponses des dieux. C’est également lui qui informe les esprits si les sacrifices destinés à les apaiser ont été réalisés comme ils se devaient. Chez les Fons du Bénin, cette fonction est tenue par le vodoun Lègba qui sert d’intermédiaire entre le monde des esprits, dont il parle toutes les langues, et le monde des humains, via la divination du Fâ, comme je l’ai déjà fait remarqué dans un article précédent. Ainsi pour ces deux communautés, seul l’Ifa, ou le Fâ, peut donner la solution à tous les maux, après en avoir révélé les causes. Il parle toujours en paraboles, en tant que système de divination. Son langage est donc symbolique et se traduit par des traits qui forment des signes, ou « Odu » en yorouba, ou « Dou » en fon. Seuls les prêtres d’Ifa, les Babalawo chez les Yorubas, ou les Bokonon chez les Fons, qui maitrisent le langage et les rites d’Ifa, peuvent décrypter chaque signe et prescrire ses recommandations ; un ministère qui nécessite un long apprentissage, en sorte une formation initiatique.

L’Ifa et le symbolisme du nombre seize

La religion des Yoruba est monothéiste. Oloddumare en est le dieu unique, absolu, créateur et source de toutes choses. Son nom signifie « Seigneur de notre éternel destin ». Oloddumare ne possède aucun autel, ni statues, ne fait l’objet d’aucun culte ni d’offrande et ne possède pas de collier. Autour de lui et sous sa puissante autorité, gravitent des divinités connues sous la dénomination de « Irunmole » ou orishas, l’équivalent des vodouns du Bénin. Les orishas sont, en réalité, objets de cultes. Parmi les orishas les plus importants, on compte : Orunmila (esprit de la divination, destin), Sango (esprit du tonnerre et des éclairs), Ochosi (esprit de la chasse, et protecteur de ceux qui ont des problèmes judiciaires), Ellegua, ou Exu ( celui qui ouvre la route), Ogun (dieu du fer), Obatala (esprit de la justice), Yemonja ou Yamaya (esprit de la fertilité et des eaux salées ; sirène), Ọya (gardien des morts et des cimetières),  Ibeji (esprit des jumeaux), Ọsanyin (esprit des médecines et de la guérison), Ọsun (esprit de l’amour, protecteur des enfants et des mères, maître des eaux douces), etc. Ils sont considérés comme les intermédiaires entre les hommes et Olodumare. Les orishas sont les divinités chargées par Oloddumare de veiller à maintenir l’ordre dans le monde matériel, c’est-à-dire d’assister les hommes dans leur destinée mais aussi parfois les contraindre à suivre cette destinée s’ils s’en écartent trop.

Selon la cosmogonie yoruba, au commencement, il n’y avait que l’eau et le chaos. Olodumare dépêcha  son fils Odudua depuis le ciel pour créer la terre à partir du chaos ce qui fut  fait. Obatala un fils du roi sculpta des formes humaines auquel Olodumaré insuffla le souffle.  Mais Olodumare autorisa uniquement Orunmila à être l’unique témoin de toutes les étapes de la création de l’univers et donc unique témoin du destin de toute la créature. Par conséquent, Olodumare  l’autorisa à descendre sur terre pour être prophète. Il est donc l’Orisha de la divination et l’oracle suprême. Il est chargé d’aider les hommes dans une évolution qui devra les amener au terme de leurs réincarnations à devenir de purs esprits dans le royaume du Orun (ciel). Pour cela Orunmila doit pouvoir adresser ses conseils et avis aux êtres humains tout au long de leur existence.  C’est par la divination de l’Ifa qu’Orunmila communique avec les prêtres spécialisés, les babalawos qui peuvent l’interpréter. Il est par conséquent le Orisha de la divination et du destin. C’est à lui que Olodumare a donné le pouvoir d’établir le lien entre les Orishas et l’être suprême, par l’intermédiaire de l’Orisha Ifa, une recette secrète permettant de pénétrer le mystère et qui  repose sur le symbolisme du nombre « seize ».

Selon la légende, Oluda, le premier roi (Oni) d’Ifa eut seize fils qui fondèrent les seize royaumes yorubas. Orunmila apprit l’art de la divination aux seize fils qui la transmirent à leurs successeurs les Babalawos (les devins ou prêtres d’Ifa). Le seize représente les seize possibilités de vie humaine. Ces seize principes appelés Odu ou Oladu, eurent à leur tour seize fils chacun représentant ainsi 256 possibilités de vie humaine. Chaque possibilité (odu) possède seize poèmes (ese) qui transmettent des indices pour les séances de divination, ce qui donne finalement 4096 scénarii possibles.

Du symbole à la pratique de l’Ifa ou du Fâ

En pratique, l’Ifa ou le Fa revêt deux aspects, il est fois divinité, mais aussi science. Certes le fa est une géomancie, un art divinatoire, mais ce n’est là que sa dimension symbolique. L’IfA est avant tout, une voie de connaissance, une doctrine initiatique, une lumière qui éclaire le sentier de la vie de tout un chacun. C’est une dimension du temps, il aide l’homme qui se réfère à lui à mieux se comprendre et entrevoir le destin au travers d’une vision plus lumineuse. Ce qui pourrait l’aider à agir sur tous les plans avec plus de sciences, d’efficacité et de sagesse. En effet, La divination du Fa repose sur un système binaire, rappelant celui des hexagrammes du Yi Jing.

La pratique de l’Ifa repose soit sur l’utilisation de 16 noix sacrées et de la planche d’Ifa (grand jeu) ou du chapelet divinatoire, « l’Opèlè » et un plateau de divination nommé : « ọpọn ifá » en yoruba (le petit jeu). Le chapelet est  constitué de 8 semi amandes de pommes cannelles consacrées et enfilées sur une ficelle d’une certaine longueur et nommée « ọpẹlẹ » en yoruba ou « agumaga » en fon. chapelet ifaIl est tenu par le milieu de sorte à former deux branches, mâle et femelle, constituée chacune de 4 demi amandes. Quelque soit la méthode utilisée, la transcription de l’oracle est la même.

Avec le chapelet, pour obtenir une réponse conséquente, la consultation nécessite trois lancements, un lancement principal et deux complémentaires. Pour chaque opération, le prêtre d’Ifa, le Babalawo réalise un lancement du chapelet après un rituel donné. Selon que les demi noix retombent  sur la partie concave (ouverte) ou convexe (fermée), il transcrit  le signe apparu sur le plateau de divination  par une valeur simple : I (position ouverte) ou double : II (position fermée). Ainsi, chacune des deux branches du chapelet peut présenter l’une quelconque des 16 combinaisons possibles ci-dessous ou combinaisons de base ou figure mère de l’oracle Ifa.

figure mère fondamentale du Fa
Les 16 figures mères fondamentales d’Ifa, avec leur nom en yoruba et en fon.

L’ordre dans lequel elles sont données est celui-ci accepté par la majorité des devins d’Afrique de l’Ouest, même s’il peut exister de petites variations selon les régions

Le chapelet ayant deux branches,  l’assemblage des deux colonnes donne une  combinaison 16 x 16, soit 256 combinaisons (odu)  en yorouba ou (dou)  en fon  qui représentent les 256 possibilités de vies humaines. Le nom de chacune des 256 combinaisons est construit à partir des deux figures mères qui la composent, la colonne de droite en premier car elle est considérée comme plus puissante et plus déterminante, elle représente le signe même, tandis que la colonne de gauche représente la maison. Lorsque les deux colonnes sont identiques, on parle de figure meji (double). Il en existe 16 qui représentent les 16 maisons géomanciques.
A chaque combinaison correspond des vers (« ese » en yoruba) qui racontent une histoire mythologique, un conte, une chanson, un proverbe, une devinette… sur lesquels le devin va se baser pour réaliser son interprétation. La tradition affirme qu’il y aurait 16 vers par combinaison odu/dou du fa, ce qui fait au total un corpus conséquent de plus de 4096 vers. En d’autres termes lorsqu’une question est posée à un babalawo (devin), il existe 4096 réponses possibles, soit autant de poèmes qui devront être interprétés par le devin pour donner une réponse. Un bon devin est supposé en avoir mémorisé le plus possible. Il est cependant admis qu’il est possible de tirer l’Ifa et de réaliser des prédictions correctes en ne connaissant que quatre vers essentiels par odu/dou. Les consultants peuvent demander une divination du Fa pour des raisons diverses et variées : se faire prédire son avenir, connaître le sort de proches passés dans l’au-delà ; ou trouver une solution à un souci de santé, un manque d’argent, un conflit, des problèmes conjugaux. La divination d’Ifa était anciennement utilisée avant chaque prise de décision importante. Les figures caractéristiques d’Ifa,  leur signification et les prescriptions essentielles de ces signes feront l’objet d’un autre article.

Le sens mystique des signes d’Ifa ou de Fâ

Afin de saisir toute la portée mystique et la signification profonde des signes, il est très important de faire une identification des quatre noix de chaque branche du chapelet d’Ifa avec les quatre éléments naturels impondérables que sont le feu, l’air, l’eau et la terre, sources de toutes énergie du monde terrestre. Les éléments du haut du chapelet (feu et air) représentant 1 ‘esprit et ceux du bas (eau et terre), la matière. Notre monde terrestre et la vie n’étant autre chose qu’une combinaison, une fusion de ces quatre éléments impondérables on retrouvera ces quatre éléments dans différentes proportions dans toute espèce créée ici-bas. Chaque entité humaine, chaque situation humaine représente une addition, une combinaison et une fusion de ces quatre éléments dans de différentes proportions et symbolisée par les divers signes. Autrement dit, chaque type humain est la manifestation du signe auquel il appartient. Le signe permet donc de révéler le type humain, son comportement, ses facultés, en un mot tout son caractère, ses spécificités ou caractéristiques essentielles.

Les dérives de la consultation de l’Ifa ou du Fâ

L’Ifa ou FA, prospecte tous les domaines de la vie sociale de l’individu : naissance, difficultés d’accouchement, travail, emploi, entreprise quelconque, mariage, vie du foyer, décès  etc…  Il aide l’homme qui se réfère à lui à mieux se comprendre et entrevoir le destin au travers d’une vision plus lumineuse, en suivant les conseils de l’oracle et en réalisant les sacrifices rituels, généralement modestes, prescrits. Ce qui pourrait l’aider à agir sur tous les plans avec plus de sciences, d’efficacité et de sagesse.

Toutefois, la consultation d’Ifa est bénéfique et sans risque pour quiconque s’en réfère, à condition, sous entendu, d’exécuter les sacrifices prescrits. A la réflexion, théoriquement,A le risque est de subir des dommages ou d’affronter des obstacles évitables et contre lesquels l’oracle vous aura prévenu. Mais en réalité le risque semble plus grand que cet aspect. Il est écrit que tu ne tenteras pas l’Eternel ton Dieu et consulter sans sacrifier apparaît comme une forme de défi de la divinité du destin. Ou s’arrête la colère de la divinité, ou commence les représailles possibles des prêtres d’Ifa ‘babalawo et bokonon)   qui ont officié la consultation et pour qui cela représente un manque à gagner? Seules la probité et  l’intégrité de ces distingués hommes peuvent en faire foi.  Aussi faut-il être bien conseillé pour ne pas tomber sur les faux dévots, nombreux dans la profession et qui font le business d’Ifa et les vrais maîtres pour qui l’aspect financier est secondaire.

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Au total Il y a seize (16) maisons géomanciques et seize (16) signes principaux. La passation des seize signes dans les seize maisons géomanciques donne un total de 256 (deux cent cinquante six) signes.  Ainsi, le Fâ est non seulement un art, mais il est surtout un livre ouvert sur la vie. Les prêtes de l’Ifa ou du Fâ, les Babalawo chez les Yoruba, ou Bokonon chez les Fons, sont à la fois des diagnosticiens, des prescripteurs, des psychologues et des psychiatres. Ce sont de grands érudits qui  savent écouter et aider les humains à régler leurs problèmes de santé, d’emploi, de couple, de promotion, de travail,  de paix, de bonheur et d’amour. « Le 21ème siècle sera religieux, ou ne sera pas », la pensée est attribuée à tort à André Malraux, mais on est bien tenté  de croire qu’il le sera, au regard de l’omniprésence du religieux dans le débat public sur l’ensemble de 5 continents. Mais ce qui est, d’ores et déjà certain, le 21e siècle est  l’entrée dans la mondialisation. Et face au foisonnement d’initiatives religieuses, des églises du réveil et des sectes islamistes, certains seraient tentés d’envisager le déclin des systèmes religieux endogènes d’Afrique ; or il n’en est rien. L’existence de ces religions continue à nourrir de leur ferveur populaire les religions révélées  (christianisme, islam). En réalité, les religions révélées sur le continent sont comme toutes fécondées par les religions endogènes, ce qui génère un néo syncrétisme non avoué auquel je consacrerai un article bientôt.

AGBADJE Adébayo Babatoundé Charles


Les mille et un paradoxes de la Démocratie béninoise

Les presidents du Benin démocratiques

Au Bénin, les élections présidentielles, sixième du genre, de l’ère du renouveau démocratique sont fixées au 28 février 2016 et les grosses têtes d’affiche en vue, viennent plutôt du monde des affaires. Curieusement, malgré le dynamisme des élites politiques du pays, sur l’ensemble des 5 scrutins organisés à l’ère démocratique, aucun homme politique n’a été élu président. Un paradoxe démocratique qui au lieu d’être une exception, tend à devenir la norme démocratique béninoise.

Au Bénin, les élections présidentielles, sixième du genre, de l’ère du renouveau démocratique sont fixées au 28 février 2016.  A moins de trois mois du scrutin, les intentions de vote manifestées se cristallisent plutôt autour des hommes d’affaire du pays au détriment des élites politiques. La classe politique béninoise, naguère financée par ces hommes d’affaires devenus aujourd’hui des concurrents, observe en spectateur le combat des titans pour le contrôle du pouvoir d’Etat qui est sa raison d’être. Les élections présidentielles prochaines  apparaissent donc comme une Offre Publique d’Achat (OPA) sur la classe politique béninoise.  L’occasion pour moi de m’interroger sur cette vicieuse propension de la démocratie béninoise. Quelles sont les raisons qui expliquent cette mauvaise pratique démocratique et comment y remédier ?

Premier de cordée du renouveau démocratique en Afrique, le Bénin est devenu avec sa conférence nationale de février 1990, le laboratoire de la démocratie en Afrique. Le pays est passé du règne du parti unique au multipartisme intégral. La constitution du 11 décembre 1990, enjeu majeur de cette conférence  proclame que le pouvoir appartient au peuple qui exerce sa souveraineté par ses représentants élus. Elle dispose aussi dans son titre premier, article 5 que les partis politiques concourent à l’expression du suffrage. Un rôle historique mais jamais assumé pour les présidentielles  par les partis de l’échiquier national.

Aussi, face aux nombreuses crises, dérives et frustrations dans la gestion des affaires de l’Etat engendrés par ces  leaderships atypiques et dans la perspective des élections présidentielles de 2016, de plus en plus de  béninois expriment le désir de voir le leadership revenir dans le giron politique. Ce désir s’est fortement manifesté autour du contrôle du perchoir de l’Assemblée après les législative de 2015. La victoire du politicien Adrien Houngbédji sur le technocrate Komi Kountché à  été perçu comme un soulagement dans le pays. Mais seulement voilà, à trois mois du scrutin présidentiel, sur la pléthore de candidature déjà annoncée, les politiciens sont aux abonnés absents. Au tableau d’affichage on compte, deux généraux fraîchement admis à la retraite (Gbian et Amoussou), deux technocrates plus ou moins à la retraite (Bio-tchané et Koupkaki), un juge d’instruction radié de l’ordre des magistrats (Houssou Angelo), quelques louveteaux politiques en mode solitaire et la grande attraction de ce scrutin, trois hommes d’affaires et non des moindres sur le starting block (Zinsou, Talon et Ajavon).

Euh oui, avec l’entrée en lice des hommes d’affaires dans la course à la magistrature suprême, la classe politique est totalement dépassée par les événements.

– Les Force Cauris Pour un Bénin Émergent (FCBE), coalition de partis qui soutiennent l’action du chef de l’Etat restent frustrés et timorés face à la décision du chef de l’Etat qui a imposé le banquier d’affaire Lionel Zinsou comme candidat unique de la coalition FCBE aux présidentielles prochaines.

– Le PRD, premier parti de l’opposition a décidé de ne pas présenter un candidat à l’interne. Son président Me Adrien Houngbédji etant forclos, ce parti a opté pour la sous-traitance. Il appellera à voter pour l’un ou l’autre des trois hommes d’affaire, probablement, une conduite dictée par les enseignements du KO controversé de 2011.

– L’Union fait la Nation (UN), le plus grand regroupement de parti de l’opposition n’en finit pas, quant à elle, de désigner son candidat. J’y vas t-y, j’y vas t-y pas, à ce jour bien malin qui peut dire si elle aura un candidat à l’interne et pour quel objectif.

– La Renaissance du Bénin (RB), autre formation phare du sud et du centre du pays est toujours, comme à son habitude, assise entre deux chaises, la chaise du pouvoir et la chaise de l’opposition. A ce jour, elle n’a pas de candidat à l’interne, elle appellera aussi à voter pour l’un de nos trois joker.

– L’Alliance Soleil, grand regroupement de partis du Nord du pays fut la première formation à porter la candidature du général Gbian, supposé son militant avant de le récuser au profit de l’homme d’affaire Patrice Talon…

Et ainsi va la démocratie béninoise, la tête en bas et les pieds en haut. Les partis politiques qui devraient frayer le chemin, attendent de voir le bout du tunnel avant de se positionner. Le constat, il faut le dire, est triste, pathétique et même dramatique. Les partis politiques sont tous naufragés et la classe politique aux abois. En somme, la démocratie est dans l’impasse. En lieu et place d’une sélection démocratique performante du président de la république, on assiste à une sélection naturelle. Le vainqueur ne sera probablement pas le plus apte, mais le plus fortuné ou le plus chanceux. Comment le pays en est arrivé là et que faire pour revenir à une pratique plus orthodoxe de la démocratie ?

Dans le modèle démocratique béninois, les partis politiques occupent le rôle prépondérant dans l’animation de la vie politique, la conquête et l’exercice du pouvoir. Un rôle à priori bien perçu par la classe politique avec  la bagatelle de 231 partis régulièrement inscrits dont au moins une vingtaine représentés à l’Assemblée Nationale. Cette richesse  de la classe politique augure d’un panel d’élites soumis au suffrage  aux différentes élections présidentielles et c’est justement là que le bât blesse. Sur les 5 scrutins présidentiels organisés à l’ère du renouveau démocratique depuis 1991, aucun homme de la classe  politique, dans le sens classique du terme, n’a été élu président. Si en 1991, l’avènement du technocrate Nicéphore D. Soglo était plus ou moins compréhensible, le processus était à son début, le come back du militaire Kérékou en 1996 était improbable et l’élection de Boni Yayi en 2006 et surtout sa réélection en 2011 sont anecdotiques. Election après élection, la ruse ou le mauvais cœur des uns, la méfiance des autres et les considérations subjectives de tous ont, à chaque fois, permis à un troisième larron de rafler la mise démocratique.

A mon sens, les présidentielles de 2006 représentent le véritable faux pas de la classe politique béninoise qui a conduit à cette dérive. En se mobilisant massivement derrière la candidature du technocrate Boni Yayi au détriment de leur pair Adrien Houngbédji, ils ont fait entrer le loup dans la bergerie et comme dit l’adage : on sait quand ça commence, on ne sait pas quand ça finira. La démocratie ce n’est pas l’égo mis en avant devant les militants, la démocratie ce n’est pas la sauvegarde des intérêts partisans, la démocratie est une exigence morale, une idéologie et une manière d’être des institutions. Nous ne le dirons jamais assez, la démocratie est une modalité de l’État dans laquelle l’instrument du pouvoir est représenté par les institutions constituées par les représentants du peuple au nombre desquelles se trouvent l’exécutif et le législatif. L’exécutif ne pouvant rien sans l’aval du législatif, lorsque les membres du législatif décident de porter à la tête de l’exécutif un indépendant, à moins de se résoudre à n’être qu’une caisse d’enregistrement, il court le risque de se détruire.

C’est d’ailleurs le cas de tous les partis actuels à l’exception du PRD. Résolument et méthodiquement, le président Boni Yayi a sapé les bases de tous les partis politiques qui l’ont porté au pouvoir en siphonnant leurs élites ou en suscitant  des rivalités en leur sein par des nominations dont lui seul a le secret. De même, il a déstabilisé presque toutes les institutions démocratiques qui au lieu de faire office de contre pouvoir, adoubent le pouvoir. L’Assemblée Nationale est à ce jour l’unique institution de la république dont le contrôle échappe au président Boni Yayi, mais tous les béninois ont été témoins de l’effort qu’il a fallu au peuple militant, après les législatives de mai 2015, pour y parvenir. La vérité est qu’il n’est pas certain qu’une autre personne en lieu et place de Boni Yayi agirait autrement compte tenu des pouvoirs en sa capacité. Le vers est donc dans le fruit.

En clair, la classe politique béninoise, Majorité comme Opposition sont responsables de la dérive actuelle du processus démocratique. Ici comme partout sur le continent, les élites politiques n’ont plus à cœur de porter les aspirations des peuples africains. Elles ne roulent que pour leurs intérêts immédiats et sont prêts à tous les deals pour parvenir à leur fin. Au quotidien, on l’observe aisément, la finalité des actions menées par les uns et les autres vise moins à rendre le processus démocratique plus transparent et plus pertinent dans la défense des libertés individuelles, la sauvegarde de l’égalité de tous et l’indépendance des institutions. La question existentialiste chez les politiciens béninois est comment faire pour être proches du pouvoir. En fait, les partis au pouvoir ont tout fait pour rendre le statut de l’opposition insoutenable, infernal. En conséquence, plus personne ne veut être opposant : « Tout le monde va à la soupe » au banquet de la démocratie. C’est cette attitude des élites politiques béninoises qualifiée par certains politologues de « ventrocratie » qui a conduit le  Bénin dans l’impasse où il est actuellement.

Faisant partie intégrante du problème, il serait naïf de compter sur les élites politiques pour rendre le processus plus orthodoxe, plus vertueux, plus pertinent. Il revient au peuple souverain aux organisations de la société civile, aux médias, au cours des reformes constitutionnelles à venir, de sortir de la logiques des hommes forts au profit des institutions fortes. Il faudra tout particulièrement encadrer le financement, le fonctionnement et le mode d’organisation des partis politiques pour mettre fin à la transhumance politique et rendre plus pertinente l’action politique.

Agbadje Adébayo Charles


Présidentielles 2016 au Bénin: Lionel Zinsou, une candidature hors du commun

Lionel Zinsou 2

Depuis sa prise de pouvoir en avril 2006, le président Boni Yayi s’est signalé par une prédilection à repérer et à coopter les béninois de la diaspora dans ses gouvernements successifs. Mme Houéto Collette, Messieurs  Pascal Iréné Koupaki, Kessyle Tchala, Victor Topkanou, Soulemane Lawani,  Lionel Agbo, Antonin Dossou et bien d’autres encore ont été, chacun en son temps, ainsi coopté par le président Boni Yayi. Lionel  Zinsou, franco-béninois, premier ministre de l’actuel gouvernement du président Boni Yayi n’est donc que le dernier des mohicans de l’aventure.

Toutefois,  quand on connait l’empressement avec laquelle Boni Yayi coopte les éminences de la diaspora quand il le juge nécessaire et la désinvolture avec laquelle il les vire quand il n’en a plus besoin comme ce fut le cas de tous les précités, le choix de Lionel Zinsou pour être le candidat unique des FCBE (sa famille politique) pour les élections de février 2016, loin de surprendre, doit conduire à rechercher ce que cache ce choix. Quel est donc l’enjeu réel de la candidature de Lionel Zinsou ?

D’abord, tout le monde sait et Lionel Zinsou aussi, que le vrai choix de Yayi Boni, son chouchou pour lui succéder,  c’est Komi Kountché,  allez  y savoir pourquoi. D’autre part, la candidature de Patrice Talon, l’ami intime devenu ennemi intime du chef de l’Etat, est annoncée et ce n’est un secret pour personne que Boni Yayi ne souhaiterait pas que Patrice Talon lui succéda au palais de la Marina.  Komi Kountché n’ayant pas encore l’âge requis pour être candidat, le choix de Lionel Zinsou par Boni Yayi pour être le candidat unique des FCBE peut donc s’analyser comme un choix par défaut et un choix stratégique pour faire le poids contre Patrice Talon. Et pour ma part, plus donc que le choix, c’est son acceptation par Lionel Zinsou qui pose problème.

Tomber comme un cheveu dans la soupe FCBE par le biais d’un remaniement ministériel en juin 2015, à vrai dire, Lionel Zinsou n’est pas un militant FCBE. On ne l’a jamais vu militer aux cotés  des FCBE et encore moins, participer à aucune bataille démocratique du peuple béninois. Mieux, les critères retenus dans l’appel à la candidature pour l’investiture des FCBE lancés par son coordinateur, exigent entre autre, l’appartenance du candidat au FCBE, son militantisme de sa capacité de mobilisation et l’exigence d’un mandat électif  ou d’un électorat confirmé, des critères qui, chacun, élimine Lionel zinsou de la course à l’investiture.

Pourtant, le secret des délibérations a porté son choix sur Lionel Zinsou, désormais appelé à porter l’étendard  FCBE aux présidentielles prochaines. Pourquoi alors présenter aux militants les critères à remplir quand on sait qu’ils ne seront pas pris en compte. Qui trompe qui et pourquoi ?

Mais le véritable hic de l’affaire c’est Lionel Zinsou lui-même. Béninois bon teint bon genre, économiste et banquier de formation, il est fortement imprégné de la culture et des usages de la France ou il a passé le clair de sa vie. C’est donc un homme moderne, un démocrate convaincu, un homme d’affaire avisé et un citoyen soucieux du devoir d’équité et du respect des normes sociales et c’est bien là que le bât blesse.

Comment un démocrate convaincu accepte-t-il de remporter l’investiture d’une alliance politique dont il est conscient qu’il ne remplit pas les critères prédéfinis pour les primaires?

Comment une personne proche des milieux politiques occidentaux, peut croire qu’un président démocrate en fin de règne conserve suffisamment d’influence pour imposer son successeur à sa famille politique?

Comment un homme avec  une éducation rationnelle accepte de s’investir dans un projet aussi irrationnel que le suffrage populaire, à moins, sait-on jamais, d’avoir reçu des assurances qu’il pourra gagner l’élection de la même manière qu’il a gagné l’investiture?

Quoi qu’on dise, cette candidature était improbable il y a huit mois, aujourd’hui elle est certaine. Pour un enjeu aussi considérable, il apparaît difficile de dire qu’elle procède d’une aspiration profonde de l’homme Lionel Zinsou, d’un appel ou d’une vocation. Elle apparaît plus, procéder de la volonté de Boni Yayi à imposer son candidat à sa famille politique et le président qu’il veut au peuple béninois.  De ce point de vue, la candidature de Lionel Zinsou serait une candidature de mission. Une mission, à mon sens, périlleuse à tous les égards.

D’abord vis-à-vis des FCBE, il apparaît comme le général d’une troupe frustrées mais désabusée qui probablement attend le dernier moment pour se prononcer, de ce coté donc Lionel Zinsou est loin d’être maître de son destin.

Quid de cette candidature si le camp du  sud ou le camp du nord des FCBE, le moment venu, déclare ne plus se reconnaître dans la candidature de Lionel Zinsou ?

De plus il n’est pas exclu que cette candidature ne soit, en réalité, qu’un jeu, un jeu de boni Yayi et des FCBE pour émietter les voix du sud du Bénin pour contrarier Talon et par  là même favoriser leur vrai candidat pour l’heure en embuscade. Les jours à venir clarifieront cet aspect du sujet.

D’autre part, vis-à-vis du peuple béninois, le soutien de Boni Yayi à Lionel Zinsou n’est pas sans péril pour ce dernier. En effet,  les 10 ans de Boni Yayi à la tête du pays ont été entachés de tant et tant de scandales qu’on ne saurait passer sous silence. Il s’agit entre autres de l’affaire des machines agricoles, l’affaire dite de la Cen-Sad, l’affaire ICC Services, l’affaire PVI- ng, l’affaire du Port sec de Tori, l’affaire Sodeco, des concours de recrutement frauduleux dans la fonction publique, un harcèlement des opérateurs économiques nationaux, une lutte folklorique contre la corruption, etc. Tous ces scandales sont encore des plaies béantes dans la société béninoise. Pour que la candidature de Lionel Zinsou soit crédible et acceptable, il faut qu’il livre maintenant au peuple son appréciation personnelle sur ces différents dossiers et ses réactions de citoyen vérifiables au moment où ils se déroulaient et comment il compte les gérer s’il était élu. Autrement, Il serait trop facile pour lui de dire, après coup, qu’il n’était pas dans le pays, qu’il n’est mêlé ni de près ni de loin à tous ces dossiers, qu’il mettra sur pied une commission pour patati patata. Dans un tel contexte, l’histoire va se répéter de façon plus dramatique qu’en 2006, car ce serait encore un autre “intrus“  qui se serait retrouvé démocratiquement au sommet de l’Etat.

Aussi, pour donner du sens à sa candidature, avant de nous exposer son plan pour créer la croissance et le développement, il faut qu’il prouve clairement qu’il  ne vient pas exonérer le président Boni Yayi de ses méfaits, qu’il ne vient pas protéger ses arrières ou plus grave encore à promouvoir les intérêts économiques et stratégiques de la France au Bénin. Les multiples navettes  du président Boni Yayi à  l’Elysée qui ont précédé sa nomination au poste de premier ministre, puis sa candidature aux présidentielles peuvent, en effet,   le laisser supposer. Cette clarification est nécessaire mais,  n’a aucune chance de se faire dans le contexte actuel de sa candidature. Ceci est alors le signe des nombreux non-dits que peut cacher la candidature de Lionel Zinsou.

En effet, il ne fait l’ombre d’aucun doute que Boni Yayi tente d’instrumentaliser Lionel Zinsou, mais c’est un couteau à double tranchants. Si le premier tranchant va servir à faucher les candidats indésirables, Talon et Consorts, l’autre tranchant sera pour censurer, après coup ses dix années de gestion chaotique du pays.

Dans  tous les cas, l’histoire retient  que les trois candidats en pôle position pour les élections de février 2016 : Zinsou, Talon et Adjavon sont tous des hommes d’affaires et personne aujourd’hui ne peut préjuger de ce que  sera la gouvernance de l’un ou l’autre de ces trois hommes. Les béninois adorent acheter les pagnes, mais pour ces élections présidentielles, c’est un pagne emballé qu’ils se préparent à acheter. Après les élections, Il peut y avoir du très bon comme il y avoir du très mauvais. Espérons que les motifs de joie seront plus nombreux que les motifs douloureux dans ce pagne national en cours de filature.

Quoi qu’il en soit, quelque soit l‘étiquette portée par l’un ou l’autre des candidats,  ce sont les béninoises et béninois qui vont voter le 28 février 2016 et leur suffrage s’imposera à tous. Il importe donc  que discernement et transparence électorale soient de mise à tous les niveaux afin qu’entre deux maux, le peuple choisisse le moindre et   que le vainqueur déclaré de la compétition soit véritablement son élu et que vive la démocratie.


La démocratie béninoise à l’épreuve de l’alternance

houngbedji et komi

Depuis 2006, le président BONI Yayi à engagé le Bénin dans une aventure très ambiguë

Le cap proposé était celui de l’émergence économique

« Ça va changer, ça doit changer », tel était le slogan qui a fait rêvé

Mais à l’œuvre, l’itinéraire suivi est jonché d’écueils et de maladresses

Un parcours chaotique émaillé de scandales de corruption, de crises sociales et politiques et de  mal gouvernance

La désillusion n’a pas tardé et tout le monde rêvait d’une alternance en 2011

Mais contre toute attente,  le président Boni Yayi a remporté ces élections dès le premier tour

Une victoire K O pour le moins curieux qui  à laissé le peuple pantois

Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, le pays à pris son mal en patience

Tous les paramètres du système indiquant une alternance certaine en 2016

Mais avec ce deuxième mandat, les choses sont allées de  mal en pis

Le concept du changement a laissé place à celui de la refondation

Et pour ce faire, dès l’entame de ce deuxième mandat

Le président Boni Yayi met  le cap sur une reforme de la constitution

Un projet plausible certes, mais dont le timing et certains détails  font véritablement débat

Le projet est suspecté de révision opportuniste pour briguer, à terme, un troisième mandat

La  main sur le cœur, le président s’en défend, mais ne démord pas

Malgré le tollé général et la farouche opposition des politiques, ses propres alliés y compris

Toute  l’activité gouvernementale  est orientée vers la révision de la constitution

A un an de la fin de son deuxième mandat, pour les élections législatives d’avril 2015

Aux cotés des candidats de sa formation politique, les FCBE

Le président a fait une campagne à l’américaine  pour la révision de la constitution

Il a demandé clairement au peuple de lui donner : « un parlement complice ».

A l’arrivée, le verdict populaire a été sans appel

33 députés pour la mouvance présidentielle contre  50 pour l’opposition antirévisionniste

Malgré ce vote populaire défavorable

Il jette son dévolu sur le contrôle du bureau de l’assemblée.

Tous les moyens ont été exploités pour réunir la majorité des 42 députés nécessaires

A l’un des plus vieux loups de l’opposition, prétendant au perchoir

Il oppose le plus jeune faucon de son gouvernement

Me ADRIEN HOUNGBEDJI contre Komi Kountché

Une affiche inédite dans les annales de la politique béninoise

Le vieux septuagénaire contre le jeune trentenaire

 Le candidat de l’opposition réunie  contre le chouchou de la mouvance présidentielle

Le candidat des antirévisionnistes contre l’enfant prodiges des révisionnistes

Dans ce combat épique, digne du David contre Goliath

C’est l’aîné qui a eut raison du jeune, à une voix prés

Dans les urnes du parlement, les 17 voix d’avance de l’opposition ont été réduites  à une seule voix

Les offres pour rallier la cause FCBE ont été, semble t-il, trop alléchantes

Quoi qu’il en soit, plusieurs députés de l’opposition ont retourné leur veste

Mais il a cruellement manqué un et pour les FCBE c’est la Bérézina

Pour l’opposition, cette victoire de justesse, n’en est que plus jouissive

Elle réconcilie le peuple et sa classe politique

Elle renforce la démocratie en rendant possible l’alternance

Elle sauve la république  et ses institutions et fortifie l’unité nationale

La rage de dent du président  a dû être tout autant jouissive

Il voulait une assemble complice

Il a gagné une assemble supplice

Il voulait une assemblée de refondation

Il a gagné une assemblée de cohabitation

A présent  que la fatalité est vaincue

Que toute possibilité de révision opportuniste de la constitution est enterrée

Vivement que le président  n’ait plus que le souci d’achever son mandat en beauté

Dans la concorde la paix et la dignité

Vivement que cette victoire soit un essai à transformer en alternance

Afin  que l’égalité de tous et le respect des libertés redeviennent les  valeurs cardinales de la démocratie béninoise


A Libreville, la journée récréative du SECEG, le syndicat des enseignants contractuels de l’Etat gabonais

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Comme de coutume chaque lundi de pentecôte, les enseignants expatriés contractuels de l’état gabonais se sont retrouvés ce lundi 25 mai 2015 sur la plage du Lycée Nationale LEON M’BA  de Libreville pour une journée récréative et de partage.

Après  deux trimestres de labeur, les enseignants expatriés contractuels de l’Etat gabonais ont choisi le lundi de pentecôte pour se recréer se divertir et se ressourcer. Fête statutaire organisée par le Syndicat des Enseignants Contractuels de l’Etat Gabonais (SECEG) à l’intention de ses membres et sympathisants, cette journée récréative du SECEG est devenue au fil des ans une fête de l’inter-culturalité rassemblant 18 nationalités africaines en république gabonaise.

Pour cette 3ème édition, les manifestations ont démarré  dès 10 heures du matin. Les participants venus des différents établissements secondaires de Libreville et environ ont répondu nombreux à l’appel. Ont également honoré de leur présence le secrétaire général de la Confédération des Syndicats du Gabon (COSYGA), Mr Martin Alini, les représentants les syndicats des Enseignants (SENA), les autorités de la tutelle et les sponsors de l’événement : ECOBANK Gabon, Moov Gabon, FINAM, LOXIA et Airtel.

Dans  sont mot inaugural, le SG du SECEG, Clément KINZO, après avoir souhaité la bienvenue à tous les participants, a rappelé le bien fondé de cette journée récréative du SECEG qui offre aux enseignants et à leur famille une occasion de se distraire, de s’égailler, de mieux se connaître et de découvrir l’art culinaire et les richesses culturelles du Gabon et des différents pays de ses membres.

Pour sa part le SG de la COSYGA, Mr Martin Alini a loué l’initiative et  vivement félicité les enseignants contractuels de l’Etat gabonais pour leur dévouement au service de la jeunesse.

Le point d’orgue de la manifestation a été  la remise de distinction et de cadeaux aux membres les plus méritants du SECEG.

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Après un copieux déjeuner partagé en famille, chaque  enseignant a pu s’adonner librement à sa passion parmi les différentes activités récréatives qui ont ponctué la manifestation.

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La journée récréative du SECEG, édition 2015 a pris fin sur les coups de 18 heures avec la photo de famille et rendez-vous a été pris pour l’édition  de 2016.


Jean Pliya for ever

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Au Bénin, Un grand homme s’en est allé, Jean Pliya n’est plus.

L’intellectuel et écrivain béninois de renommée internationale est décédé ce jeudi 14 mai 2015, à Abidjan en Côte d’Ivoire où il était en mission. Né en 1931, Jean Pliya a rendu l’âme à l’âge de 84 ans à l’issue d’une vier riche et engagée

Écrivain émérite, géographe et historien de renom, ancien ministre, ancien député, ancien doyen de faculté, ancien recteur d’université, Jean PLIYA était probablement le plus grand intellectuel béninois du 20ème siècle..

Voici quelques raisons pour lesquelles le Bénin tout entier lui rend un hommage plus que mérité.

Ecrivain émérite, l’homme a à son actif  plusieurs prix et honneurs en Afrique et dans le monde.

– Médaille Vermeil du Mérite du Bénin – 1er août 1962

– ARBRE FETICHE : Prix de la meilleure Nouvelle africaine, en 1963, à Paris.

– KONDO LE REQUIN : Grand Prix de Littérature d’Afrique Noire, à Paris, en 1967.

– SECRETAIRE PARTICULIERE : 2éme prix du Concours Radiophonique de l’OCORA, à Paris, en 1967.

Et enfin, dans l’ORDRE FRANÇAIS DES ARTS ET LETTRES, Jean PLIYA a été nommé Chevalier le 21 janvier 1974, puis officier le 19 septembre 1981

Mais, c’est dans l’église catholique et surtout au renouveau charismatique que  l’engagement de l’homme a été le plus profond. Berger du renouveau avec une étonnante vitalité il parcoure les routes de l’Afrique et du monde pour semer la bonne nouvelle.

En guise d’adieu à Jean Pliya, il me plait de rappeler ici un extrait de son œuvre Kondo le requin. Cet extrait est connu sous le titre de discours d’adieu de Béhanzin.  C’est le testament politique du roi Béhanzin avant sa reddition au colonisateur français. Ce célèbre discours du roi Béhanzin est le dernier message fort qu’il a prononcé le 20 janvier 1894 en signe d’hommage à son armée dont il a toujours loué le courage et la bravoure des soldats et des amazones. C’est un discours prononcé en langue béninoise « fongbé » que Jean Pliya a su traduire dans la lange de molière avec une admirable restitution de la tragédie de l’heure, de la dignité de l’homme et surtout de sa foi dans l’avenir.

   Discours d’adieu de Béhanzin

« Compagnons d’infortune, derniers amis fidèles, vous savez dans quelles circonstances, lorsque les Français voulurent accaparer la terre de nos aïeux, nous avons décidé de lutter.

« Nous avions alors la certitude de conduire notre armée à la victoire. Quand mes guerriers se levèrent par millier pour défendre le Danhomè et son roi, j’ai reconnu avec fierté la même bravoure que manifestaient ceux d’Agadja, de Tégbessou, de Ghézo et de Glèlè. Dans toutes les batailles j’étais à leurs côtés.

« Malgré la justesse de notre cause, et notre vaillance, nos troupes compactes furent décimées en un instant. Elles n’ont pu défaire les ennemis blancs dont nous louons aussi le courage et la discipline. Et déjà ma voix éplorée n’éveille plus d’écho.

« Où sont maintenant les ardentes amazones qu’enflammait une sainte colère ?
Où, leurs chefs indomptables : Goudémè, Yéwê, Kétungan ?
Où, leurs robustes capitaines : Godogbé, Chachabloukou, Godjila ?
Qui chantera leurs splendides sacrifices ? Qui dira leur générosité ?
Puisqu’ils ont scellé de leur sang le pacte de la suprême fidélité, comment accepterais-je sans eux une quelconque abdication ?
Comment oserais-je me présenter devant vous, braves guerriers, si je signais le papier du Général ?

« Non ! A mon destin je ne tournerai plus le dos. Je ferai face et je marcherai. Car la plus belle victoire ne se remporte pas sur une armée ennemie ou des adversaires condamnés au silence du cachot. Est vraiment victorieux, l’homme resté seul et qui continue de lutter dans son cœur. Je ne veux pas qu’aux portes du pays des morts le douanier trouve des souillures à mes pieds. Quand je vous reverrai, je veux que mon ventre s’ouvre à la joie. Maintenant advienne de moi ce qui plaira à Dieu ! Qui suis-je pour que ma disparition soit une lacune sur la terre ?

« Partez vous aussi, derniers compagnons vivants. Rejoignez Abomey où les nouveaux maîtres promettent une douce alliance, la vie sauve et, paraît-il, la liberté. Là-bas, on dit que déjà renaît la joie. Là-bas, il paraît que les Blancs vous seront aussi favorables que la pluie qui drape les flamboyants de velours rouge ou le soleil qui dore la barbe soyeuse des épis.

« Compagnons disparus, héros inconnus d’une tragique épopée, voici l’offrande du souvenir : un peu d’huile, un peu de farine et du sang de taureau. Voici le pacte renouvelé avant le grand départ.

« Adieu, soldats, adieu !

« Guédébé…

« Mon Roi je me prosterne !

«  Non ne te prosterne plus ! Reste debout, comme moi, comme un homme libre. Puisque le sang des soldats tués garantit la résurrection du Danhomè, il ne faut plus que coule le sang. Les ancêtres n’ont plus que faire de nos sacrifices. Ils goûteront mieux le pur hommage de ces cœurs fidèles unis pour la grandeur de la patrie.
C’est pour quoi j’accepte de m’engager dans la longue nuit de la patience où germent des clartés d’aurore.
« Guédébé, comme le messager de la paix, va à Ghoho où campe le général Dodds.
Va dire au conquérant qu’il n’a pas harponner le requin.
Va lui dire que demain, dès la venue du jour, de mon plein gré, je me rends au village de Yégo.
Va lui dire que j’accepte, pour la survie de mon peuple, de rencontrer dans son pays, selon sa promesse, le président des Français. »

                                                                  Extrait de – Kondo le requin – Jean PLYA – Ed. CLE.

Le 26 janvier 1894, le roi Béhanzin arrive à Goho pour rencontrer le général français Dodds et mit fin à la guerre.
Ainsi prit fin la fantastique histoire du royaume de Dahomey libre et indépendant, comme prend fin en ce moment la longue et prodigieuse vie de Jean Pliya.

Adieu l’artiste.


Burundi : alerte au syndrome d’imposture démocratique africaine

Pierre-Nkurunziza

Enfin, ce que tout le monde redoutait sur le continent arriva

L’imposture démocratique est consommée

Le président Nkurunziza a officialisé devant la Commission nationale électorale

Sa candidature à la présidentielle de juin 1015

Une élection à laquelle, au regard du texte constitutionnel

Il ne peut plus être candidat, ayant déjà épuisé ses deux mandats constitutionnels

Contre ce projet de candidature, le pays tout entier s’est insurgé

Contre ce projet, la Communauté internationale s’est prononcée

Contre ce projet, l’Union africaine a pour une fois dans son histoire, pris parti

Contre ce projet, les poids lourds du parti présidentiel sont entrés en dissidence                                                                                                        

A cause de ce projet, le pays est mis à feu et à sang

A cause de ce projet, déjà plus de 14 vies humaines se sont sacrifiées

Mais seulement voilà, le président Nkurunziza est resté de marbre

Il estime que son premier mandat n’en était pas un

Ses courtisans et partisans qui ont intérêt à la chose sont du même avis

Un avis nullement partagé par les opposants, le peuple militant et la communauté internationale

Et la Cour constitutionnelle consultée a pris fait et cause pour le prince

Du coup, le mal qui couvait, depuis quelque temps, a explosé

Le pays est frappé par une épidémie aiguë un mal très classique sur le continent

Un mal dont les manifestations divergent selon les pays, mais dont les causes sont partout les mêmes

Le premier magistrat revendique un troisième mandat que lui interdit la loi

Le peuple militant et les opposants du prince crient au respect des lois

La Cour Constitutionnelle par une lecture fallacieuse fait mentir la loi

Dès lors, les moyens, le temps et le génie de tout le peuple sont orientés vers ce projet

Les uns pour le faire prospérer et les autres pour le dénoncer

Et le tout finit dans l’insurrection des uns et leur répression par les autres

Une guerre larvée avec son cortège de morts, de blessés, de déplacés et des dommages divers

Tel est le mal qui sévit présentement au Burundi

Le syndrome d’imposture démocratique africaine ou  sida

Une imposture démocratique qui hélas, couve encore dans plusieurs autres pays du continent

Quel régime peut engendrer un pouvoir gagné dans ces conditions ?

Pourtant, toutes les nations africaines aspirent fortement à la liberté et à la démocratie

Or, pendant que sur les autres continents les peuples respectent leurs lois et évoluent

En Afrique on triche avec les lois, on s’autodétruit et on végète dans le sous-développement

A la fin on se dédouane en faisant porter la responsabilité de nos malheurs par les autres

Pauvre Afrique constamment trahie par ses élites

 L’imposture des uns rime avec la forfaiture des autres

Aux professions de foi des cadets répondent les parjures successifs des aînés

Qui pour libérer le continent noir de ses propres démons ?

Qui pour conduire les nations africaines vers leur salut ?

Qui pour faire en sorte que ce qui est écrit devient la pensée de tous ?

Qui pour faire en sorte que ce qui est écrit correspond aux exigences de tous ?

Qui pour faire en sorte que la vérité des urnes correspond à celle de l’histoire ?

Quoi qu’il en soit les impostures et les forfaitures ne dureront qu’un temps

Car comme l’a su dire Abraham Lincoln :

« On peut tromper une partie du peuple tout le temps 

Et tout le peuple une partie du temps, 

mais on ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps ».

 

 


législative 2015 au Bénin, en attendant l’implosion des FCBE

YAYI ET FCBE

 

Les législatives béninoises  longtemps  attendues ont enfin vécues.

Pour ces élections, le président  BONI YAYI et sa formation politique, les Forces Cauris Pour un Bénin Emergent, (FCBE) ont fait activement  campagne sur le thème de la révision de la constitution pour disent-ils parachever les reformes entamées.

Pour y parvenir, une majorité de 50 députés était nécessaire. A l’arrivée, selon les résultats proclamés par la Cour Constitutionnelle ce dimanche 03 mai 2015, les FBCB sont créditées de 33 députés sur les 83 sièges que compte le parlement béninois. Certes,  la moisson des FCBE est considérable mais le compte est loin 50 députés recherchés. Au regard des autres formations en lice pour ces législatives,  les FCBE restent la première force politique du pays, même si elles ne sont plus majoritaires.

Toutes les autres formations politiques ayant fait campagne contre la révision de la constitution, en théorie, le président boni Yayi ne dispose plus de majorité au parlement. C’est donc une cohabitation qui ne dit pas son nom, qui commence au Bénin, si toutes les autres formations bien sûr entendent garder le même cap, ce qui n’est point garanti.

 Même si cette situation n’est pas celle rêvée par le président Boni Yayi, il faut avouer qu’historiquement, c’est pendant ces législatures de cohabitation que la démocratie béninoise gagne en transparence et en vigueur par la qualité des lois votées et la cohérence dans le fonctionnement des institutions. A priori donc, mauvaise nouvelle pour le président, mais bonne nouvelle pour le pays.

Toute fois, ces élections législatives n’étaient pas encore passées que déjà le gouvernement du Bénin réuni en conseil des ministres extraordinaire, le lundi 27 avril 2015 sous la  présidence du Président de la République, lundi a décidé de la convocation du corps électoral le dimanche 28 février 2016 en vue de voter sur toute l’étendue du territoire national pour l’élection du Président de la République prévue pour 2016.  Ce nouvel agenda politique ne laisse donc aucun répit pour les différentes chapelles politiques obligées de fourbir leurs armes pour ce nouveau challenge.

Qu’est ce qui justifie cette anticipation inhabituelle ou cette diligence peu coutumière dans la planification des élections sous la gouvernance Boni Yayi ?

Les analyses vont bon train, les suspicions et les rumeurs aussi. Pour ma part, je me demande si cette  nouvelle ne fera pas plus de mal dans le camp présidentiel que dans les autres camps politiques ? Il n’est pas exclu que cette décision vise précisément les FCBE, la formation du chef de l’Etat.

Malgré leurs trente trois députés à l’Assemblée Nationale, les FCBE  restent  la formation politique béninoise dont la situation est la plus confuse, la plus critique et la moins  enviable.

Le président Boni Yayi, leader de cette formation n’est plus, selon sa propre expression, candidat à rien, mais de toute évidence, il rechigne à passer la main. En effet, sans aucun dauphin présomptif et avec plusieurs dauphins présomptueux, le passage de témoin à la tête des FCBE devient un exercice périlleux.

Certes, la tâche n’est visiblement pas aisée, mais alors pourquoi fixer la date des élections quand on n’est soi même pas prêt.  Peut-être, qui sait, pour contraindre les intentions dans son propre camp à se prononcer pour les juguler.

Surtout, quand on sait que pour les législatives passées,  le président Boni Yayi a aligné sur la liste des candidats FCBE, son fils Chabi Yayi, sa femme Chantal Yayi et ses deux beaux frères, Marcel De-Souza et Joel Akofodji, on peut aisément soupçonner quelque velléité de succession dynastique à la tête des FCBCE, ce qui expliquerait les atermoiements du président pour clarifier la situation  et  en rajoute au climat de confusion dans cette famille politique. Avec les élections présidentielles prochaines annoncées, la guerre du leadership chez les FCBE aura bel et bien lieu.

Quoi qu’il en soit, les FCBE désormais sans leader vont se chercher un nouveau leader. Dans la perspective des présidentielles de 2012, quelque soient les efforts du président Boni Yayi, il lui sera difficile de concilier son monde autour du leader de son choix. Les ambitions des uns et le positionnement stratégique des autres finiront par faire voler en éclat l’attelage hétéroclite  des FCBE qui ne tient la route que grâce aux avantages que procure le pouvoir d’Etat. Autant dire que tous les ingrédients sont réunis pour une implosion prochaine des FCBE.

Les premiers signes de ce remue-ménage s’observeront lors de la formation du prochain gouvernement. Outre les membres de sa famille, le président Boni Yayi a engagé 20 ministres de son actuel gouvernement dans la course pour les législatives. Ils sont d’ailleurs pour la plupart élus député. Auront-ils pour autant la liberté de siéger au parlement ? Rien n’est moins sûr. Ceux d’entre eux qui vont préférer siéger au parlement plutôt que d’entrer au gouvernement seront les premiers de cordée de la descente aux enfers des

Plus globalement, au regard des prestations des différents partis politiques, il faut reconnaître que certains partis ont su tirer leur épingles du jeu et d’autres non. Mais, dans la perspectives des présidentielles de 2016, les uns et les autres doivent rechercher des convergences pour ratisser large afin de  créer les conditions de l’alternance politique au Bénin. En attendant donc l’implosion des FCBE, c’est l’ensemble de l’échiquier politique béninois qui va se reconfigurer les jours à venir.


Mémoire de végétal

arbre menacé

Autrefois, noyé dans une forêt revigorante,

Aujourd’hui, esseulé dans une campagne désespérante,

Un vieil arbre pense en son âme,

A tous les malheurs qui menacent sa race.

Nous sommes les petits poucets de la création,

Mais le gros pouce de la  grande famille des créatures.

Nous sommes, dans tous les écosystèmes, les producteurs,

Tandis que toutes les autres créatures y sont des consommateurs.

Nous sommes, non seulement, producteurs par notre culture,

Mais aussi purificateur et vaporisateur de toute la nature.

Dans le concert environnemental, ils sont tous des pollueurs,

Et nous, les absorbeurs de leurs rejets, en sommes les payeurs,

Pourtant nous sommes les mal aimé de la terre.

Tous  s’acharnent sur nous et ne nous font que des misères.

Sans notre existence, aucun d’eux n’aurait existé.

Nous sommes la clé de leur vie et de leur santé.

Nous les nourrissons quand ils ont faim,

Nous les réchauffons quand ils ont froid,

Nous les aérons quand ils ont chaud.

Nous parfumons, aromatisons et agrémentons leur vie.

Mais, en monnaie de singe, ils nous paient.

Mon peuple, entre leur main, n’est jamais en paix.

Ils, nous broutent, Ils nous rongent,

Ils nous fauchent, Ils nous coupent,

Ils nous brûlent, Ils nous saccagent,

Ils nous enfouissent. Ils nous sapent.

Les humains en particulier, ces enfants gâtés et insoumis,

Sur nous se croient  tous les droits permis.

Nos racines, tiges et feuilles, nos fruits et même nos semences,

Tout sur nous subit les affres de leur démence

Entre nos mains  pourtant, ils voient, pour la plupart, le jour,

Jusque dans la tombe, nous les portons à leur dernier séjour.

Mais au lieu de nous chérir

Ils nous font allègrement souffrir

Moi encore, à mon âge, je peux me dire veinard.

Mais nos jeunes pousses ont peu de chance de devenir gaillard.

Heureusement, ils ne sont pas tous fous.

Quelques uns ont compris,

Qu’on ne scie  pas la branche sur laquelle on est assis.

Loin de moi toute idée narcissique.

Mais qu’adviendrait-il quand ils nous auront tous détruis ?

Que mangeront-ils ?

Quel air respireront-ils ?

De quoi se vêtiront-ils ?

Sur quoi se coucheront-ils ?

Dans quoi s’inhumeront-ils ?

S’ils pouvaient le comprendre ?

Vivement qu’ils prennent de plus en plus conscience !

Vivement qu’ils s’accordent pour réduire leur nuisance !

Car c’est en nous donnant leurs soins

Que nous pourrons continuer à satisfaire leurs besoins.

C’est en nous entretenant,

Qu’ils s’assurent notre capacité à les entretenir.

C’est en nous protégeant, qu’ils protégeront leur mode de vie.

                                                  Adébayo Charles AGBADJE


Au Sénégal, le maître et l’esclave

Wade et Maky Sall

Au Sénégal, des citoyens justiciables sont accusés d’enrichissements illicites,

Depuis lors, le pays est partagé entre joie, désarroi et émoi

Les charges contre le principal accusé de l’affaire sont très lourdes,

 Un patrimoine illégalement acquis de 178 millions d’euros,

En sous-main, plusieurs hommes de paille et des sociétés-écrans.

Au regard du préjudice, le verdict de la CREI est fort exemplaire.

Six ans d’emprisonnement ferme et à une amende de 138 milliards de nos francs

De tels procès en Afrique pour décourager prévarication et corruption,

Sont fortement demandés et à l’occasion, salués par les populations.

Trop c’est trop, entend-on de partout sur le continent,

Une minorité qui s’accapare du fruit de l’effort national,

Un vrai fléau qui plombe le développement  continental.

Ce procès a donc tout pour être salutaire.

Mais seulement voilà, il se trouve que,

Le principal accusé est Karim Wade, fils de maître Abdoulaye Wade,

Ancien président de la République du Sénégal.

Et celui par la faute de qui ce procès est intenté,

N’est nul autre que Macky Sall, l’actuel président du Sénégal.

Un « esclave » vrai, à en croire le maître Wade,

On se souvient, en effet, dans un passé récent,

Du temps ou l’ « esclave » officiait encore au service du maître,

 soupçonné alors de prendre les airs de dauphin présomptif du maître

Il avait été sèchement remis à sa place.

Son accession à la magistrature, il ne la doit qu’à sa rébellion.

Ce procès a donc, quoi qu’on dise,

Un relent de réponse du berger à la bergère.

Une outrecuidance inacceptable pour le maître.

Son digne et noble fils Karim, vilipendé par un vil esclave.

Le courroux du maître est terrible et les mots ont volé très bas :

« … Descendant d’esclaves… anthropophage … Baní de la société …

Jamais mon fils Karim n’acceptera que Macky soit au-dessus de lui.

Dans d’autres situations, je l’aurais vendu en tant qu’esclave (…) ».

Disons le net, ces propos moyenâgeux sont indignes du maître.

Ils sont unanimement condamnés par l’ensemble de la société sénégalaise.

Même les avocats de la défense de Karim l’ont désapprouvé.

Mais, le maître n’est plus maître de lui,

Il incite l’armée à un soulèvement militaire,

Dans le même temps, malgré les obstacles et oppositions divers,

Karim est déclaré candidats du parti du maître à la  présidentielle de 2017.

Eh oui, Karim Wade, héros de guerre en temps de paix…

C’est flatteur et peut-être réconfortant pour le maître éprouvé.

Pendant ce temps, l’«  esclave », de son côté, jubile.

L’affaire tourne au plébiscite pour sa personne.

Il est la preuve vivante d’une vérité fondamentale,

Le maître, selon Emile C. Alain, ne nous apprend jamais qu’une seule chose :

Il faut que chacun soit son propre maître,

Ce qui fait tous les hommes égaux.

Justement, au nom de l’égalité, pour salutaire que soit ce procès,

Il n’est pas sans reproche de quelques excès.

La CREI est un tribunal d’exception.

On aurait souhaité qu’il soit un tribunal ordinaire.

On voudrait bien croire  que le procès très médiatique de Karim,

Ne sera pas l’exception qui confirme la règle de l’impunité,

Mais un exemple qui fera boule de neige.

Le défi est de normaliser la CREI et la rendre performante,

Afin que dorénavant, la même rigueur soit tenue

Pour quiconque soupçonné des mêmes faits,

Maître ou esclave, allié ou opposant,

L’esclave aura alors démontré, qu’il a fait mieux que son maître.