Burundi : alerte au syndrome d’imposture démocratique africaine
Enfin, ce que tout le monde redoutait sur le continent arriva
L’imposture démocratique est consommée
Le président Nkurunziza a officialisé devant la Commission nationale électorale
Sa candidature à la présidentielle de juin 1015
Une élection à laquelle, au regard du texte constitutionnel
Il ne peut plus être candidat, ayant déjà épuisé ses deux mandats constitutionnels
Contre ce projet de candidature, le pays tout entier s’est insurgé
Contre ce projet, la Communauté internationale s’est prononcée
Contre ce projet, l’Union africaine a pour une fois dans son histoire, pris parti
Contre ce projet, les poids lourds du parti présidentiel sont entrés en dissidence
A cause de ce projet, le pays est mis à feu et à sang
A cause de ce projet, déjà plus de 14 vies humaines se sont sacrifiées
Mais seulement voilà, le président Nkurunziza est resté de marbre
Il estime que son premier mandat n’en était pas un
Ses courtisans et partisans qui ont intérêt à la chose sont du même avis
Un avis nullement partagé par les opposants, le peuple militant et la communauté internationale
Et la Cour constitutionnelle consultée a pris fait et cause pour le prince
Du coup, le mal qui couvait, depuis quelque temps, a explosé
Le pays est frappé par une épidémie aiguë un mal très classique sur le continent
Un mal dont les manifestations divergent selon les pays, mais dont les causes sont partout les mêmes
Le premier magistrat revendique un troisième mandat que lui interdit la loi
Le peuple militant et les opposants du prince crient au respect des lois
La Cour Constitutionnelle par une lecture fallacieuse fait mentir la loi
Dès lors, les moyens, le temps et le génie de tout le peuple sont orientés vers ce projet
Les uns pour le faire prospérer et les autres pour le dénoncer
Et le tout finit dans l’insurrection des uns et leur répression par les autres
Une guerre larvée avec son cortège de morts, de blessés, de déplacés et des dommages divers
Tel est le mal qui sévit présentement au Burundi
Le syndrome d’imposture démocratique africaine ou sida
Une imposture démocratique qui hélas, couve encore dans plusieurs autres pays du continent
Quel régime peut engendrer un pouvoir gagné dans ces conditions ?
Pourtant, toutes les nations africaines aspirent fortement à la liberté et à la démocratie
Or, pendant que sur les autres continents les peuples respectent leurs lois et évoluent
En Afrique on triche avec les lois, on s’autodétruit et on végète dans le sous-développement
A la fin on se dédouane en faisant porter la responsabilité de nos malheurs par les autres
Pauvre Afrique constamment trahie par ses élites
L’imposture des uns rime avec la forfaiture des autres
Aux professions de foi des cadets répondent les parjures successifs des aînés
Qui pour libérer le continent noir de ses propres démons ?
Qui pour conduire les nations africaines vers leur salut ?
Qui pour faire en sorte que ce qui est écrit devient la pensée de tous ?
Qui pour faire en sorte que ce qui est écrit correspond aux exigences de tous ?
Qui pour faire en sorte que la vérité des urnes correspond à celle de l’histoire ?
Quoi qu’il en soit les impostures et les forfaitures ne dureront qu’un temps
Car comme l’a su dire Abraham Lincoln :
« On peut tromper une partie du peuple tout le temps
Et tout le peuple une partie du temps,
mais on ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps ».
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