AGBADJE Adébayo Babatoundé Charles A. Q.

Trafic présumé d’enfants au Niger : Hama Amadou prend le large

Hama Amadou en fuite vers le Burkina Faso : Crédit photo Salamata Beidari www.facebook.com/zoulaha.manirou?

Depuis juin 2014, l’affaire de trafic présumé d’une vingtaine de bébés en provenance du Nigeria fait grand bruit au Niger. Depuis cette date aussi, l’Honorable député, Hama Amadou, président de l’Assemblée nationale du Niger, est sur la sellette. L’une de ses épouses serait mêlée à ce trafic et écrouée dans le cadre de cette affaire. Ce mercredi 27 août, le Parlement nigérien a levé son immunité en vue de son audition par la justice nigérienne. Mais, au lieu de répondre à l’appel du juge pour laver son honneur et celui de sa famille, il a préféré se réfugier au Burkina Faso d’où il s’est envolé pour la Belgique. Aveu de complicité ou retrait stratégique contre une procédure illégale visant à le neutraliser politiquement, la question reste entière?

L’annonce de la fuite d’Hama Amadou est intervenue quelques heures après que le bureau du Parlement nigérien a levé son immunité, suite à une requête du procureur de la République. La justice nigérienne souhaitait l’auditionner au sujet d’un présumé trafic de bébés en provenance du Nigeria et dans lequel sa deuxième femme est écrouée. Son audition par le juge d’instruction pourrait alors ouvrir la voie à une incarcération, s’il venait à être inculpé. Mais, par crainte d’un règlement de compte politique, il a pris la clé des champs laissant derrière lui femme, enfants et le peuple qu’il aspire diriger. Stratégie judicieuse ou grosse faute politique ? Les avis divergent selon les camps.

La saison des jumeaux

Fin juin, quelque 17 personnes, dont 12 femmes, ont été arrêtées dans le cadre de ce dossier. La justice soupçonne ces familles nigériennes a priori sans progéniture d’avoir acheté des enfants au Nigeria. Selon la police, outre la seconde épouse de Hama Amadou, trois épouses d’une personnalité se sont retrouvées avec six jumeaux, deux chacune, en l’espace de trois mois. Jusque-là, après plusieurs décennies de mariage ces femmes n’avaient pas d’enfant. Une autre famille de deux épouses sans enfant s’est enrichie de quatre jumeaux en quelques semaines.

Toutes ces femmes sont inculpées de supposition d’enfant (délit qui consiste à attribuer la maternité d’un enfant à une femme qui ne l’a pas mis au monde), faux et usage de faux et de déclaration mensongère. Parmi les femmes incarcérées figure la seconde épouse de Hama Amadou,

L’épreuve de vérité

Comme on peut le constater, autour de ce présumé trafic de bébés en provenance du Nigeria, il y a eu trop de suppositions, trop d’allégations, trop de rumeurs, qu’il fallait que d’une manière ou d’une autre, la justice aide à démêler le vrai du faux.

Sur RFI, Hama Amadou a déclaré que son épouse a réclamé en vain le test ADN, or toujours sur cette même station, le ministre nigérien de la Justice, Marou Amadou, a été très clair :  « Je voudrais vous dire à ce jour, à la date du 24 juillet, que toutes les femmes ont été entendues, leurs maris sollicités pour l’ADN. Aucun n’a donné son accord ». Il revenait donc aux inculpés de produire la preuve de leur innocence. De ce point de vue la levée de l’immunité parlementaire de Hama Amadou est salutaire pour lui, car il a désormais les coudées franches pour contribuer à la manifestation de la vérité.

Il faut avouer que la marge de manœuvre de Hama Amadou est très faible vu que son épouse est déjà sous les verrous pour une affaire pénale dans laquelle il est impliqué, étant le père légal des enfants de son épouse.

Mais, pour son avocat,  Me Souley Oumarou, le président du Parlement du Niger, Hama Amadou, principal opposant au président Mahamadou Issoufou, a fui le Niger pour le Burkina Faso parce qu’il se sentait menacé par l’Etat, et non pour éviter de s’expliquer sur les accusations sur un trafic présumé de bébés, a affirmé jeudi son avocat. »Tout le monde sait dans ce pays que (les autorités) ont tenté de diverses manières de débarquer Hama Amadou du perchoir […] Comme cela, il aura la possibilité d’être candidat en 2016. « S’ils l’avaient pris, ils ne l’auraient jamais libéré avant 2016 », a-t-il lancé. Mais pour ses opposants, sa fuite est sans conteste un aveu flagrant de culpabilité.

Les jumeaux sont-ils les enfants du couple ?

Que cette affaire ait un relent politique, de cela il ne fait aucun doute. Hama Amadou est un leader politique de premier plan. Il est la deuxième personnalité de l’Etat et principal opposant au président Mahamadou Issoufou à l’élection de 2016 pour laquelle il s’est déjà déclaré candidat. L’interpellation d’une telle personnalité  dans nos Etats africains, ne peut se faire sans le quitus du pouvoir. D’autre part, la célérité avec laquelle son immunité à été levée est très suggestive. Pour autant, cela ne rend pas cette affaire politique. Les personnalités officielles, les institutions ne doivent être à l’abri des accusations. Or, les bébés ne sont pas imaginaires, la famille de Hama Amadou n’est pas la seule impliquée, le peuple veut connaître la vérité et il y a bien des responsabilités à assumer.

Alors, de deux choses l’une, les jumeaux sont-ils les enfants du couple, ou non ?

S’ils sont les enfants du couple, il faut se battre pour leur reconnaissance par l’état civil nigérien. Mais, si tel n’est pas le cas, il faut reconnaître sa faute, faire amende honorable et assumer sa responsabilité. Le désarroi des familles sans enfants est humain et si une faiblesse conduit à un acte répréhensible, les tribunaux savent faire la part des choses et aider à la réhabilitation des fautifs. Mais pour ce faire il faut assumer et la fuite, à mon sens, est la dernière chose à faire surtout que votre épouse est déjà aux mains de la justice. La fuite n’honore ni votre épouse ni vos enfants

A enjeu politique, réaction politique

Toutefois, il n’est pas exclu, comme le dit l’avocat de Hama Amadou et ses sympathisants que tout ceci relève de manœuvres politiques pour évincer Hama Amadou. Une thèse que confirme la lettre ouverte publiée par Hama Amadou lui-même après son départ. Dans ce contexte, une fois encore, la fuite est la dernière des stratégies à adopter. C’est devant les tribunaux et devant l’opinion publique nationale et internationale qu’il faut se battre pour monter l’abus dont on est l’objet ce qui contribue à augmenter votre crédit et consolider la stature d’homme d’Etat.

A son inculpation en 1961 pour agitation subversive, Nelson Mandela aurait pu fuir, il ne serait pas devenu l’icône qu’il a été.

« Je pense avoir fait mon devoir envers mon peuple et aussi envers l’Afrique du Sud. Je suis sûr que la postérité me réhabilitera, et dira que les seuls criminels qui auraient dû être traduits devant ce tribunal, ce sont les membres du gouvernement Verwoerd. » Ce sont là, les derniers mots, très prémonitoires,  de Nelson Mandela au procès de Rivonia en 1962. Après 27 ans de prison, il a été réhabilité et honoré. Tel est donc l’exemple de réponse politique à une question politique. Mais de toute évidence, Hama Amadou n’est pas prêt à passer une minute en détention pour défendre ses idées, mais aspire à présider aux destinées du peuple nigérien. Sauf votre honneur, Honorable, la fuite est tout sauf honorable.


Fièvre Ebola, vers un exode continental ?

Ebola en Afrique de l'ouest

L’actualité qui défraie la chronique sur le continent ces derniers jours, c’est naturellement, Ebola. La liste des victimes ne fait que s’allonger et chaque édition des journaux télévisés livre les dernières nouvelles du front de la guerre contre Ebola.

Ce lundi 25 août 2014, comme tous les soirs, je m’accorde d’autorité quelques minutes de zapping à travers les chaînes d’informations avant de livrer le poste télé à mes enfants qui ne partagent pas les mêmes centres d’intérêt que moi.

Assis face au petit écran, je regardais défiler les nouvelles, plus alarmantes les unes que les autres.

En me levant, je ne pus m’empêcher de penser au désarroi des millions de personnes prises dans cet engrenage et à ce qu’il adviendrait, si l’épidémie embrase tout le continent. La situation me fit penser à la fable de la Fontaine, « les Animaux malades de la peste », dont je me mis à parodier quelques strophes :

Les Africains malades d’Ebola.

Un mal qui répand la terreur, Mal que le Ciel en sa fureur inventa pour punir les crimes de l’Afrique,

Ebola (puisqu’il faut l’appeler par son nom)

Capable d’enrichir en un jour l’Achéron,

sème sur le continent, mort et panique.

Les malades sont ici, mais les médicaments potentiels sont là-bas

Qui pour nous délivrer de ce virus et de ses soins?

Dieu est trop haut et la France est trop loin 

En me voyant jouer à l’apprenti poète, mon fils, Fèmi (13 ans) me demanda:

–   Papa, c’est une poésie pour Ebola que tu as écrite ?

–   Non, répondis-je, c’est une fable de la Fontaine contre la peste que                     j’imite

–   Ebola est une maladie qui fait peur non papa ?

–    Très peur, fiston!

–    Est – elle déjà présente chez nous ici au Gabon ?

–     Non, non ! Dieu merci !

–     Elle est présente au  Liberia et en Guinée seulement non, papa?

–     En Sierra Leone et au Nigeria aussi

–     Mais, comment attrape-t-on l’Ebola, papa ?

–   Par contact direct avec du sang, les selles, la salive ou les vomissures d’une personne malade ou de ses effets souillés ou encore par contact d’animaux sauvages, morts ou vivants infectés, tels que les singes, les antilopes des forêts ou les chauves-souris.

–   Donc, si on touche une personne malade ou ses effets, on attrape la maladie ?

–      Oui, c’est bien cela.

C’est à ce moment précis, qu’un moustique me piqua méchamment, mais mal lui en a pris. En  voyant mes mains couvertes de sang, mon fils me relança fort à propos.

–     Papa, et le moustique, ne peut-il pas transmettre le virus Ebola ?

–     Non, non, le moustique n’est pas un vecteur connu du virus Ebola. Il est déjà assez occupé par le paludisme blaguai-je.

–      Mais si un moustique touche avec ses pattes un malade et qu’il vient se poser sur une personne en bonne santé, ne va-t-il pas la contaminer ? insista-t-il.

–      Humm, non non ! A ce jour, aucun cas de transmission par le moustique n’a été rapporté.

–     Mais papa, si le moustique suce le sang d’un malade et que quelqu’un le tue avec ses mains et a les mains tachées du sang du malade, il ne sera pas contaminé ?

–      Bon sang, toi et tes questions ! grommelai-je.

Quoi répondre à une question dont la simple éventualité vous fout la trouille? Faut-il botter sa question en touche par une réponse évasive ? Faut-il lui donner une assurance que je n’ai pas moi-même ? Que dire ? Vraiment, Il y a des moments où le métier de parent est bien ennuyeux, mais bon !

Mentalement, je fis rapidement le point de mes assurances sur la question.

Ce dont je suis sûr, c’est que le virus Ebola se transmet par contact direct avec les sécrétions d’une personne malade (sang, selles, salive, vomissures) ou par contact indirect – c’est-à-dire par des objets souillés ou les organes des sujets et animaux infectés, malades ou morts. Il ne se transmet pas par voie aérienne, par la manipulation d’argent, l’eau de la piscine.

Ce que je sais aussi, c’est que le virus Ebola est un virus fragile, facilement tué par le savon, la lumière du soleil et la sécheresse.

 Je sais aussi que le moustique et la mouche ont été quelquefois soupçonnés de transmettre le virus Ebola, mais sans confirmation. Si cela avait été le cas chaque épidémie se solderait par une hécatombe

 Ce que je pense, c’est que la charge virale – c’est-à-dire de la dose infectante transportée par les pattes d’un moustique – serait trop faible pour induire une contamination virale. Mais dans l’absolu, si un moustique fait un repas sanguin consistant, il  est bien possible qu’il transmette le virus. Dans un tel contexte, la transmission du virus Ebola par le moustique reste donc une hypothèse plausible.

En faisant la synthèse de toutes ces pensées, je lui répondis simplement :

         –  Ce que tu dis est bien possible, mais la marge est très faible, le virus est fragile et ne sait survivre que durant une période très restreinte à l’air libre. Il faut être malchanceux pour se contaminer ainsi.

         – En tout cas, papa, on doit tout faire pour vite partir en France, mon ami a dit que son père a déjà dit qu’il vont partir bientôt, me lança -t-il en se réfugiant dans sa chambre pour probablement aller faire sa valise.

Eh oui, la psychose est, bien réelle et présente à tous les niveaux de la société. J’ai bien peur qu’elle nuise plus au continent que la maladie Ebola elle même.


Ebola: tableau clinique et prophylaxie 

L’épidémie de  virus Ebola n’en finit pas de faire des ravages en Afrique de l’Ouest avec son cortège de morts. Pourtant, les populations éprouvées manquent souvent de repères sur la maladies. Voici ci dessous  le tableau clinique de la maladies et quelques recommandations prophylactiques.

 

 

 

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                                                                                                                                                             Crédit photo ECCMID/2014

 

Voici 10 conseils de base pour vous aider à éviter sa contamination et ainsi que sa propagation :

  • Lavez  les mains régulièrement ;
  • Utilisez un désinfectant pour les mains contenant au moins 60% d’alcool aussi souvent que possible en l’absence de l’eau ;
  • Ne pas manger n’importe quel type de gibier sauvage ou viande de brousse, plus particulièrement les chauves-souris, les singes, les gorilles, les antilopes et les porcs-épics ;
  • Ne mangez pas de viande, sauf si vous êtes sûr de son origine ;
  • Quel que soit le genre d’animal que vous consommez, soyez certain qu’il soit bien cuit ;
  • Évitez le partage de vos vêtements avec des étrangers ;
  • Méfiez-vous des symptômes du virus Ebola autour de votre quartier ;
  • Évitez les zones où un foyer a été signalé ;
  • Rapportez toute circulation non autorisée de cadavres dans votre région, en particulier ceux en provenance de l’étranger ;
  • Ne touchez pas ou n’approchez pas quelqu’un qui a  été atteint du virus ; le cas  échéant, soyez sûr de porter un équipement de protection couvrant toutes les parties du corps.

 


Virus Ebola : « Mon peuple périt faute de connaissance »

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                                                                                                                                                                 Image du virus Ebola

 

Ce dimanche 17 août 2014, le centre de lutte contre le virus Ebola à Monrovia a été saccagé par des hommes armés. Cet assaut a provoqué la fuite des 17 malades qu’abritait le centre et de ses infirmiers. Sur les 17 patients en fuite, seuls dix ont pour l’instant été retrouvés, les 7 autres sont dans la nature et constituent de nouveaux foyers secondaires de relance de l’épidémie. Un incident qui offre l’occasion de revenir sur les insuffisances et les manquements du continent qui contribuent à mettre l’épidémie hors contrôle.

« Il n’y a pas d’Ebola»

Le virus Ebola n’en finit pas de semer la mort et la panique dans la sous-région ouest-africaine. Au Liberia, ce dimanche 17 août 2014, des individus, pour la plupart des jeunes, armés de gourdins, se sont introduits de force dans le lycée de la banlieue de Monrovia qui abrite le centre anti-Ebola. Selon les témoins de l’attaque, les assaillants criaient des mots hostiles à la présidente libérienne Ellen Johnson Sirleaf et assuraient qu’ «il n’y a pas d’Ebola » dans le pays. Ils auraient même emporté des médicaments, des matelas et des couvertures infectées, a indiqué à l’AFP un responsable du ministère libérien de la Santé.

 Cette stratégie de déni de la maladie peut s’expliquer aisément. Très souvent en Afrique, quand survient une maladie inhabituelle, au lieu de s’employer à diagnostiquer le mal, c’est la sorcière ou l’ennemi que tout le monde recherche. Dans le cas d’espèce, l’ennemi est trop subtil et ses cibles multiples, alors on décrète qu’il n’existe pas. On se souvient ce fut aussi le cas avec le VIH sida. La réalité de la maladie a été longtemps niée. Des voix officielles ont même soutenu la non-existence de la maladie avant de le regretter. Mais les conséquences sont là. L’Afrique compte, en effet, le plus grand nombre de séropositifs au monde et l’Afrique du Sud détient le taux de prévalence au VIH le plus élevé au monde.

Dans le cas du virus Ebola, il faut le reconnaître, la réaction des autorités des différents pays touchés a été assez prompte et adéquate. Selon l’OMS, cette épidémie est la plus importante épidémie en termes de personnes atteintes et décédées et d’étendue géographique depuis l’apparition de cette fièvre hémorragique très contagieuse en 1976. Le dernier bilan de l’OMS arrêté au 13 août 2014 s’élève à 1 145 morts sur plus de 2 000 cas : 413 au Liberia, 380 en Guinée, 348 en Sierra Leone et quatre au Nigeria. Cependant, pour l’OMS, ces chiffres officiels sont sous-évalués au regard de l’étendue de l’épidémie. Mais pour les populations locales, la campagne médiatique autour d’Ebola est exagérée et pousse à des actes inconsidérés.

Certes, face à un ennemi invisible, la peur et le désespoir font parfois commettre des actes regrettables, mais quand les actes posés exposent davantage les personnes aux risques qu’elles essayent d’éliminer, il est alors clair que la peur et la colère sont moins en cause que l’ignorance.

Education et conscientisation

« Mon peuple périt faute de connaissance », ainsi parle l’Eternel dans la Bible : (Osée 4 : 6). Dieu fait le triste constat de la situation de son peuple condamné à la mort, à cause de l’ignorance. Ainsi, peut malheureusement se résumer aussi, plus d’un comportement sur le continent face à certaines pathologies inhabituelles comme c’est le cas pour Ebola ou  dans certaines stratégies de production ou de développement personnel.

Dans le rapport 2014 sur les Objectifs du Millénaire pour le développement, le rapport de l’Unesco note de grands progrès dans l’éducation en Afrique :  de 2000 à 2012, le taux net de scolarisation primaire est passé de 60 % à 78 %. Mais les conflits armés et autres situations d’urgence ont empêché 33 millions d’enfants de suivre l’enseignement primaire en Afrique subsaharienne en 2012. Ces statistiques aussi réconfortants soient-ils, indiquent bien  que trop d’Africains restent encore en  marge du savoir. Lorsqu’on additionne le nombre d’enfants non scolarisés, d’adultes analphabètes, et des personnes plus ou moins lettrées, cela fait plusieurs centaines de millions de personnes, ce qui constitue un  gros frein au processus de développement du continent.

L’illettrisme engendre non seulement de graves problèmes de capacité, mais aussi de raisonnement logique. Or la force d’une chaîne, dit-on, est la force de son maillon le plus faible. Les personnes illettrées constituent le maillon faible de la chaîne sociale de développement en Afrique. Parce qu’elles sont vulnérables et  fragiles, elles fragilisent tout le système social. Plus leur nombre est élevé, plus lourd devient le handicap qu’elles constituent pour le corps social.

A cause de leur ignorance, les personnes illettrées peuvent se révéler très dangereuses pour elles-mêmes mais aussi et surtout pour la société, comme c’est le cas des jeunes qui ont saccagé le centre anti-Ebola de Monrovia. L’horizon de leur connaissance étant très limité, c’est en leur sein qu’on retrouve les superstitieux et les fétichistes, qui demeurent attachés aux valeurs rétrogrades et négatives des traditions africaines. A mon avis, ces personnes sont plus à plaindre qu’à blâmer puisque l’instinct de la survie l’emporte toujours sur la logique du bon sens.

En effet, la grande particularité de l’illettrisme en Afrique, c’est l’ignorance terrible qui lui est associée. Certaines personnes analphabètes sont souvent si ingénues que leur attachement à des croyances désuètes, futiles ou dangereuses de nos traditions peut faire douter de leur santé mentale. Pourtant, ce sont des personnes nullement sottes, mais qui manquent d’éducation, d’instruction et de repères. Elles sont facilement intoxiquées par des idées reçues dont elles sont convaincues de la justesse. Aussi, confrontées à un souci, elles s’embarrassent très peu des préoccupations de risques qu’elles prennent ou font prendre aux autres dans certaines situations. Mais lorsque la quête de la santé se fait par des moyens qui mettent en péril la santé et la vie de l’individu ou des autres, il est clair que l’ignorance a ennuagé la raison et seule l’éducation pourra  permettre de se hisser aux normes de la modernité.

L’instruction est une clé, celle qui ouvre les fers de l’ignorance, de la misère et du sous-développement. L’enseignement général, selon l’économiste américain J. K. Galbraith, joue un rôle bien plus vital encore que la formation technique. “Il permet seul d’ouvrir les fenêtres par lesquels ceux qui sont pris dans la culture de la pauvreté pourront regarder au-dehors et quand ils auront vu, ils désireront échapper à leur condition’’.

Seule la généralisation de l’instruction permettra de faire reculer l’obscurantisme, et libérer les esprits des croyances, des comportements et des pratiques insignifiantes à l’échelle individuelle mais nuisibles à l’échelle sociale. Elle permettra surtout à tous les Africains de comprendre le sens des dispositifs sanitaire face aux maladies émergentes comme celle du virus Ebola et de suivre les recommandations pour sa survie personnelle et pour la sécurité de la communauté.

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 Crédit photo ECCMID/2014

 

Voici 10 conseils de base pour vous aider à éviter sa contamination et ainsi que sa propagation : Vous devez

  • Vous laver  les mains régulièrement ;
  • Utiliser un désinfectant pour les mains contenant au moins 60% d’alcool aussi souvent que possible en l’absence d’eau ;
  • Ne pas manger n’importe quel type de gibier sauvage ou viande de brousse, plus particulièrement les chauves-souris, les singes, les gorilles, les antilopes et les porcs-épics ;
  • Ne pas manger de viande, sauf si vous êtes sûr de son origine ;
  • Quel que soit le genre d’animal que vous consommez, assurez-vous de sa bonne cuisson ;
  • Éviter le partage de vos vêtements avec des étrangers ;
  • Vous méfier des symptômes du virus Ebola autour de votre quartier ;
  • Éviter les zones où un foyer a été signalé ;
  • Rapporter toute circulation non autorisée de cadavres dans votre région, en particulier ceux en provenance de l’étranger ;
  • Ne touchez pas ou n’approchez pas quelqu’un qui a  été atteint du virus ; le cas  échéant, soyez sûr de porter un équipement de protection couvrant toutes les parties du corps.

 

En tout état de cause, au moindre doute, le seul réflexe qui vaille est la consultation dans un centre de santé. C’est un acte à la fois bénéfique pour l’individu et pour la communauté. Sachant  qu’un cas ne peut être confirmé que par une analyse biologique réalisée par un laboratoire de référence, la consultation permet de vite clarifier le statut de la personne.  En cas de confirmation, la prise en charge rapide de la personne améliore ses chances de guérison et son confinement et la surveillance médicale des personnes ayant été en contact avec lui limite la propagation du virus.


Conflit israélo-palestinien, à quand la paix des braves ?

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808 Palestiniens tués lors des frappes sur Gaza.  Crédit photo:Éric Roger

Le monde entier avait croisé les doigts pour que la trêve dure, mais hélas. Dans la bande de Gaza, après trois jours d’accalmie dans ce dernier épisode du conflit israélo-palestinien, les hostilités ont de nouveau repris entre les deux belligérants depuis ce vendredi 8 août 2014. Le bilan déjà très lourd de la première phase va encore s’alourdir d’heure en heure. Mais curieusement, les initiatives, les engagements, les facilitations, les pressions politiques et diplomatiques pour parvenir à une paix durable se font désirer…

A Gaza, les tirs de roquettes palestiniennes et les frappes israéliennes ont repris ce vendredi 8 août, à l’issue d’une trêve de trois jours qui n’a pas été prolongée faute d’accord entre les négociateurs aux pourparlers du Caire sous les auspices des Egyptiens. Le scénario de la guerre est identique à celui de la première phase. Aux tirs de roquettes palestiniennes, répondent les frappes de l’aviation israéliennes. Un ping-pong de feu déséquilibré, disproportionné et cataclysmique. Le bilan humain des 29 premiers jours faisait déjà état de près de 1 900 Palestiniens, 63 soldats et trois civils israéliens tués depuis le 8 juillet.

Dans ce conflit, il faut l’avouer, la  situation qui prévaut à Gaza depuis un mois commence à devenir insupportable et devant le vide de stratégie pour une sortie de crise durable, on se surprend à s’interroger sur les mollesses qui fatalement conduisent à ce chaos humain.

Ce conflit israélo-palestinien qui oppose, au Proche-Orient, les Palestiniens et l’État d’Israël a officiellement débuté le14 mai 1948, jour de la création de l’État d’Israël et prolonge le conflit qui opposait depuis la déclaration Balfour de 1917, les communautés arabes et juives. Dans sa phase moderne, c’est un conflit vieux de 66 ans ce qui fait de lui l’un des plus vieux conflits de l’époque contemporaine. En 66 ans de guerre, que d’opérations armées au nom plus imagées les unes que les autres, d’interventions militaires, de raids aériens, d’Intifada ou guerre des pierres, de tirs de roquette « Qasam », de représailles et de frappes de l’armée israélienne, etc.

Existe-t-il déjà dans l’histoire, un conflit que la guerre à elle seule a permis de résoudre ? Non. Les hommes ont beau se faire la guerre, c’est toujours autour de la table que les braves scellent la paix.

Il ne fait donc aucun doute que si le conflit  israélo-palestinien va connaître un jour de dénouement, ce ne sera pas parce qu’un camp aura capitulé, mais parce que les deux parties se seront assises autour de la table pour négocier la paix de façon réaliste, responsable, courageuse et  équitable.

Réaliste, parce qu’on le veuille ou non, Israël est une réalité, mais la Palestine et le Hamas aussi. Responsables, car partant du principe de deux Etats sur un même territoire dont il reste à définir les nouveaux contours de chacun de ces Etats.

Courageuse, puisque devant faire abstraction de toutes les passions, les émotions pour se concentrer sur l’essentiel, le possible.

Équitable, en ce sens que ce que les uns souhaitent pour eux même, ils doivent l’accorder à l’autre camp en sachant que nul ne peut changer l’histoire.

Avec de telles dispositions d’esprit, on peut certainement, arriver à arrêter le cycle de violence et pourquoi pas sortir de l’impasse.

La paix et la liberté sont deux faces d’une même monnaie, le bien-être social. Israël a le droit à la paix sur son territoire tout comme les Palestiniens. Il importe donc que les tirs de roquettes du Hamas sur Israël cessent, mais aussi que le blocus de Gaza soit levé. Vivement que la communauté internationale pèse de tout son poids pour arracher ce compromis aux deux parties afin que vienne le règne de la paix.

A mon sens, il y a des Etats, des leaders, des décideurs, des organismes internationaux, des opinions publiques capables d’engagements, d’influences et de pressions pour peser sur les ardeurs des uns et des autres et parvenir à la cessation des hostilités entre les belligérants. Mais malheureusement, toutes les réactions sont plutôt timorées. Pour autant, il y va de la responsabilité de la communauté internationale puisque quoi qu’on dise, elle n’est pas étrangère à la situation et elle a largement les moyens, si elle le veut, de promouvoir plus efficacement la paix dans cette région du monde.


Coupe du monde 2014: le but final

Gotze-but de la victoire mondial 2014

La Coupe du monde 2014, la 20ème du nom, a vécu, 32 équipes, 8 poules de quatre, 64 matchs, 171 buts marqués soit une moyenne de 2,67 but par match et à l’arrivée  la nationalmannstchaft  sacrée championne. Que retenir de cette 20ème édition du championnat mondial,  les filets qui tremblent ou le chemin vers les filets.

C’est finalement la Mannschaft, 24 ans après son dernier titre obtenu, déjà, face à l’Argentine, qui va soulever le trophée. Au bout d’un suspens époustouflant, l’Allemagne a remporté, face à l’Argentine la 20ème édition de la coupe du monde. Le but décisif de la rencontre est marqué par le jeune Mario Götze (113e) qui libère les allemands et leurs supporteurs et crucifie Messi et ses fans.

Ainsi, la logique, si logique il y a en matière de foot, a été respectée, les pronostics se sont avérés et les paris remportés.  C’est donc sur un sacre de l’Allemagne face à l’Argentine (1-0 ) que s’est conclu ce Mondial au Brésil. C’est l’équipe qui avait tout pour gagner qui a gagné. C’est l’équipe la plus constante et la plus impressionnante tout au long de la compétition qui est récompensée.  Thomas Müller et ses coéquipiers ont inscrit à eux seuls 18 buts et n’en ont encaissé que trois. Une attaque irrésistible, une défense de fer et un gardien de but aux gants en or, les poulains de Joachim Low avait décidément tout pour gagner.

Au-delà de cette victoire qui permet à l’Allemagne de rejoindre l’Italie avec 4 titres, que retenir de ce mondial 2014?

Eh oui, il y a eu le meilleur et le pire. D’abord, cette édition 2014 de la Coupe du Monde a vu le record de buts inscrits égalé, celui de l’édition 1998. Ensuite, Par le jeu des préférences et support dont le football seul a le secret, chaque match a drainé sa dose de passion, en joie ou en déception. Mais c’est, probablement, la demi-finale Allemagne-Brésil, remportée 7-1 par l’Allemagne qui a fait sensation et fera le buzz longtemps dans les annales du foot au plan mondial.

Coté Afrique, Cinq nations étaient engagés dans le championnat mondial. Objectivement, le bilan est plutôt positif. Sur les cinq nations engagées, il y a eu pour la première fois dans l’histoire de la compétition, deux équipes africaines au second tour. Le Nigeria et l’Algérie se sont qualifiés pour les huitièmes de finale où ils sont éliminés. Le Cameroun, la Côte d’Ivoire et le Ghana ont été éliminés dès le premier tour.  Progrès à pas de tortue, mais progrès quand même.

Bien sûr au foot comme dans toutes les compétitions sportives ce qui compte c’est la victoire et seuls les buts consacrent la victoire. Les buts constituent donc le but ultime du sport roi. Mais au foot comme dans la vie, on peut perdre honorablement et c’est le gros reproche qui est fait aux équipes africaines. Malgré le léger progrès mentionné, globalement l’aventure africaine au Brésil est sans panache, voir écœurante. Elle a surtout montré que le continent ne parvient pas encore à s’exprimer à la hauteur de son potentiel. Match après match, on a essuyé des défaites lamentables associées à des comportements minables. En  lieu et place d’équipes de football, on a plutôt vu des syndicats de footballeurs passés à l’action directe pour  revendiquer des primes plus ou moins dues.  Les défaites apparaissent donc comme le fruit d’une désorganisation que le déficit de niveau des équipes.

 Ce comportement nauséabond et récurrent des équipes africaines au fil des années doit interpeller toutes les autorités à différents niveau sur le continent. Les primes sont payées à tous les joueurs de toutes les équipes du monde, pourquoi ce n’est que chez les africains que cela tourne, années après années, aux bras de fer. Si de l’argent est convoyé au Brésil, en express, à la dernière minute,  comme on pu le constater, il aurait pu être convoyé dès le début et éviter au monde entier un spectacle désobligeant. Autant dire que cette situation n’honore ni les joueurs ni les officiels.

Au delà donc des filets qui tremblent, c’est tout le chemin qui conduit vers les filets qui est à repenser en Afrique. Ce chemin passe par les politiques nationales, les critères de sélection des staffs techniques, des joueurs et l’animation et la gestion des structures du football, un cahier des charges encore loin des espérances des africains.

Vivement que des solutions soient trouvées et que le foot africain apprennent de ses erreurs, afin que des progrès plus notables soient enregistrés lors de la 21 édition de la coupe du monde en Russie en 2018 .

                    Adios Brasil 2014………S priesdom v Moskvu 2018


Endiguer l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest, yes we can

carte de Ebola en Afrique de l'Ouest (Ebola map_ 24 June_FR)

L’OMS a réuni, mercredi et jeudi 03 juillet 2014, à Accra au Ghana, un sommet de crise avec les ministres de la Santé de 11 pays d’Afrique de l’Ouest et des experts, pour endiguer la propagation du virus Ebola en Afrique de l’Ouest où il a déjà fait 467 morts.

Le continent africain est en proie à une épidémie de fièvre Ebola sans pareil.  Selon l’OMS, « Il s’agit de la plus importante épidémie en termes de personnes atteintes et décédées et d’étendue géographique». Pour contrecarrer cette fièvre foudroyante, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a réuni les 02-03 juillet 2014 au Ghana une réunion d’urgence, pour tenter de contrer la propagation du virus Ebola en Afrique de l’Ouest. Le but ? Etablir un « plan radical » de riposte contre ce virus très contagieux, qui a ou est suspecté d’avoir déjà fait 467 morts dans trois pays (Guinée, Sierra Leone, libéria) selon l’OMS.

Si l’épidémie est aujourd’hui « hors de contrôle », selon Médecins sans frontières (MSF), c’est principalement parce qu’elle sévit dans plusieurs foyers simultanément (ruraux et urbains). Une situation qui inquiète terriblement l’institution onusienne, en raison des déplacements transfrontaliers tous azimuts  et du potentiel élevé de transmission du virus aux pays voisins.

Apparut depuis les années 1976 en Afrique centrale, la fièvre Ebola (nom de la rivière de l’ancien Zaïre près de laquelle a eu lieu cette découverte), a connu sa première épidémie en Afrique de l’Ouest en 2014  en Guinée. De la Guinée, elle s’est rapidement propagée au Liberia puis en Sierra Leone, et a causé dans ces trois pays, 467 morts sur 759 cas recensés au 2 juillet 2014. Un bilan en évolution par rapport au précédent.

Un virus qui en rappelle un autre

Contrairement au virus de la grippe, le virus Ebola n’est pas dans l’air, mais dans les liquides organiques (sang, sperme, excrétions, salive) comme le VIH. En conséquence, la transmission par contact direct avec les liquides organiques d’une personne infectée est la plus considérable de toutes. Mais le hic avec le virus Ebola, le diagnostic n’est possible que lorsque le virus est dans le sang de l’homme contaminé, ce qui n’intervient que deux à trois semaines après la contamination.  C’est justement dans cette longue période d’incubation que réside le péril du virus Ebola. La personne infectée est  malade et contagieux avant que le diagnostic ne soit posé. Enfin, comme le VIH, il n’y a ni vaccin ni traitement curatif. On ne peut que prendre en charge les symptômes, notamment en réhydratant les malades par perfusion.

Une prophylaxie sanitaire, condition sine qua non pour endiguer l’épidémie

 A l’issue de ses travaux, le sommet d’Accra, au Ghana, a entériné une meilleure coordination pour lutter contre la maladie. Pour Keiji Fukuda, sous-directeur général en charge de la Sécurité sanitaire à l’OMS : «Ce genre d’épidémie, ce genre de virus peut être stoppé», a-t-il déclaré «Il ne s’agit pas d’une situation unique –nous y avons déjà été confrontés plusieurs fois– je pense donc que nous pouvons y faire face», a-t-il assuré avant de conclure : «Il s’agit néanmoins de l’épidémie d’Ebola la plus complexe, parce qu’elle se développe en même temps dans les milieux urbains et ruraux»

Vu que l’épidémie est internationale, il faut que les mesures le soient elles aussi. C’est dans cette optique que le sommet d’Accra a plaidé pour une meilleure implication des populations locales, une meilleure surveillance des transports qui relient les différentes localités et une meilleure coordination des pays.

Au regard des déplacements internes et  transfrontaliers des populations et surtout des rituels funéraires et autres pratiques de certaines populations d’Afrique, on comprend la fulgurante propagation du virus à travers la famille, les amis et l’entourage du malades et sa propagation à l’internationale.  «Un seul cas peut faire repartir toute une épidémie», a expliqué à l’AFP, Pierre Formenty, un spécialiste de l’OMS.

Le danger que pose cette épidémie est donc moins l’existence du virus que les habitudes et pratiques des populations affectées qui favorisent sa propagation. Seule donc une prophylaxie sanitaire rigoureuse, peut permettre de l’endiguer. Une sensibilisation des populations doit être faite pour modifier les comportements qui sont sources transmission du virus dans les comportements sociaux ou alimentaires.

Dans les codes sociaux les rassemblements publics et le fait de se serrer les mains sont à réduire. Au niveau de l’alimentation, la viande de brousse doit être  bannie des recettes culinaires de même que la consommation en Guinée de chauve-souris qui est le réservoir naturel du virus.

Dans l’ensemble, il s’agit avant tout d’un processus liant la prise de conscience sur le risque que constitue ce virus  à une réponse médicale ou sanitaire. A ce propos, le sommet a décidé d’impliquer davantage les chefs locaux, bien plus influents que les experts médicaux internationaux, auprès des populations à risque, dans les régions les plus reculées.

Au-delà, Il s’agira de mieux équiper les hôpitaux pour un diagnostic et une prise en charge rapide des malades et des campagnes de prévention ou à des « bonnes pratiques » adaptées à la crise en cours.

On ne saurait aussi ignorer la grande capacité des réseaux sociaux qui peuvent aussi être d’un grand secours pour sensibiliser les populations rurales qui signe des temps ont presque tous un téléphone en mains. Le téléphone est réputé être un grand agent de transmission des microbes, mais il peut aussi contribuer à sensibilise sur les mesures prophylactiques sur le virus Ebola. .

Enfin à Accra, deux rescapés venus de Guinée sont venus pour témoigner devant la conférence. Ils ont tenu à garder l’anonymat. Au micro de  RFI, à la question à quoi attribue-t-elle sa survie ? L’une des rescapées a répondu : « Je l’attribue d’abord aux médecins. Quand on traite les symptômes, ça donne la force à tes anticorps de se battre contre le virus et en deuxième lieu, je l’attribue au divin. Dieu a voulu que mon heure ne soit pas encore arrivée. »

Ceci indique bien que  qu’il n’y a point de fatalité par rapport à la maladie à virus Ebola, on peut en guérir. Mais, on peut surtout l’éviter, voire l’endiguer et ça, c’est le défi à relever à tout prix


Cinq petits nègres en Coupe du monde

equipes africaines en coupe du monde Bresil 2014

Cinq petits nègres, à la chasse en Amazonie, s’en allèrent,

L’un d’eux, prétentieux et impétueux, ringard sur les bords, rugissant et rudoyant, trépassa

N’en resta plus que quatre.

Quatre petits nègres, dans le cerrado, la savane brésilienne,  se déambulèrent,

                L’un d’eux, aux prises avec des héros athéniens, perdit ses défenses

N’en resta plus que trois.

Trois petits nègres tels des étoiles dans le firmament brillèrent.

L’un d’eux devint un nain géant et s’éteignit

N’en resta plus que deux.

Deux petits nègres, dans la basse-cour, se pavanèrent.

L’un d’eux, vert et fier, affronta un coq tricolore et se trouva déplumé

N’en resta plus qu’un.

Un petit nègre esseulé, dans le désert, se balada.

Très intrépide, mais sans veine, il fut englouti par les sables mouvants de la Mannschaft

N’en resta plus… du tout. »

Ce texte est inspiré de l’aventure infructueuse des cinq pays africains : Cameroun, Côte d’Ivoire, Ghana, Nigeria et Algérie à la Coupe du monde Brésil 2014.

Il a été écrit en collaboration avec mes enfants Adeshegun et Oloufèmi.

coupe du monde fifa


2015-2016, années de grandes épreuves pour les démocraties en Afrique

revision constitutionnellle en Afrique

L’agenda politique en Afrique en 2015 et 2016 est riche en élections présidentielles. Des scrutins présidentiels sont prévus dans une vingtaine de pays. Dans au moins cinq de ces pays, les chefs d’Etat ont des mandats qui ne sont plus renouvelables au terme des constitutions en cours et des révisions constitutionnelles sont en gestation pour rendre possible la chose. Entre pro et anti révision constitutionnelle, le débat fait rage et le risque d’une confrontation est très grand.


Une série d’élections et une cascade de révisions constitutionnelles

Le respect des échéances électorales est une exigence majeure dans les démocraties modernes et dans les démocraties africaines, des efforts sont faits pour satisfaire cette exigence. En 2015 et 2016, dans au moins une vingtaine de pays, les électeurs seront convoqués aux urnes pour le scrutin présidentiel. En 2015, c’est le  Nigéria qui ouvre, le bal dès le 14 février 2015, puis suivront dans l’ordre la Centrafrique, le Soudan, la Guinée C, la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, le Togo, le Burundi. En 2016, suivront le Niger, le Bénin, Djibouti, le Tchad, l’Union des Comores, le Congo Brazzaville, le Gabon, la Guinée Equatoriale, la RDC, Le Cap vert, la Gambie, le Ghana  etc.

Pour chacun de ces pays et pour l’ensemble du continent, ces scrutins en perspective, représentent un enjeu crucial pour la paix, la stabilité politique et donc pour le progrès économique et social. Toutefois, le climat social globalement déjà tendu, en temps normal dans plusieurs de ces pays, devient de plus en plus délétère à l’approche de ces échéances. Cette fièvre est particulièrement pernicieuse au Burkina Faso, au Congo Kinshasa, au Burundi, au Congo Brazzaville et au Bénin. Dans ces cinq pays, à moins de 18 mois des élections présidentielles, des révisions constitutionnelles sont officiellement annoncées, des projets qui divisent la société et exacerbent la tension sociale..

Au Burkina Faso, Blaise Compaoré, après 27 ans de règne, veut modifier l’article 37 de la Constitution, qui limite à deux, le nombre de mandats présidentiels. Le projet de révision constitutionnelle vise à faire abroger par référendum la limitation du nombre de mandats présidentiels. Pour l’opposition, « il n’y a plus que l’épreuve de force pour nous départager », averti Bénéwendé Sankara.

Au Burundi, Pierre N’kurunziza, veut modifier la Constitution du pays, afin de pouvoir briguer un troisième mandat. L’opposition burundaise très remontée contre ce projet traitre  est sur le pied de guerre pour le contrecarrer. 

Au Bénin, après un premier passage en catimini à l’Assemblée Nationale et le tollé général qui s’en est suivi, le projet de révision constitutionnelle est, actuellement, de nouveau, soumis à l’étude  des députés. Ici, entre le camp des partisans du projet et celui des opposants à ce projet, la ligne de clivage ne passe pas par la traditionnelle limite Majorité-Opposition et la confrontation promet d’être fratricide.

Au Congo Brazzaville, la Constitution du 20 janvier 2002, limite à deux le mandat du chef de l’Etat  et impose une limite d’âge à 70 ans (Article 57 et 58). Après plus de deux décennies au pouvoir, Sassou N’Guesso ne peut briguer un nouveau mandat en 2015 sauf si la constitution est modifiée. Pour le président congolais, le débat est ouvert sur la révision ou le changement de la Constitution. L’opposition congolaise a lancé, le 24 mai 2014, une plateforme dénommée ’Mouvement citoyen pour le respect de l’ordre constitutionnel’’ pour lutter contre toute modification de la Constitution du 20 janvier 2002.

En RDC, Le président Kabila arrive au terme de son deuxième mandat en 2016. Son gouvernement a adopté en mai dernier un projet de loi pour réviser la Constitution et permettre l’organisation des élections à venir. Selon le gouvernement, il s’agit d’une modification technique destinée notamment à faire des économies sur l’organisation des scrutins. Mais, l’opposition craint que le président Joseph Kabila ne cherche après coup, à se maintenir après la fin de son mandat. A Kinshasa, le débat est très houleux et l’inquiétude à son paroxysme.

Ainsi, au Burundi, au Burkina Faso et au Congo Brazzaville, l’objectif avoué de la révision est pour permettre respectivement au président Nkurunziza, Compaoré et Sassou Nguesso de briguer un troisième mandat en 2015 et 2016. En revanche au Bénin et en RDC, la version officielle réfute la révision opportuniste même si personne n’est dupe que le moment venu, le discours changera. Dans ces deux pays, en particulier, l’inquiétude vient du fait que nul ne peut dire si la révision constitutionnelle mènera à une nouvelle République. Le hic étant que dès lors que la révision aura lieu, ce ne sera plus le peuple ou les juristes qui le détermineront, mais la Cour Constitutionnelle qui est une institution politique et dont les délibérations sont sans recours, comme ce fut le cas au Sénégal en 2012.

En faisant abstraction de la transparence des scrutins qui constitue déjà une source de tensions potentielles autour des élections en Afrique, ces révisions constitutionnelles annoncées viennent en rajouter à une situation déjà compliquée. Comme on le voit les années 2015 et 2016 s’annoncent de toute épreuve pour les démocraties africaines dans lesquelles actuellement c’est le calme avant la tempête.


Un complot afro-africain 
                 

A mon sens, ce dont il est question, dépasse à la fois la fonction présidentielle et la modeste personne du Président. Il s’agit du choix de la démocratie fait par les Etats africains et de la capacité des africains à assumer leur choix. Il y va de la dignité et de la responsabilité du continent tout entier.

Or, une vertu cardinale de la démocratie est le passage du gouvernement des hommes au gouvernement des lois, c’est à dire l’Etat de droit qu’elle instaure. Mais, avec la cascade des reformes constitutionnelles annoncées, la loi va être modifiée pour permettre à un homme de gouverner, une situation qui suscite plusieurs interrogations.

Quel sens, nous africains, donnons nous à la démocratie ?

A nos yeux, entre l’homme et la loi, lequel semble plus important ?

Un objectif qui n’a pu être atteint par un homme en deux mandats, quel garanti qu’il sera atteint en un troisième mandat?

Les réponses à ces différentes questions permettent de dire qu’il faut avoir la foi du charbonnier pour croire en  ces révisions. Elles cachent mal la duperie, la mauvaise foi et l’indécence de ses  partisans. Non, comme l’a su dire Paul Claudel : “Ce n’est point le temps qui manque, c’est nous qui lui manquons. » 

En pensant au douloureux passé colonial du continent et en analysant les mœurs des hommes politiques actuels, on est frappé par cette absence totale de responsabilité, de bon sens, de dignité et d’élégance qui caractérise le jeu politique africain. En réfléchissant au sacrifice enduré par les générations passées pour arracher leur liberté et l’usage qui en est fait par les générations actuelles, je suis tenté de dire que les plus grands ennemis de l’Afrique, ce ne sont pas les autres, mais les Africains eux-mêmes.

Ma conviction est d’autant plus grande que face à ces révisions opportunistes, le monde regarde, l’Afrique, s’indigne et s’inquiète, et pendant ce temps, l’Afrique elle-même se regarde et se complaît. Outre Méditerranée, l’indignation est à son comble. Outre Atlantique, la préoccupation est encore plus grande. Pour preuve, le Secrétaire d’Etat John Kerry, lors de son passage en RDC le 4 mai 2014 a été direct. « Je crois que [le président Kabila] a clairement en tête le fait que les États-Unis sont intimement convaincus que le processus constitutionnel doit être respecté », a-t-il précisé. « Nous ne voulons pas que M. Kabila change la Constitution ou fasse un troisième mandat », a ajouté Russell Feingold, l’émissaire spécial de Barack Obama pour les Grands Lacs.

Mais, côté Afrique, c’est silence Radio. Aucun Chef d’Etat, aucune Chancellerie, aucune Assemblée sur le continent ne s’est senti interpellé par la situation et donner de la voix. Ni les institutions sous régionales ni l’organisation panafricaine ne s’en sont indignés pour rappeler à l’ordre les chefs d’Etat concernés. Pourtant à travers les sommets, les visites bilatérales et multilatérales, les émissaires et les liaisons diplomatiques, tout ce monde se voit, se consulte, se conseille se soutient et avance. Difficile donc de ne pas croire que ces révisions procèdent d’un véritable complot que les leaders du continent trament contre leur peuple. Les autres étant dans l’expectative du succès des uns pour le rééditer chez eux.


Une mobilisation panafricaine

Face à ce complot des élites dirigeantes, il faut prôner une mobilisation panafricaine de l’ensemble des forces du progrès pour une lutte performante. Si ce projet de révision opportuniste prospère dans un seul pays, il prospérera dans tous les autres pays et adieux la démocratie. Il faut souhaiter que les organisations de la société civile de ses pays conjuguent leur force, se serrent les coudes pour susciter l’indignation du plus grand nombre en Afrique et hors d’Afrique pour décourager de tels projets.

Le prochain sommet Etats-Unis/Afrique est aussi une opportunité à exploiter pour inviter les Parlements en question à clarifier leur position sur la question ce qui peut couper l’herbe sous le pied des partisans de ces reformes. Au demeurant, un mandat présidentiel renouvelable une fois signifie que nul ne peut faire trois mandats consécutifs, que la Constitution ait été révisée ou non. C’est regrettable de le dire, mais il n’y qu’en Afrique que nous en sommes encore à de telles finasseries qui ne font que nous desservir. Oui, les peuples africains ont souffert la sueur et le sang pour se donner la liberté par leurs constitutions respectives, aucun sacrifice ne doit être de trop pour la préserver afin que notre foi en nos lois nous sauvent.


Démocraties africaines entre Hommes forts et institutions fortes

prestation serment Bouteflicat

Au Bénin, les élections communales, municipales et locales, prévues selon la Constitution pour mars 2013, sont reportées et la Cour Constitutionnelle assure « qu’il n’y a pas violation de la Constitution ». Cet avis de la Cour donne carte blanche au gouvernement du président Boni Yayi pour organiser les élections locales quand bon lui semblera et fragilise plutôt la démocratie béninoise. Ce paradoxe institutionnel offre l’occasion de partager quelques réflexions sur  les démocraties  africaines qui ont du mal à trouver leur marque entre Homme fort et institutions fortes.

Un avis polémique de la Cour constitutionnelle du Bénin

 

Depuis juin 2013, le mandat des conseils communaux, municipaux et des conseils de village et de quartier de ville sont arrivés à leur terme. Les élections communales, municipales et locales pour renouveler ces instances sont reportées sine die. En cause, la correction de la Liste Électorale Permanente Informatisée (LEPI) qui n’en fini pas d’aboutir. Mais, au lieu de mettre la pression sur le gouvernement pour la tenue, à bonne date, des élections, pour la Cour Constitutionnelle Béninoise, « il n’y a pas violation de la Constitution » par le gouvernement et le COS-LEPI.

Les décisions de la Cour étant sans appel, la correction de la LEPI peut prendre tout  le temps que possible et les élections locales retardées autant qu’il se peut, il n’y pas de faute et donc pas de coupable.

 La Cour Constitutionnelle béninoise est-elle consciente des risques associés à sa décision et du péril potentiel qu’elle représente pour la démocratie béninoise ?

Cette décision est-elle fortuite ou procède-t-elle d’une stratégie de monopolisation du pouvoir ?

Le sens réel d’une telle décision ? La Cour seule saura le dire. Mais, de toute évidence, elle fait la part belle à l’exécutif et à son chef, le président de la République. De ce point de vue, elle vient compléter la longue listes des incohérences, voire des absurdités qui caractérisent les Cours constitutionnelles africaines et qui discréditent les institutions démocratiques sur le continent.

Une situation récurrente sur le continent

 

On se souvient, en Côte d’Ivoire en 2010-2011, le président du Conseil constitutionnel ivoirien, Paul Yao N’Dré est, à sa manière, l’homme par qui le scandale est arrivé. C’est lui qui, en décembre 2010, a validé la victoire du président Laurent Gbagbo avec 51,45% des suffrages à l’issue du scrutin.

Selon les résultats publiés par la Commission électorale indépendante (CEI) et certifiés par les Nations unies, Alassane Ouattara l’emportait pourtant avec 54,1% des voix.

La crise durera cinq mois et fera 3 248 victimes. Après la crise, le même Paul Yao N’Dré va se dédire et proclamer Alassane Ouattara vainqueur de ces mêmes élections le 5 mai 2011.

Au Sénégal, après deux mandats et à 82 ans passés, le président Wade se déclare encore candidat aux élections de 2012 pour un deuxième mandat sous l’empire de la Constitution 2001 instituant le quinquennat. Les manifestations et contre manifestations, les avis et contre avis d’experts, les plaidoyers et réquisitoires des hommes politiques, de la société civile et des médias n’ont pas pu empêcher la validation de sa candidature pour briguer un troisième mandat qui n’en serait qu’un deuxième pour lui et le Conseil Constitutionnel.

Seule la mobilisation du peuple a permis son éviction du pouvoir par la voix des urnes.

Au Kenya à l’occasion des élections présidentielles de décembre 2007, tous les sondages réalisés avant le scrutin donnaient ODINGA vainqueur devant KIBAKI. Si le résultat des urnes confirmait ces sondages, ces élections consacreraient la maturité de la démocratie kenyane. Après le dépouillement des trois quarts des voix, le candidat ODINGA dépassait le président KIBAKI de quelques milliers de voix. Puis patatras, pour quelle raison on ne sait trop, les publications furent suspendues. Quand elles reprirent quelques jours plus tard, KIBAKI dépassait désormais ODINGA de 200 000 voix. Il sera déclaré vainqueur et la même nuit, devant quelques fidèles, il prêta serment pour mettre tout le monde devant le fait accompli et fermer la voie à quelques formes de recours légales. La protestation électorale engendrée va très tôt se muer en affrontement inter ethnique et en violence politique qui feront au total 1500 morts et près de 300000 déplacés.

Les assemblées et parlements africains qui sont la clé de voûte des institutions démocratiques n’inspirent, pour ainsi dire, aucune confiance aux peuples africains. Ils ne sont souvent que des chambres d’enregistrement de l’exécutif et même les membres des institutions de régulation notamment des Conseils ou Cours constitutionnelles qui ont tout pour assumer leur indépendance, l’aliènent au profit des Hommes forts.

Le paradoxe de l’œuf et de la poule

Comme on le voit, le discrédit qui pèse sur les institutions démocratiques africaines est plutôt légendaire, une situation  si préoccupante que le président américain Barack OBAMA, a fortement thématisé cette question lors de  son adresse au continent africain   face aux parlementaires ghanéens  à Accra  en juillet 2009.  « Ce ne seront pas de grandes personnalités telles Nkrumah et Kenyatta qui décideront du destin de L’Afrique. Ce sera vous, les hommes et les femmes du parlement ghanéen et le peuple que vous représentez. […]  L’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts, mais de fortes institutions », dira-t-il en substance.

Mais, la problématique entre institution forte ou homme fort  en Afrique rappelle bien le paradoxe de l’oeuf et la poule « Qu’est-ce qui est apparu en premier : l’œuf où la poule ? »

Dans le cadre de démocratie africaines, entre l’Homme fort et les institutions fortes, lequel a engendré ou doit engendrer l’autre ?

Le fait est que au début des années 90, tous les anciens « Hommes forts » de l’époque post colonial ont été évincés et des institutions démocratiques fortes ont vu le jour dans presque tous les pays du continent. Or, actuellement, dans presque tous ces pays on trouve des Hommes forts et plus d’institutions fortes. Mais, quoi qu’on dise, tous ces Hommes forts incarnent une institution démocratique qu’ils sont parvenus à rendre plus forte par rapport aux autres. La question revient à savoir, comment en est-on arrivé là ?

En réalité, toutes les institutions démocratiques africaines sont formatées sur les modèles des démocraties occidentales. Elles ont donc toutes à la base une assise juridique forte qui respecte la séparation des pouvoirs. Pourtant dans les faits, la séparation des pouvoirs exécutifs, législatifs et judiciaires n’est que factice. Mais, pour un observateur avisé, les dysfonctionnements et frustrations majeurs unanimement stigmatisés par les africains eux-mêmes dans les  pratiques démocratiques, ne proviennent pas du déficit de dispositions légales ou de principes dans les domaines en question, mais plutôt de la non application ou d’une application partiale des dispositions légales dans les domaines concernés. C’est donc la mise en œuvre des textes de lois qui organisent les institutions qui est viciée par les affinités diverses et engendre le mythe de « l’Homme fort ». Par leur défaillance, les institutions démocratiques ont permis l’émergence des Hommes forts. Ces derniers devenus forts formatent les institutions à leurs solde. Les Hommes forts du continent ne tirent donc profit que des défaillances et insuffisances du petit peuple. Comme quoi c’est un cercle vicieux qui s’auto entretient.

Le hic en Afrique est que toutes institutions démocratiques ne sont pas logées à la même enseigne ou plus précisément, toutes ne veulent ou ne parviennent pas à s’approprier leur pouvoir. Le fait est que de toutes les institutions démocratiques, l’institution présidentielle est la privilégiée des privilégiés, la favorite. Elle chapeaute toutes les autres institutions de la république et cristallise toutes les loyautés. Elle n’est, en pratique, limitée par aucune autre institution, mais directement ou indirectement, elle contrôle la mise en place de toutes les autres qui d’une manière ou d’une autre lui font allégeance.

A nation forte, institutions fortes

 

La démocratie n’est pas un slogan, mais un concept concrétisé par des règles et principes qui ne s’accommodent pas de tricheries. En conséquence, elle ne vaut que ce que valent les hommes qui en font l’usage. C’est un système représentatif dans lequel le pouvoir du peuple est incarné par des institutions animées par les représentants du peuple et dont le fonctionnement et la régulation sont régis par les lois également votées par le peuple tout entier ou ses représentants.

Par essence, les institutions ont pour mission de palier les insuffisances humaines, par leur existence donc, les  institutions démocratiques encadrent le pouvoir du peuple pour éviter les abus et dérapages liés à l’exercice du pouvoir. Par ailleurs,  il est dans l’ordre des choses que tous ceux qui ont le pouvoir ont tendance à en abuser. Il revient donc à chaque institution à veiller à la sauvegarde de ses prérogatives et c’est sans doute à ce niveau que les institutions africaines pèchent. Les nombreuses accointances et liaisons incestueuses entre elles ne sont pas en faveur  du respect des libertés individuelles et l’égalité des chances pour dégager et mettre en œuvre le suffrage majoritaire.  Le bon fonctionnement des institutions démocratiques est donc capital et constitue une condition  sine qua non  pour  l’alternance qui assure la vigueur et la pertinence du processus démocratique.

L’intérêt collectif est garanti non par la volonté d’un homme, mais par la force des institutions qui gèrent la société et la force des institutions réside dans l’équilibre des forces sociopolitique qui les compose afin que les institutions se limitent les unes les autres. Ceci exige que de façon consensuelle soit mise en place des institutions à l’intérieur des quelles les rapports de force majorité-opposition-société civile soient équilibrés ce qui leur confère une transparence et une impartialité qui forcent les uns et les autres à jouer franc jeu pour le salut collectif.

Chaque peuple a les dirigeants qu’il mérite et de ce point de vue, ce ne sont pas les Hommes forts africains qui posent problème, mais les peuples africains qui ensemble appellent de leurs vœux le changement et dans le même temps se laissent séduire par les considérations ethniques, religieuses, régionales  ou autres futilités pour soutenir ou cautionner des options qui ne permettent pas à la majorité de sortir de l’ornière

Pour chaque nation, la démocratie est une valeur cardinale et comme tout ce qui est précieux, elle a un prix qu’il faut consentir pour en espérer les bénéfices. C’est un  système représentatif  dont le moteur est le consentement éclairé du peuple. Mais pour avoir la clairvoyance, il faut être éduqué, instruits. De ce fait, la démocratie est dénuée de sens si tous les citoyens ne sont pas instruits pour désigner valablement leurs représentants dans le débat politique. Il faut donc favoriser l’instruction et l’alphabétisation du plus grand nombre pour optimiser le processus. Un peuple éduqué forme une nation forte qui elle génère forcément des institutions fortes.